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Citations sur Je tue les enfants français dans les jardins (50)

On me parle du chômage, de la précarité, de l'immigration, de la cité.

La cité, et puis quoi encore. Nous sommes ici en plein centre-ville, à quelques centaines de mètres du Vieux-Port et de ses touristes, et les adresses de mes élèves correspondent toutes à des maisons villageoises, rénovées il y a peu par un plan de réhabilitation des quartiers historiques.
...
La précarité ? un type comme Malik glisse ses pieds chaque matin dans des baskets qui coûtent un SMIC et Adrami a dans son sac un téléphone de ministre. Quant à l'immigration, il suffit que j'entende le mot pour sortir de mes gonds. Je suis petite-fille d'immigrés. J'ai souvenir encore des copines du lycée appartenant au quart-monde rural, avec des parents nés en Italie, en Espagne, au Maroc ou en Pologne et parfois carrément analphabètes. Ça ne les dispensait pas de se comporter en personne civilisées...
J'ai donc cessé de croire à tout ça, tout ce baratin sociologique à tendance marxiste qui tend à transformer les bourreaux en victimes.
...
Je méprise au plus haut point l'angélisme de bon ton qui voudrait nous faire croire que derrière toute cette merde, sous les pelures de la connerie et de l'orgueil, dort un bon fond de bonne petite créature abusée par la Société.
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...de toute façon, ils se plaignent de quoi les profs, avec leurs quatre mois de vacances. Ils se plaignent tout simplement d'être constamment en danger - je réponds au beau monsieur -, de partir travailler la matin avec la peur au ventre, de se faire cracher à la gueule toute la journée, de devoir tenter de maîtriser par groupes de trente des gamins que les parents ne parviennent même pas à faire obéir individuellement....
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[une jeune prof en zone sensible]
J'ai dit à mon père, aujourd'hui, au téléphone : on me traite de pute et de salope tous les jours et j'ai l'arcade sourcilière éclatée. Mais c'était un accident. Il est resté muet un long moment puis a dit : Je ne trouve pas de solution. Je cherche, mais je ne trouve pas. (p.79)
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Au CDI du collège, chaque roman porte sur la fiche la preuve que Samira l'a eu entre les mains. D'ailleurs le nom de Samira est le seul nom d'élève que l'on peut y voir. On dirait que le CDI fonctionne exclusivement pour elle.
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Je me dis qu'il est incroyable de voir à quel point les schémas mafieux sont bien implantés dans les rapports que ces gamins ont entre eux : la servilité à celui qui gueule le plus fort est visiblement le modèle de prédilection.
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La Troisième 2 a pris congé en me souhaitant un joyeux Noël et une bonne année. J'ai répondu "Vous aussi" par correction mais dans mon for intérieur j'ai espéré très fort que certains d'entre eux se tuent un peu sur les routes du réveillon.
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Elle me parle souvent des livres qu'elle lit, avec cette petite voix où subsiste l'accent des lointaines montagnes et qui n'oublie jamais le moindre subjonctif. Elle aime Pearl Buck et Daphné du Maurier et me confesse que le soir elle finit ses livres enfouie sous les couvertures, à la lueur d'une lampe de poche. La première fois qu'elle m'avait fait ce récit, j'avais tressailli : tout était revenu d'un coup, mes mécanismes compliqués pour pouvoir, moi aussi, terminer mes livres après l'extinction des feux, la lampe de poche cachée au fond de la table de nuit, le pull roulé en boudin et collé contre la rainure de la porte pour que mes parents ne se doutent de rien. La seule différence entre Samira et moi au même âge, c'est que mes parents m'avaient poussée vers le monde des lettres en m'exhortant à lire sans cesse : la lampe de poche et le boudin étaient une simple question d'horaires de sommeil à respecter. Pour Samira, en revanche, tout était question de transgression. Selon ses parents, une fille ne devait pas lire. Une fille devait s'occuper de la maison jusqu'à l'épuisement et servir les hommes dans le respect de la religion.
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Je sais ce qui m'attend. J'ai appris à contenir les larmes au fond d'une poitrine qui se soulève sous les coups de boutoir de l'angoisse.
Au bout de l'avenue tristement ouvrière, hostile comme un rond-point, le brouhaha quotidien des élèves qui se pressent à l'entrée du collège. Le bâtiment date du siècle dernier, avec ses fenêtres joliment ornées d'un cadre de brique. Au-dessus de la porte monumentale l'inscription est restée, gravée dans le fronton : ÉCOLE DE JEUNES FILLES. Au-dessous, les gamins hurlent, Pédé enculé nique tes morts sur la Mecque, c'est la bande-son immuable de mes journées, j'ai besoin d'inspirer une dernière goulée d'air encore respirable avant de me résigner à fendre la foule d'un pas décidé, d'adulte inébranlable.
Pardon, pardon. Je me faufile, j'effleure une épaule de la main la plus légère qui soit pour qu'on s'écarte devant moi sans que cela semble un affront, je tente même de sourire. Je reçois en pleine figure le regard moqueur de Malik, il est le chat et moi la souris, même si j'ai vingt-huit ans et lui quinze, il savoure à l'avance l'heure qu'il va passer dans ma classe à essayer par tous les moyens de me déboulonner. Sur sa gueule triomphante se lit la satisfaction chafouine de celui qui rumine un sale coup. Je passe à côté de lui et j'entends qu'il crache par terre, à quelques centimètres de mes talons. La courette devant l'entrée est jonchée de crachats morveux. La semaine dernière c'est la porte de ma salle qui en dégoulinait.
Chaque jour, du lundi au vendredi, le trajet le long de l'avenue grise après la bouche de métro, le bref coup d'oeil désabusé à l'inscription ÉCOLE DE JEUNES FILLES, la traversée de la foule pleine de pédés, d'enculés et de morts que l'on nique.
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je mène la guerre, mercenaire d'une cause que j'ignore mais qui est obligatoire.
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les gosses qu'on nous oblige à garder ne méritent absolument pas le respect qu'ils nous réclament.
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