Citations sur Poèmes (1858-1888) - Fragments poétiques - Dithyrambes po.. (86)
Non d’avoir renversé l’idole,
Mais d’avoir brisé l’idolâtre en toi,
Voilà ce que fut ton courage !
Pourquoi de sa hauteur s’est-il jeté en bas ?
Qu’est-ce qui l’a séduit ?
C’est la pitié pour tout ce qui est bas qui l’a séduit :
Il gît maintenant là, brisé, inutile et froid –
Mon bonheur leur fait mal :
Mon bonheur porte ombrage à ces envieux ;
Ils gèlent chez eux, -en jetant des regards verts.
Un voyageur fatigué –
Qu’un chien accueille durement
En aboyant.
Je suis chez moi sur les hauteurs,
Je n’ai pas la nostalgie des hauteurs,
Je n’y lève pas les yeux ;
Je suis quelqu’un qui regarde vers le bas,
Quelqu’un qui doit bénir :
Tous les bénisseurs regardent vers le bas…
Grands hommes et fleuves font des détours
Sinueux, mais qui les mènent à leur but :
Tel est leur courage le plus grand,
Ils ne redoutent pas les chemins détournés.
Vous tous qui vous noyez, croyez-vous que j’ignore ce que vous souhaiteriez ? vous agripper à un robuste nageur, que je suis moi-même.
Ses yeux sont froids et desséchés ; pour lui, tout est nu, sans couleurs et sans ramage : et vous croyez alors que son impuissance à mentir serait « l’amour de la vérité ! »
Avoir de l’esprit ne suffit pas : il faut encore l’assumer et cela exige beaucoup de courage.
Car sa volonté exigeait le grand midi et son déclin.