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Citations sur L'Antéchrist - Ecce Homo (77)

Le christianisme nous a frustrés de la moisson de la culture antique, et, plus tard, il nous a encore frustrés de celle de la culture islamique. La merveilleuse civilisation maure d'Espagne, au fond plus proche de nous, parlant plus à nos sens et à notre goût que Rome et la Grèce, a été foulée aux pieds (et je préfère ne pas penser par quels pieds !) - pourquoi ? Parce qu'elle devait le jour à des instincts aristocratiques, à des instincts virils, parce qu'elle disait oui à la vie, avec en plus, les exquis raffinements de la vie maure ! Les croisés combattirent plus tard quelque chose devant quoi ils auraient mieux fait de se prosterner dans la poussière.
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On appelle le christianisme religion de la pitié. — La pitié est en opposition avec les affections toniques qui élèvent l’énergie du sens vital : elle agit d’une façon dépressive. On perd de la force quand on compatit. Par la pitié s’augmente et se multiplie la déperdition de force que la souffrance déjà apporte à la vie. La souffrance elle-même devient contagieuse par la pitié ; dans certains cas, elle peut amener une déperdition totale de vitalité et d’énergie [...]
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« - Les fanatiques sont pittoresques, l’humanité aime mieux voir des gestes qu’écouter des arguments… »
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— Que nous ne retrouvions Dieu, ni dans l’histoire, ni dans la nature, ce n’est pas cela qui nous sépare, — c’est au contraire de ne pas éprouver le sentiment du divin à l’égard de ce qui est honoré comme Dieu, de trouver cela pitoyable, absurde, nuisible, d’y voir non seulement une erreur mais un attentat à la vie…
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J'en arrive à ma conclusion et j'énonce maintenant mon verdict. Je condamne le christianisme, j'élève contre l'Eglise chrétienne l'accusation la plus terrible qu'accusateur ait jamais prononcée. (...) La corruption de l'Eglise chrétienne n'a rien épargné, elle a fait de toute valeur une non-valeur, de toute vérité un mensonge, de toute sincérité une bassesse d'âme..
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Par ma condamnation du christianisme je ne voudrais pas avoir fait tort à une religion parente qui le dépasse même par le nombre de ses croyants : le bouddhisme. Tous deux se valent en tant que religions nihilistes — ce sont des religions de décadence — mais tous deux sont séparés de la plus singulière manière. Le critique du christianisme est profondément reconnaissant aux indianisants d’être à même de les comparer maintenant. — Le bouddhisme est cent fois plus réaliste que le christianisme, — il porte, comme héritage, la faculté de savoir objectivement et froidement poser les problèmes, il vient après un mouvement philosophique de plusieurs siècles ; l’idée de « Dieu », dans sa genèse, est déjà fixée quand il arrive. Le bouddhisme est la seule religion vraiment positivite que nous montre l’histoire, même dans sa théorie de la connaissance (un strict phénoménalisme —) il ne dit plus « lutte contre le péché », mais, donnant droit à la réalité, « lutte contre la souffrance ». Il a déjà derrière lui, et cela le distingue profondément du christianisme, l’illusion volontaire des conceptions morales, — il se trouve placé, pour parler mon langage, par delà le bien et le mal. — Les deux faits physiologiques qu’il prend pour base et qu’il considère sont : d’abord, une hypertrophie de la sensibilité, qui s’exprime par une faculté de souffrir raffinée, ensuite une hyperspiritualisation, une vie trop prolongée parmi les idées et les procédures logiques, ou l’instinct personnel a été levé en faveur de l’impersonnalité. (— Deux états que du moins quelques-uns de mes lecteurs, les « objectifs » comme moi, connaissent par expérience.) En raison de ces conditions physiologiques, une depression s’est produite, une dépression que Bouddha combat par l’hygiène. Il emploie, comme remède, la vie en plein air, la vie ambulatoire, la tempérance et le choix des aliments, des précautions contre les spiritueux, contre tous les états affectifs qui font de la bile, qui échauffent le sang : point de soucis, ni pour soi ni pour les autres ! Il exige des représentations qui procurent soit le repos, soit la gaieté, — il invente le moyen de se débarrasser des autres. Il entend la bonté, le fait d’être bon. comme favorable à la santé. La prière est exclue, tout comme l’ascétisme ; pas d’impératif catégorique, aucune contrainte, pas même dans la communauté claustrale — (on peut de nouveau en sortir —). Tout cela n’est considéré que comme moyen pour renforcer cette trop grande sensibilité. C’est pourquoi le bouddhisme n’exige pas la lutte contre les hérétiques ; sa doctrine ne se défend de rien autant que du sentiment de vengeance, de l’aversion, du ressentiment (— « l’inimitié ne met pas fin à l’inimitié » : c’est le touchant refrain de tout le bouddhisme… ). Et cela avec raison : En considération du principal but diététique, ces émotions seraient tout à fait malsaines. Il combat la fatigue spirituelle qu’il trouve à son arrivée, une fatigue qui s’exprime par une trop grande « objectivité » (c’est-à-dire affaiblissement de l’intérét individuel, perte de l’équilibre, de « l’égoïsme ») par un sévère retour, même des intéréts spirituels, sur la personnalité. Dans l’enseignement de Bouddha, l’égoïsme devient un devoir : la « seule chose nécessaire ». La façon de se dégager de la souffrance règle et délimite toute la diète spirituelle (— qu’on se souvienne de cet Athénien qui déclarait également la guerre à « la science pure », de Socrate qui, dans le domaine des problèmes, éleva l’égoisme personnel à la hauteur d’un principe de morale). (#20)
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Zarathoustra, le premier psychologue des "gens de bien" est - par conséquent - ami des méchants.
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Que dans certaines conditions la foi procure de la béatitude, que la béatitude ne suffise pas à faire d'une idée fixe une idée vraie, que la foi ne déplace pas les montagnes, mais place des montagnes là où il n'y en a pas : une rapide visite dans un asile d'aliénés nous éclaire assez là-dessus. Mais elle n'éclaire pas un prêtre, il est vrai ; car lui, il nie d'instinct que la maladie soit la maladie et l'asile un asile. Le christianisme a besoin d'un excès de santé - rendre malade est la véritable intention cachée de toute la thérapeutique du salut pratiquée par l'Eglise. Et l'Eglise elle-même, n'est-elle pas l'asile d'aliénés catholique conçu comme suprême idéal ? - La Terre entière conçue comme un asile d'aliénés ? L'homme religieux, tel que le veut l'Eglise, est un décadent type ; [...]
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Le "Royaume des cieux" est un état du coeur, et non quelque chose qui vient "au-dessus de la Terre" ou "après la mort". Toute idée de mort naturelle est absente de l'Evangile : la mort n'est pas un pont, un passage, elle est absente, parce qu'elle appartient à un autre monde des seules apparences, qui ne vaut que comme signe. "L'heure de notre mort" n'est pas une notion chrétienne, - l'"heure", le temps, la vie physique et ses crises n'existent tout simplement pas pour celui qui enseigne la "Bonne nouvelle"... Le "règne de Dieu" n'est rien que l'on puisse attendre ; il n'a ni hier, ni après-demain, il ne viendra pas "dans mille ans" - c'est l'expérience d'un coeur : il est partout, il n'est nulle part...
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La compassion est la praxis du nihilisme.
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