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Critique de michfred


Il en va parfois de l'amitié  comme d'un match de foot.

On croit avoir une équipe de rêve, -   le  buteur le plus vif, l'attaquant le plus pugnace, le défenseur le plus solide, le goal le plus efficace- et voilà que le buteur rate l'occasion du siècle, que l'attaquant se prend un carton rouge, que le défenseur est mou du genou et que le goal bâille aux corneilles!

En deux temps, trois mouvements, le score, si encourageant au debut, vire au cauchemar. Il suffit d'un rien et le cours du jeu est bouleversé

Mais, à la différence d'une équipe de foot, un vrai groupe d'amis possède une harmonie si puissante,  une cohésion si forte, une complicité si tendre que les coups du sort ou même les coups de pute - piquer la copine de son meilleur pote, ça n'a pas d'autre nom- même s'ils bouleversent le cours du jeu, opèrent simplement une vaste permutation, comme dans un jeu de chaises musicales...

Et l'équilibre se refait. Autrement.

C'est le cas de la bande des quatre: Youval, Churchill, Ofir et Amihaï,  trentenaires inséparables,  fidèles au poste et solidaires - et fans inconditionnels du Mondial qu'ils ne peuvent imaginer de ne pas suivre tous ensemble !

Rituel de retrouvailles qu'ils corsent, en 1998, avec un jeu où chacun doit inscrire quatre objectifs personnels...dont ils se promettent d'évaluer le succès au prochain Mondial!

Le temps passe. Que deviendront les "buts"visés par chacun des joueurs?

Surprise à l'arrivée !

Celui qui était  le plus ambitieux, Churchill, comprend qu'il n'est rien sans amour, celui qui voulait raconter une histoire,  Ofir, découvre qu'il est le roi des thérapies alternatives, celui qui se rêvait à la tête d'une clinique alternative, Amihaï, devient le champion des droits du patient, et celui qui rêvait d'amour , Youval, se fait le coryphée de cet étrange ballet de chassés-croisés.Le compte est bon, finalement. Et le conte aussi.L'harmonie est retrouvée.

Au prix de quelques sérieux dégâts collatéraux et de désillusions amères. Mais c'est la règle du jeu.

J'ai aimé le doigté de l'auteur dans ce glissement imperceptible des rêves  et des rôles,  dans ce rééquilibrage subtil des forces et des faiblesses, dans ce refus de tout pathos- un humour discret et une tendre ironie tempèrent les émotions sans les diluer.

J'ai admiré  la présentation,  par Churchill, du roman de Youval,  son ami, piqueté d'extraits fort appropriés de sa thèse défunte- pas aussi "écrasée " semble-t-il  qu'il ne l'avait craint- et de pages de  son journal intime où le pudique Youval n'enjolive plus, comme son rôle de Narrateur l'y autorisait dans le roman, mais où il dit, enfin,  ce qui lui pèse sur le coeur.

J'ai adoré voir vivre, à  travers les "quat'z'amis" , cette jeunesse israélienne pleine d'appétit, de fougue, malgré la menace constante des attentats, mais aussi pleine de doutes, de critiques parfois sévères devant le racisme anti-arabe, l'occupation abusive des Territoires, les check points et les barrages - Youval est un "ashkegauche" et a connu les deux Intifadas,  il garde d'un Mondial à  Naplouse,  lors de son service à Tsahal, un souvenir honteux- .

Comme chez Amos Oz, chez David Grossmann, j'ai retrouvé,  étroitement mêlés,  l'amour et la critique  d'un pays lui aussi contrasté : la rivalité entre Haïfa, la provinciale et Tel Aviv,  la cosmopolite, la mer, accueillante et chaude, et le désert, fascinant et brûlant,  la poussière des rues embouteillées et la verdeur idyllique des jardins baha'is. ..

J'ai eu un vrai plaisir de lecture, un plaisir complet : une intrigue subtile, des personnages attachants, une composition astucieuse, un ton drôle et touchant,  et j'ai fait un "voyage" coloré, où les zones d'ombre faisaient partie du paysage...

Merci à Booky,  une fois encore, pour ses talents de "découvreuse"!
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