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Citations sur Je tue les enfants français dans les jardins (50)

Non, non, il n’est pas possible que ce soit ça, la tribu dont j’ai eu tellement envie de faire partie ; ils doivent bien être ailleurs, les idéalistes et les penseurs et les rêveurs, les êtres à l’esprit aigu et aux yeux ouverts, ils sont quelque part c’est sûr, et je les trouverai quand je me serai extirpée du laminoir qu’est le collège. Il y a une autre crainte qui me glace le sang aussi, c’est que peut-être tous ces gens si petits qui m’entourent ont été un jour comme moi, exigeants et rebelles, et que peu à peu, sous les insultes et les crachats, ils se sont résignés, ils sont rentrés dans le rang, ont préféré circonscrire leur vie au demi-point en plus ou en moins sur telle ou telle moyenne, oubliant progressivement toutes les belles utopies qui les avaient poussés là.
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C’était peut-être une autre époque, un autre monde. Mon père enseignait dans un beau lycée de campagne, aux enfants de paysans, de petits commerçants, d’artisans. Moi, sous les crachats quinze ans plus tard, je suis loin des vignes et des enfants bien élevés, je suis au cœur d’un quartier pauvre dans une grande ville pauvre. Autre époque, autre monde, autre personne. Mon père était un homme, grand, solide et charmeur. Dans le village des vignes, on le considérait comme un notable, il était le professeur, celui qui avait réussi à la sueur de son intelligence et qui avait le pouvoir de rendre plus intelligents les enfants qu’on lui confiait.
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Une aube d’hiver lumineux inonde la ville. Les mouettes, comme des flèches claires dans le ciel couleur de Gauloise, narguent l’étal du poissonnier. Il faut que j’y aille. Ça me fait un mal de chien.
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Elle me parle souvent des livres qu’elle lit, avec cette petite voix où subsiste l’accent des lointaines montagnes et qui n’oublie jamais le moindre subjonctif. Elle aime Pearl Buck et Daphné du Maurier et me confesse que le soir elle finit ses livres enfouie sous les couvertures, à la lueur d’une lampe de poche. La première fois qu’elle m’avait fait ce récit, j’avais tressailli : tout était revenu d’un coup, mes mécanismes compliqués pour pouvoir, moi aussi, terminer mes livres après l’extinction des feux, la lampe de poche cachée au fond de la table de nuit, le pull roulé en boudin et collé contre la rainure de la porte pour que mes parents ne se doutent de rien
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« J’ai donc cessé de croire à tout ça, tout ce baratin sociologique à tendance marxiste qui tend à transformer les bourreaux en victimes. Et de plus en plus, alors que mon visage se marque des griffures de la haine, je n’accepte plus aucune explication, plus aucune excuse. Je crache sur le pardon. Je méprise au plus haut point l’angélisme de bon ton qui voudrait nous faire croire que derrière toute cette merde, sous les pelures de la connerie et de l’orgueil, dort un bon fond de bonne petite créature abusée par la société. »
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Des larmes de prof c'est comme une chute dans l'escalier, c'est une mise à mort.
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Chaque jour, du lundi au vendredi, le trajet le long de l’avenue grise après la bouche de métro, le bref coup d’œil désabusé à l’inscription ÉCOLE DE JEUNES FILLES, la traversée de la foule pleine de pédés, d’enculés et de morts que l’on nique
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Au bout de l’avenue tristement ouvrière, hostile comme un rond-point, le brouhaha quotidien des élèves qui se pressent à l’entrée du collège. Le bâtiment date du siècle dernier, avec ses fenêtres joliment ornées d’un cadre de brique. Au-dessus de la porte monumentale l’inscription est restée, gravée sur le fronton : ÉCOLE DE JEUNES FILLES. Au-dessous, les gamins hurlent, Pédé enculé nique tes morts sur La Mecque, c’est la bande-son immuable de mes journées, j’ai besoin d’inspirer une dernière goulée d’air encore respirable avant de me résigner à fendre la foule d’un pas décidé, d’adulte inébranlable.
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Pardon, pardon. Je me faufile, j’effleure une épaule de la main la plus légère qui soit pour qu’on s’écarte devant moi sans que cela semble un affront, je tente même un sourire. Je reçois en pleine figure le regard moqueur de Malik, il est le chat et moi la souris, même si j’ai 28 ans et lui 15, il savoure à l’avance l’heure qu’il va passer dans ma classe à essayer par tous les moyens de me déboulonner. Sur sa gueule triomphante se lit la satisfaction chafouine de celui qui rumine un sale coup. Je passe à côté de lui et j’entends qu’il crache par terre à quelques centimètres de mes talons. La courette devant l’entrée est jonchée de crachats morveux. La semaine dernière c’est la porte de ma salle qui en dégoulinait.
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La seule différence entre Samira et moi au même âge, c’est que mes parents m’avaient poussée vers le monde des lettres en m’exhortant à lire sans cesse : la lampe de poche et le boudin étaient une simple question d’horaires de sommeil à respecter. Pour Samira, en revanche, tout était question de transgression. Selon ses parents, une fille ne devait pas lire. Une fille devait s’occuper de la maison jusqu’à l’épuisement et servir les hommes dans le respect de la religion.
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