[À propos de la mort de l'art]
Le soleil s’est déjà couché, mais le ciel de notre vie en est toujours embrasé et illuminé, bien que nous ayons cessé de le voir.
C'est conjouir, et non point compatir, qui fait l'ami.
C’est parce que l’homme a cru, durant de longues périodes, aux idées et aux noms des choses comme à des aeternae veritates, qu’il s’est donné cet orgueil avec lequel il s’élevait au-dessus de la bête : il pensait réellement avoir dans le langage la connaissance du monde. Le créateur des mots n’était pas assez modeste pour croire qu’il ne faisait que donner aux choses des désignations, il se figurait au contraire exprimer par les mots la science la plus élevée des choses : en fait, le langage est le premier degré de l’effort vers la science.
"Un homme tout à fait moderne, qui veut par exemple se batîr une maison, éprouve à ce propos le même sentiment que s'il voulait s'emmurer vivant dans une mausolée."
De ce monde de la représentation, la science exacte ne peut effectivement nous délivrer que dans une mesure restreinte - aussi bien ce n'est pas chose souhaitable - , pour autant qu'elle est incapable de briser pour l'essentiel la puissance d'habitudes archaïques de la sensibilité ; mais elle peut très progressivement et graduellement éclairer l'histoire de la genèse de ce monde comme représentation - et pour quelques instants au moins nous élever au-dessus de son déroulement tout entier. Peut-être reconnaitrons-nous alors que la chose en soi est bien digne d'un rire homérique, elle qui paraissait être tant, voire tout, et à vrai dire est vide, vide de sens.