On vit les uns à côté des autres sans rien savoir. On préfère se foutre des œillères plutôt que de s'intéresser aux gens qui nous entourent.
Elle rit. Je ne pense pas que je m'en lasserai un jour.
Je sens un creux se former à l'intérieur de moi, un vide qui m'oppresse. Il grandit. Il explose tout sur son passage. Je ne pensais pas qu'aimer pouvait être aussi douloureux.
- Charlie, si t'étais un animal, tu serais quoi ?
- Un aigle. Pour pouvoir survoler la terre.
Sacha ne dit rien.
- Et toi ?
- Un lion, déclare-t-il avant d'ajouter fièrement : pour pouvoir protéger les gens que j'aime.
- Dommage.
- Pourquoi ?
- On ne pourrait pas être ensemble du coup. Moi dans les airs, toi sur terre.
- Je ne me fais pas de souci. On trouvera toujours une solution.
Euh ?
S’il voulait me faire flipper, il a réussi. Plus je le regarde et plus on dirait qu’il sort du casting de La Famille Adams. Il manque plus que ses copains soient la Chose et cousin Machin, et je pourrais dire que la fin est proche.
— On vient nous chercher.
— Tant pis, murmure-t-il avec un sourire sadique.
Le souci, c’est qu’il rejoint les autres, mais qu’ils restent plantés à dix mètres devant nous et que Zoé est en train de… ronfler.
Note à moi-même : si on s’en sort vivantes, je trucide Zoé dès qu’elle revient à elle.
Elle a toujours pensé à moi pendant ses mois où je n'ai pas eu de nouvelles. Elle a souffert de cette séparation.
Mais qu'est-ce que t'as foutu, Charlie ? Il s'est passé quoi ? Pourquoi t'as disparu d'un coup ? Pourquoi tu m'as laissé ?
- On ne pourrait pas être ensemble du coup. Moi dans les airs, toi sur terre.
- Je ne me fais pas de souci. On trouvera toujours une solution.
"- On ne pourrait pas être ensemble du coup. Moi dans les airs, toi sur terre.
- Je ne me fais pas de souci. On trouvera toujours une solution."
Sa main entoure mon poignet et m’empêche de bouger.
— Pardon. Reste. S’il te plaît, me sort-il avec son fameux sourire boule à facettes.
Celui auquel personne ne résiste. Et je ne fais évidemment pas exception à la règle.
J’entre dans l’atelier avec la clé qu’il m’a donnée la semaine dernière, mais je ne vois personne. Je reste figée quelques minutes avant de tenter un faible :
— Monsieur Sullivan ?
Toujours rien.
Je décide de m’avancer… petit à petit.
— Monsieur Sullivan ?
Il fout quoi ? Je suis sûre qu’il fait tout pour me mettre mal à l’aise.
J’approche doucement de mon chevalet et je remarque un post-it.
Mademoiselle Lecœur,
Je serai absent ce matin.
Thème du jour : apaisement.
Ne commencez pas à râler et mettez-vous vite au travail !
Qu’est-ce qu’il peut m’énerver !
Je suis sûre qu’il fait ça pour m’emmerder.