Devoir subir des épreuves rend tout plus réel. C’est cette réalité qui m’intéresse.
Il frappe à la porte -on a tous les deux une trouille monstre- comme dans les aventures d'Alice détective, tu sais, quand tu te fais la réflexion :
< < Ces filles sont vraiment trop crétines, elles n'ont qu'à se contenter d'appeler la police > >
Je suis tout à coup envahie de nostalgie à la pensée de la petite fille que j'étais, qui adorait la nature et croyait en Dieu qui l'hiver, lorsqu'elle était malade, passait des journées à dévorer les aventures d'Alice détective et à sucer des pastilles au menthol pour la toux, et qui était capable de garder un secret.
Bon voyons voir. Les choix qui s'offrent à nous sont, premièrement, un univers monobloc où le passé, le présent et le futur coexistent simultanément et où tout s'est déjà produit ; deuxièmement, le chaos, où tout peut arriver et où rien n'est prévisible car on ne connaît pas toutes les variables ; et troisièmement, un univers chrétien où Dieu a tout créé, où tout est là pour une raison précise, mais où nous jouissons malgré tout du libre arbitre.
Tu me suis ?
Je suis amoureuse de cet homme qui n'a aucun souvenir de moi. Notre histoire appartient encore au futur en ce qui le concerne.
Parfois, je me réjouis quand Henry n’est pas là, mais je me réjouis toujours quand il revient.
L`espace que je considere comme le mien, qui n`est pas emplit d`Henry, est si limité que mon imagination l`est devenue elle aussi. Je ressemble a une chenille dans une chrysalide de papier...
Petite, je me réjouissais de le voir. Chaque visite constituait un évènement, une soustraction, une aventure qui me sera racontée lorsque mon aventurier s'échouera à mes pieds, en saignant ou en sifflant, en souriant ou en tremblant. Désormais, je suis habitée par la peur quand il disparait. (p 285)
- Je l'aime. Il représente tout pour moi. Je l'ai attendu toute ma vie et à présent il est là. (J'ai du mal à m'expliquer.) Avec lui, je peux contempler mon existence dans sa totalité, comme une carte, passé et futur réunis, comme un ange ... (Je secoue la tête. Je n'arrive pas à expliquer ce que je ressens avec des mots.) A travers lui, je touche le Temps du doigt ... Il m'aime. Nous sommes mariés parce que ... chacun est une partie de l'autre ... (Je m'interromps.) Tout est déjà arrivé. Tout en même temps. (p 155)
Mais la leçon la plus rude, c'est la solitude de Claire. En rentrant, je la trouve parfois irritée, j'ai rompu le fil de ses pensées, en brisant le silence rêveur de sa journée. Parfois l'expression de son visage m'évoque une porte fermée. Elle se retranche dans la chambre de son esprit pour y faire du tricot ou je ne sais quoi. J'ai découvert que Claire aime être seule.