Comme Cyrano, il appartenait lui aussi à une minorité. Elle s’exhalait, tel un parfum de grand prix, pour ces lycéens qui à raison de cinq ou six heures par jour se trouvaient à l’abri de leurs langues maternelles, de leurs tribus, de leurs coutumes, pour vibrer aux délices d’une langue chère entre toutes : le français. Il explorait notre futur et, par là, nous enseignait les ressources de l’amour.
Odile est une fée qui brûle du désir de m’emporter, mais je suis trop jeune pour répondre à sa prière. Je suis trop sot. Aussi se contente-t-elle de me parfumer
Cette première amorce de discours sur le parfum accroît son importance en moi, qui le rend aussi insaisissable qu’une luciole dans les plis de la nuit.
Contre toute attente, au moment de regagner la salle de classe, le parfum que je n’ai pas réussi à sentir me passe sous le nez dont la note de tête exhale le magnolia et la note de queue la citronnelle. C’est miraculeux ! Autour de la fontaine de l’école se déploie un beau et vieux magnolia dont les fleurs parfument la cour en sa saison. À ses pieds poussent nombre de bosquets de citronnelle. Comment a-t-on pu enfermer leurs extraits dans une mince fiole de verre ?