La literie semblait propre, petit miracle, jusqu'à ce qu'il rabatte la couverture et découvre un poil pubien d'une longueur inaccoutumée en plein milieu du drap.
Si la sexualité est une pulsion vers la vie, c'est précisément la pulsion que les semblables de Klinger ont depuis longtemps abandonnée, et qu'ils évitent assidûment de ranimer car, pour eux, toute pulsion vers la vie, le sexe inclus - peut-être surtout le sexe -, ne sert qu'à prolonger la souffrance ; et pour peu qu'on ait vraiment pas de chance, à la prolonger délicieusement.
On dirait que je ne sais quelle entité monothéiste m’a condamné à mille ans d’insomnie, se dit Klinger, juste pour prouver qu’elle en a le pouvoir. Il ne peut pas y avoir d’autre raison. Je ne suis pas assez important pour ça… Il faut que j’aille dormir.
Il est trop tard pour être tout à fait net.
- Je ne suis pas arrivé là où j’en suis dans la vie, dit Klinger sans aucune ironie, en faisant confiance aux gens.
Elle étira un petit sourire dédaigneux. « Et où au juste êtes-vous arrivé dans la vie ?
- Je suis encore vivant, affirma Klinger sans détour. C’est une forme de victoire. ( Il haussa les épaules avec modestie. ) À mon humble avis. »
- Je ne suis pas dans le bar, affirma Klinger. Quoique, statistiquement parlant…
- Oui ?
- On peine à croire que vous m’ayez loupé.
Chainbang avait une théorie comme quoi, soit un mec évoluait aux dépens de la société, soit ça finissait par être le contraire. Non que Chainbang ait les moyens de formuler ça, mais il avait beaucoup cheminé dans une voie illuminée par cette idée et par ses propres lumières.
On disait que le silence servait l’Etat. Mais d’ici un rien de temps, ce sont les téléphones qui vont servir l’Etat !