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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Hymne ou élégie à la féminité, à la maternité?

Ce récit, tant il est difficile d'y associer le mot roman, est une confession extrêmement intime de tout ce qui peut tourmenter l'esprit féminin, de la petite enfance, celle qui crée les les ancrages pour les souffrances futures jusqu'à l'âge adulte, lorsque la terrible étape de la maternité vient bouleverser encore ce qui semblait être établi sur des critères façonnés par l'entourage, la famille, la société.

Les questions sont ordinaires, et constituent le fond e commerce de toute une littérature censée comprendre et proposer des solutions, comme si elles existaient, ces solutions. Puis-je être mère? Qu'est ce que c'est être une bonne mère? Jusqu'à ce que l'urgence d'un petit être vagissant refoule ces interrogations pour laisser place à un instant maladroit et toujours culpabilisant.

La grossesse, avec son lot de modifications corporelles aussi étranges que l'évolution de l'enfance vers la puberté, la sensation d'être habitée, et surtout l'intrusion intempestive de mains étrangères à l'intérieur de son corps, pour d'autres raisons que le plaisir partagé, dans une volonté de bien-faire qui ne se pose plus les questions de l'accord de la patiente.


Point culminant de l'épreuve : l'accouchement. Décrit avec sensibilité et réalisme, cette douleur incomparable qui survient par vagues successives, annihilant tout raisonnement logique, avec la seule terreur de la vague suivante. Et puis les tissus meurtris, déchirés, qui sonnent le deuil du corps jouissant d'antan. Assortis d'une fatigue immense, hypnotisante, délétère. Et la naissance de l'angoisse permanente pour la survie de l'enfant.


A qui s'adresse un tel récit? Aux femmes, sans doute, pour faire ressurgir ce vécu plus ou moins lointain. Mais je serais curieuse de savoir ce qu'en pensent les hommes s'ils tentent l'aventure de se plonger dans cette lecture.
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Quel bel hommage à la Femme !
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Lu dans le cadre des #68premièresfois
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Je ne sais même pas par où commencer tellement ce roman-manifeste est dense. Surprenant aussi dans l'écriture, sa forme est originale.
J'ai pensé à un assemblage de mots (d'idées) qui rappelle le Slam . Ce fameux mouvement poétique très rythmé qui se passe aussi sur scène.
Déroutant aussi avec des bouts de mots, posés sur la ligne comme pour marquer l'importance de chaque item.
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L'auteure travaille auprès de femmes et cela se ressent dans sa façon de les décrire, les sublimer surtout.
Moi-même en tant que maman, je n'ai pu que me remémorer ces instants où la vie prend forme dans notre utérus, où l'angoisse nous tenaille, mais aussi la peur, la joie, le doute. La similitude s'arrête là.
La narratrice (qui n'est pas nommée) est morcelée. Un peu comme dans un syndrome schizophrénique. Elle se définit avec plusieurs corps/fonctions (sexué, médical, transgénérationnelle vis à vis de sa mère...).
Cette narratrice est aussi en colère. Tout au long de sa vie, elle se rebelle.
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Le ton est cru, sans filtres mais riche en émotions. Voire parfois trop, ça déborde. J'ai finalement eu peu d'empathie pour l'héroïne. Elle donne cette impression de parler au nom de toutes les femmes, cela donne donc une distance.
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C'est presque un pamphlet, le féminisme qui parle à tous, surtout pour sortir de ses idées reçues.
Attention, le ton et intime et brusque, il faut savoir apprivoiser ce texte.
Sacré coup de poing
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Il parait que les mots sont crus et la parole presque violente. Il parait que le corps s'offre à voir sans pudeur, dans l'acte sexuel comme dans l'acte de vie. Sans doute…Mais ce qui apparaît surtout entre les lignes de ce premier roman, entre les courbes de ce « Corps d'après », c'est tout le talent de Virginie Noar pour décrire la violence de l'impudeur imposée au corps des femmes dans ce moment si précieux d'intimité que représente la mise au monde d'un enfant.
Le corps d'après, c'est le corps d'après l'annonce, le corps d'après le voyage d'un autre corps à l'intérieur de soi, le corps d'après la bataille, d'après la douleur, d'après l'écartèlement ultime. le corps d'après, c'est le corps vide, le corps épuisé, endolori, devenu étranger à soi-même. C'est celui qu'on cache, celui dont on ne parle pas, celui sur lequel on ne peut plus compter parce qu'on ne le reconnait pas. C'est celui sur lequel, avec beaucoup de franchise, de bienveillance et de délicatesse, Virginie Noar a su poser les mots, les siens et ceux de toutes celles qui n'ont pas pu les trouver ; les siens et ceux de toutes celles qui n'ont pas pu les oublier.
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Le Corps d'après est le récit d'un enfantement et d'une lutte contre les violences faites à la condition féminine, les injonctions, le bonheur factice, le conformisme, les corps asservis. Au bout du chemin, pourtant, jaillit la vie. Celle qu'on s'inventera, pied à pied, coûte que coûte. Pour que, peu à peu, après la naissance de l'enfant, advienne aussi une mère, femme enfin révélée à elle-même.

Virginie Noar a écrit dans une forme d'urgence, elle a souhaité dénoncer cette violence faite à toutes celles qui sont nées femelles. Celles qui sont nées assignées, pesées, mesurées, évaluées. Celles qui sont attendues au rayon des poupons en plastique, qui sont colorées de rose bonbon. Celles qui sont priées de bien se tenir, de s'asseoir comme-ci et de parler comme-ça pour être de vraies petites filles. Celles qui sont vouées à devenir épouse et mère. Parce que la sexualité des femmes est réprimée, salie, acculée quand celle des hommes est glorifiée, normalisée, excusée, parce qu'elle est épuisée d'être sans cesse rappelée à son devoir de séduction, de procréation, d'éducation, de gestion domestique, parce qu'elle n'en peut plus de tous ces magazines féminins qui culpabilisent les lectrices plus qu'ils ne les déculpabilisent, Virginie Noar a accouché de toute cette maltraitance contenue pour en être enfin libérée.

Le corps d'après c'est un cri de colère contre cette société encore trop patriarcale. Cette société qui infantilise les femmes y compris lorsqu'elles s'apprêtent à enfanter. Cette société qui les avilit sous prétexte d'une hypothétique maladie que serait la grossesse. le corps d'après est un récit qui touche à l'intime tout en étant un manifeste s'adressant aux femmes, les exhortant à s'affranchir, à désobéir, à ne pas se soumettre, à considérer leur corps comme un rempart d'une lutte obligée. Ce livre est un hommage rendu à la femme, au corps féminin d'avant et d'après l'accouchement.

L'écriture de Virginie Noar est volontairement incisive, son style cru, comme pour mieux refléter la violence infligée aux femmes, tout en se transformant néanmoins au fil du livre. le tout s'apaise à l'approche de la délivrance. Pour mieux s'identifier à elles, la narratrice n'a ni prénom, ni âge, ni origines. Elle a une sexualité et est maman en devenir. Elle, c'est moi, c'est toi, c'est nous, c'est elles.

Le corps d'après est un récit intéressant, nécessaire à toutes celles qui ne s'autorisent pas encore à dire que non, la maternité ce n'est pas que du bonheur. C'est parfois aussi tout l'inverse. Sur ce, mes enfants m'appellent...


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J'ai entendu parler du premier roman de Virginie Noar, le corps d'après (Editions François Bourin), alors que j'étais encore enceinte. Il a vite fait partie des livres de la rentrée littéraire que je voulais absolument lire. Si je ne devais en dévorer qu'un seul ce serait celui-là. Je l'ai reçu quelques jours avant mon accouchement et compte tenu du thème abordé je voulais attendre le retour à la maison avant de l'apprivoiser.

Virginie Noar explore le corps féminin sans pincette

Dès les premiers pages, j'ai su que ce manuscrit allait me bouleverser. le corps et l'esprit féminins y sont triturés, souillés, broyés, explorés, dénudés, violentés et finalement aimés. le corps et l'esprit y sont pluriels puisque le féminin regorge d'infinis reflets de la madone, à la « putain » en passant par la mère, la femme, la fillette et l'adolescente. Ce corps est un territoire organique cartographié par Virginie Noar, une auteure qui ne prend pas de détours pour saisir à pleine main cet antre de chair et de sang. Virginie Noar ne prend pas de pincettes pour peindre et décrire ces situations plus que cocasses, dégradantes, déshumanisantes où la femme devient un objet de procréation et appartient en un coup de semence à la société toute entière. Les violences obstétricales y sont abordées. L'auteure libère cette parole en usant crument d'un verbe brusque et intense. Elle retrace le parcours d'une mutation, d'une transformation, d'une découverte, d'une inconnue. Un parcours semé d'embuches, d'interrogations, de démarches d'une fillette devenue adolescente puis femme sexuée et sexuellement active et enfin mère.

Du pratique au plus philosophique et psychologique

Virginie Noar jongle avec brio entre l'aspect parfois comique et ironique de la situation, le côté pratique et celui plus philosophique et psychologique. Aux prémices d'une maternité à venir, tout n'est qu'efforts, vulnérabilité et peur avant que la mère se déleste de ce fardeau pour entrevoir enfin le bonheur et l'amour – pas si inné que cela. Démarches rébarbatives administratives et médicales, rendez-vous chez ce docteur qui nous considère « hypertonique » ou « pas assez détendue » au moment où sa main explore le plus intime sans ménagement, l'annonce au père, la déclaration à la caf, les effets secondaires sur un corps qui, au delà du bonheur annoncé, subit une mutation de tous les instants. Et les doutes, les pensées noires et fugaces qui font culpabiliser, cette volonté aussi de récupérer son corps de femme une fois l'enfantement advenu, dois-je forcément allaiter, si non que faire de l'instinct primaire du nourrisson qui cherche à téter …

Ce roman, sous forme de témoignage, est d'une générosité déconcertante. Doux et intensif, le texte et le rythme d'écriture incisifs sont une vraie claque et ouvrent les yeux sur un bouleversement aux nombreuses aspérités bien trop souvent mises sous silence au profit d'un bonheur évident.
Lien : https://lesmotsdesautres.com..
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Wahou quel livre ! En recevant ce titre dans le cadre de la masse critique Babelio je ne m'attendais pas du tout à ça ! Quel récit poignant. Etant jeune maman depuis peu pour la deuxième fois, j'ai vécu ce récit comme si c'était le mien. Je ne sais pas si on peut parler de roman ou plutôt de témoignages. Virginie Noar aborde la femme et la maternité de manière crue et directe. Elle explique par quoi une femme passe pour créer, enfanter, accoucher, materner...

Certains passages sont vraiment décrits sans filtres et peuvent même heurter mais j'ai trouvé qu'elle avait les mots justes. Et pour être actuellement dans "le corps d'après" , on imagine pas par quoi peut passer une femme après un accouchement. Même dans la vie de tous les jours.

C'est un livre qui se lit facilement, des chapitres courts, des allers retours dans le temps. Et l'évolution d'une grossesse sans en faire trop.

Je ne peux que conseiller ce livre après l'accouchement. Il m'aurait peut-être refroidi en étant enceinte...
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Ce livre a été une claque pour ma part en rendant compte de la violence obstétrique qui se joue en France.

Ici, c'est la fin pure et simple des tabous liés à la grossesse et à l'accouchement.

On ne ment plus. Ici, la grossesse n'est pas conçue comme la clé de la réussite féminine. Ici l'accouchement n'est pas une joyeuse ballade en félicité. Ici, la maternité n'est pas instinctive. Elle se construit, s'appréhende différemment.

Ce livre fait du bien. Tout simplement.

A lire par tous et pour tous.




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Un hymne au corps féminin. A celui qui se transforme au fil de la vie et de ce qu'on lui impose.
Le corps d'après, c'est celui d'après la maternité de l'héroïne, celui d'après la violence des témoignages insérés dans l'histoire.
Tous ces corps que l'on oblige, que l'on n'écoute pas, auxquels on ne fait pas confiance.

Un véritable coup de poing que ce livre où l'auteur met le doigt sur tout ce que nous nous infligeons et finalement que nous infligeons à nos enfants.

«Ce matin, nous lui dirons pardon, pardon, petite.
Pardon pour le froid qu'on a laissé entrer, pardon pour la déchirure brutale, la lumière dans les yeux, pardon pour mon corps que je les ai laissés coucher, vaincue, pour te sortir de force, pardon pour l'absence, les cris et l'impatience de ces nuits qui ne finissaient jamais, pardon pour les choses, toutes les choses inutiles achetées, bien rangées à coté de toi qui n'avait besoin que de nous. Pardon pour les pas pressés, le monde entier veut aller vite, très vite, faire naitre les bébés en douze heures maximum, les habiller les laver leur mettre un pyjama et les présenter à ceux qui attendent. le monde entier est très pressé de voir l'enfant jouer, parler, ouvrir les yeux, manger obéir, se conformer, grandir, étudier, travailler consommer, baiser, enfanter, faire naitre des bébés, fabriquer des petites filles et des petits garçons et aller vite, vite, avant que l'éternité ne se fasse la malle.
Pardon, petite, pardon. »

Retrouver son corps, l'accepter pour le rendre plus fort de tout ce qu'il est capable d'accomplir.

« Notre désobéissance est oeuvre.
Notre insoumission nécessaire.
Nos corps, le rempart d'une lutte obligée. »

Se redécouvrir fort malgré les conforts qui nous endorment et nous rendent incapables de ce que les femmes ont toujours su faire.

Bravo pour cet uppercut !
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Un très bon roman de cette rentrée littéraire dans lequel Virginie Noar nous plonge, sans filtre et sans tabou, dans l'histoire du corps féminin, de son vécu, de ses souffrances, ses plaisirs et ses transformations avec la grossesse. Un roman que l'on devrait tou.s.tes lire au moins une fois dans sa vie!
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La narratrice raconte son histoire, celle d'une femme enceinte qui entre en collision avec le corps médical mais aussi avec ses proches suite à l'expérience de la maternité. J'ai été soufflé par ce roman. Dès le début on découvre une écriture sans filtre qui sert à merveille le propos. Virginie Noar a beaucoup de talent pour restituer les émotions. La langue est crue et incisive. Ce premier roman est une réussite et j'ai pensé lors de la lecture a des livres lus l'année passée sur le même thème. « La femme brouillon » d'Amandine Dhée notamment, un récit engagé d'une autre manière mais tout aussi fort. le ton cynique d'une page laisse la place la page suivante à de rudes descriptions où le corps à toute son importance. Un roman riche dans ses thématiques et âpre dans sa forme. Évidemment, je ne peux que vous conseiller cette lecture.
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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