Green Lantern: Ganthet's Tale

Il s'agit d'une histoire complète parue en 1 en tome en 1992, comprenant 60 pages de bandes dessinées.

L'histoire commence par un bref récapitulatif sur l'Histoire de la race extraterrestre des Malthusiens. Il s'agissait d'êtres à la peau bleue, de forme humanoïde. Il y a des milliards d'années, leur civilisation était déjà très avancée et ils maîtrisaient des pouvoirs parapsychiques exceptionnels. Les adultes étaient capables de déplacer les montagnes par la pensée. Ils étaient également immortels et d'une curiosité scientifique insatiable. Malheureusement Krona (l'un d'entre eux) voulut observer la création de l'univers, ce qui constituait un tabou dans leur culture. Ayant réussi à concevoir et à construire un outil lui permettant de le faire, il observa ce qui semblait une main tenant une galaxie dans sa paume, et voulant remonter encore dans le temps, il provoqua la libération d'une énergie néfaste dans tout l'univers. le mal avait franchi les portes de notre réalité.

Tout cela est faux. Un beau matin, Ganthet (l'un des gardiens de l'univers, ces petits êtres à la peau bleu qui distribuent les anneaux verts aux Green Lanterns) vient frapper à la porte d'Hal Jordan (le Green Lantern terrestre) pour l'embarquer dans une quête visant à retrouver un clan disparu de Guardians sur terre. En route, il explique pour le bénéfice d'Hal Jordan que l'immortalité et la puissance psychique des malthuséens a eu des conséquences néfastes pour cette race qui ont conduit à une ségrégation rigoureuse entre les hommes et les femmes, une catastrophe écologique sur leur planète d'origine, une forme de diaspora vers des planètes éloignées, et la régression de certains clans à l'état barbare. La mission pour laquelle il est venu recruter Hal Jordan est de retrouver les malthuséens perdus sur terre, de les intégrer à l'escadron des Green Lanterns et de neutraliser les conséquences létales de la curiosité de Krona.

Cette histoire présente plusieurs aspects qui lui confèrent un caractère remarquable. le premier est que DC Comics ait réussi à convaincre un auteur de science fiction renommé d'écrire un comics. Larry Niven est un écrivain célèbre, auteur, entre autres, de L'Anneau-Monde. Comme à chaque fois dans ces cas là, l'éditeur se félicite de ce qu'un vrai auteur (comprendre qu'il s'agit d'un auteur de romans) vienne apporter sa caution littéraire au monde des comics. La bonne surprise, c'est que l'histoire de Larry Niven tient la route et respecte l'univers complexe des Green Lanterns.

Le deuxième caractère remarquable est que cette histoire démystifie l'un des mythes fondateurs de l'escadron des Green Lanterns (Le Green Lantern Corps). Jusqu'alors la race des Guardians était parfaite en tous points. Ils étaient présents dès les premiers millénaires de l'existence de l'univers, ils étaient forts, intelligents et responsables (à part Krona). Larry Niven détricote cette fable des origines parfaites pour lui substituer une version plus pragmatique, plus sensée, dans un contexte de science fiction solide, avec un paradoxe temporel qui tient la route.

Son histoire est mise en images et transcrite en comics par John Byrne, une forte personnalité dans les comics des années 1980 et 1990 qui a participé à faire des X-Men des superhéros exceptionnels (à partir de l'épisode 108, réédité dans The Uncanny X-men 2), qui a relancé les Fantastic Four (à partir de l'épisode 232, réédité dans Fantastic Four Visionaries: John Byrne 1) et qui a redémarré Superman lui-même (avec The Man of Steel), et tant d'autres encore. Byrne assure donc le découpage de l'histoire en planche, les illustrations, ainsi qu'une partie des dialogues. Il est dans une phase où il utilise un encrage plus rapide ce qui donne plus de vie à ses illustrations. Il a une tâche complexe car l'histoire est très dense et il faut que ça tienne dans un format relativement court (60 pages). Son Sens du découpage et de la mise en page est impressionnant. Malgré le volume d'informations à caser, le résultat reste facilement lisible. Son sens du spectacle impressionne également, qu'il s'agisse de la mise en scène des dialogues, des scènes dans l'espace, ou de la description de ce que Krona a réellement observé. Les images s'accordent parfaitement au scénario, sans l'abêtir. On pourrait éventuellement ironiser sur le fait que les malthuséens terrestres évoquent un peu les schtroumpfs.

Ce travail d'équipe entre un écrivain de science fiction et un auteur chevronné de comics aboutit à un récit malin et complexe qui détourne habilement le mythe des origines des Guardians. Cette histoire présente quand même 2 défauts. le premier est qu'il vaut mieux déjà être familier de l'univers de Green Lantern pour pouvoir capter les références aux Zamarones, le deuxième est que le récit semble vraiment compressé et à l'étroit dans seulement 60 pages.