Ben non! sinon le caïd des bacs à sable passerait pour un romantique doué des sentiments.
Gabrielle se remet sur ses jambes en sursaut tonique. Elle décroche alors un grand coup qui fait trébucher Sam. Elle frappe encore. Il trébuche. Chute. Elle se met à califourchon sur lui, bandit un bras de vainqueur.
- Je ris, parce que la cuisinière t'a mis au bout du rouleau !
- bien joué ! Je commence à voir à qui j'ai affaire ! Dit-il, roulant les yeux.
Elle se sent belle elle se sent jolie.
Ils me fatiguent avec leurs préjugés parce que tu es vêtue comme une fille, ou parce que tu as un look de garçon... Tu t'habilles super mode et féminine, c'est un style, mais ne me dis pas que tu ne le fais que pour être comme eux? Tu es qui en fait? La fille qu'on voit ou celle qui se la raconte? Tu peux t'habiller sexy sans te faire traiter de salope... Tu n'as pas pigé? Il faut relever le niveau, tu ne crois pas?
– Juste... Y a-t-il d’autres filles ?
L’entraîneur se fend d’un sourire franc, puis rattrapé par une gêne visible, gigote sur sa chaise tout en se triturant un ongle.
– Disons qu’on en a régulièrement, mais elles manquent d’assiduité et abandonnent...
– Je vois... soupire Carole, peu étonnée.
– Classique, marmonne Gabrielle.
L’entraîneur ne relève pas.
Un murmure lui arrive aux oreilles.
– Moi, c’est Capucine, ou Capu tout court.
Gabrielle n’a pas encore envie de s’ouvrir à une nouvelle amitié, mais s’exécute et répond malgré tout :
– Merci, « Capu tout court », chuchote-t-elle platement.
Pour ses amis, c’est Gaby, mais ici, elle n’a pas encore envie d’en avoir.
En avance à son cours de boxe,en tenue, une bouteille d'eau dans une main, une serviette éponge dans l'autre, Gabrielle ressasse le dernier cours où Sam, le gros tas de muscles, l'avait rabaissée gratuitement en la gratifiant d'un "t'es juste bonne à faire la cuisine ! "
Être la fille qui en a dans le pantalon.