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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une magnifique couverture qui laisse votre imagination ouvrir les portes de ce roman sans filtres, pour public averti.

J'ai lu ce « récit » il y a de longs mois. Je l'ai fini essoufflée et l'esprit chancelant. Les mots jaillissaient sans ordre, définissant à peine toutes les émotions que j'ai ressenti tout au long de ma lecture et en refermant ce livre. Retour peu évident à faire, il sera à l'image du récit. Brut.

« le corps d'après » ce sont les mots d'une femme qui n'est pas prête à être mère. Enfin si, biologiquement. Mais qui veut l'être à sa façon, libre de ressentir son être-profond, et tous ces doutes et contradictions humaines. Et féminines. Envoyer un pied de nez à toutes ces formes de bienséances et ces principes de vie qu'on s'impose.

La narratrice parle d'elle et débute le roman par l'annonce de sa grossesse.. cette effervescence autour de sa personne : la joie, la surprise, le bonheur, les félicitations. Tout ce qu'elle est censée ressentir dans ce moment là, les clichés que l'on attend d'une femme heureuse, enceinte. Mais elle, elle est partagée entre ce qu'on attend d'elle et ses sentiments, ceux aux portes de son corps, qui la foudroient et la bousculent par ce qu'ils sont bien réels eux. Elle a l'air même de regretter être enceinte, de ne pas y prendre plaisir. Arrivent le questionnement du pourquoi être mère ? Poursuivre un héritage ? Réparer les erreurs de nos parents ? Ou vouloir enfanter par habitude ?

Puis le changement radical pour revenir dans les souvenirs du début de sa carrière : la pornographie. La rencontre avec son producteur et la brutalité de leurs échanges. Quelle idée de passer de l'accouchement à un entretien d'embauche chez le pornographe… pas de vulgarité, juste la réalité du métier.

Ensuite elle revient dans le présent et sur la violence de la libération, l'accouchement et ce nouveau sentiment de ne rien contrôler, qu'en plus elle en souffre. Puis de nouvelles émotions contradictoires, pourquoi se sent elle vidée maintenant ? Pourquoi ces contractions violentes et viscérales de mère, d'avoir peur que son enfant meurt ?

Les étapes de la vie de femme sont décrites ici sans pudeur et les mots sont tous choisis.. ils viennent des entrailles parfois. La narratrice est tantôt libérée, libertine, épanouie, puissante, vulnérable.. Elle ose dévoiler et assumer un érotisme débridé, caché au fond de chacune de nous. Parfois accompagné d'une violente douceur.

La plume de Virginie Noar est superbe, acerbe et incisive, poétique et intime explorant toute sa sexualité. Elle est aussi brute, belle et puissante, perverse et maternelle.

Mais est-ce peut être là l'éternel quotidien des femmes, leurs doutes et leurs questionnements, leur craintes, leurs entraves et dénis mais aussi leurs intimes besoins. Quand le corps réclame..

Ce récit, auto biographique ou pas, nous intime de nous affirmer, d'envoyer valser le conformisme et d'Osez être Femme avant d'être mère.
Lien : https://felicielitaussi.word..
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Un livre vraiment bouleversant, et tellement vraie. Ce n'est pas le premier livre que je lis sur la maternité sans filtre. Il y a d'abord eu In Carna et puis le dernier roman de Julia Kerninon et maintenant celui ci. Il est déjà paru en grand format en 2019 et maintenant, il est accueilli en poche et j'en suis ravie. j'ai découvert l'auteure avec son deuxième roman qui m'avait beaucoup touché aussi, lu après l'arrivée de mon premier enfant. La nuit infinie des mères m'avait fait me sentir moins seule.

Celui ci, le corps d'après aussi. Bien que certains passages soit quand même trash et je me suis du coup demandé comment j'aurais vécu sa lecture sans avoir vécu une première maternité. Est ce que la peur se serait réveillée ? serait-elle devenue la dominante de cette lecture ?

je ne saurais le dire. maintenant que j'ai vécu un accouchement, je reconnais simplement beaucoup de choses. Des choses qui ont aussi résonné pendant ma lecture de la naissance en Bd de Lucile Gomez, le fait de la médicalisation souvent excessive de la grossesse et de l'accouchement, le fait que le regard de cette médicalisation dit plein de choses fausses aux femmes... qui du coup se sentent incapable de beaucoup de choses. Virginie Noar etend cette incapacité aux enfants aussi et c'est criant de vérité. Sous le couvert de la protection, on empêche plein de choses que ce soit dans la grossesse, dans le post partum et dans l'éducation des enfants. Et c'est tellement dommage car en laissant faire, on se découvre des trésors... la nature est bien faite, nos enfants sont bien faits et ils sont capables et les femmes aussi sont capables.

Je sais bien que le progrès aide sur beaucoup, je ne dis pas et Virginie Noar, non plus, de laisser la péridurale ou tout progrès dans nos grossesses, maternité ou éducation. Mais laissons à chacun la liberté de choisir sans jugement. Je trouve que c'est le plus dur aujourd'hui, le jugement de chacun... Parfois, c'est sûrement sans le vouloir car c'est ancré mais pourtant chacun devrait réfléchir à la phrase qu'il va sortir à la mère qui est en travail, au père qui s'occupe de son enfant en crise, à l'enfant qui découvre son environnement avant de dire ce que la société lui dicte.

Est ce que cette phrase va aider ou juste culpabiliser et juger ?

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Avec le corps d'après, Virginie Noar mène le lecteur dans une plongée vertigineuse au plus intime d'une femme : son corps. Corps qui enfante, délivre la vie et qui sous prétexte médical devient corps observé, exploré sans consentement, ausculté, fouillé sans pudeur. Et la narratrice de remonter l'histoire de son corps : les tentatives d'appropriation par d'autres, la découverte du plaisir qu'il peut procurer, la tentation de l'utiliser comme pour se prouver qu'on peut en être maître.

Dans ce livre puissant, Virginie Noar interroge nos corps livrés en pâture aux injonctions sociétales, ces corps pas si libres tant on tente de les contraindre, les « normer », les dompter pour notre "bien". Elle y explore aussi l'aventure de la maternité, celle d'un corps qui accueille, protège, qui trahit parfois, devenant étranger à apprivoiser. Un premier roman féminin et féministe dans sa plus belle assertion : celle qui revendique la liberté de choisir.

Et si la dédicace de ce roman s'adresse « Aux fillettes qu'on a prises pour des poupées en plastique qui ont fermé les yeux quand on les a couchées à terre et les ont rouverts quand elles se sont relevées », on pourrait aisément conseiller le Corps d'après à tous pour faire taire les idées reçues qui murmurent aux oreilles des petits garçons que les fillettes sont des poupées fragiles.
Lien : https://wp.me/p3WvbT-eb
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Le corps féminin, le corps d'après. D'après l'enfance, d'après l'adolescence. le corps qui se transforme, qui évolue, qui pousse, grandit, s'élargit, s'arrondit, s'alourdit. le corps d'après.

Dans ce récit intimiste et sans concession, Virginie Noar explore les questions de l'identité, de la féminité, de la maternité. Parfois avec violence, parfois avec douceur, mais toujours avec une grande poésie et une maitrise parfaite des mots. Ai-je le droit de désirer ? Ai-je le droit de vivre ma vie comme je l'entends ? Serais-je une bonne mère ? Suis-je la compagne idéale ? Puis-je faire mieux, différemment, autrement ?

Mais toujours au travers du prisme du corps. Ce corps féminin qui nous appartient, mais pas tout à fait. Cette enveloppe faite de tissus divers et variés, qui nous porte et nous pousse. Ce corps qui nous lâche, parfois. Ce corps que nous n'avons pas choisi et avec lequel, pourtant, nous devons composer chaque jour de notre vie durant.

Et puis, il y a l'accouchement. L'acmé du roman, décrit avec tant de précision et de détails. Ce moment où notre corps ne nous appartient définitivement plus. Ce moment où il est entre les mains d'un autre, un étranger. le corps malmené, qui devient un objet. La violence, encore et toujours. La violence qui fait d'un événement si heureux et extraordinaire, un véritable calvaire pour certaines. Femme-objet, future mère. Pour donner la vie, il faut donner son corps. Son corps au corps médical, qui va – trop souvent – le bafouer, l'humilier, l'érafler, le couper, l'arracher, le déchirer.

Virginie Noar nous parle de ce que c'est qu'être femme. Ça prend aux tripes, ça questionne, ça fait mal. Parce que la vérité fait mal, parfois.

Un récit essentiel, dans lequel la violence n'a d'égale que la beauté du texte.
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Donner la vie, c'est rendre la mort possible en même temps. C'est terrifiant et merveilleux.

Je me suis protégée de ce livre en refusant de le lire. Une amie m'avait dit ‘qu'il n'était pas pour moi, pas après ça'. Je l'ai écoutée. Parce que ‘Ça' m'avait brisée et elle avait raison. Ne pas resombrer dans ces souvenirs douloureux contre lesquels je me bats et tente toujours de trouver des réponses. Peut-être n'y en a-t-il pas finalement. Il faut vivre avec comme disent les gens, faisant de cet évènement une normalité. Mais en quoi ‘Ça' est-il une chose banale ? Qui l'a décidé ? Qui parle en mon nom ? Alors j'ai eu envie de lire ce texte, peut-être pour me consoler, m'apaiser et comprendre ce Corps d'après.

Un bébé devenu Elle. Elle, se transforme. Elle, me transforme. Elle fait de moi une femme mère. Elle me fabrique corps merveilleux. Elle a besoin de moi comme j'ai besoin d'elle. Elle naîtra seulement lorsque je naîtrais d'être sa mère. Je n'ai rien à faire sinon être là, exister, respirer. Ne pas mourir.

C'est un récit sur le corps de la femme. Cette puissance qui prône en chacune de nous. Virginie Noar explore ce corps sous toutes ses coutures. Celui qui tente et lutte. Celui qui enfante. Celui qui subit les violences obstétricales. Celui qui assouvit les désirs masculins. Celui que l'on tente de s'approprier. Celui qui nous est étranger. Les mots bouillonnent, fusent, parfois cash. Ce corps-objet qui s'adapte, une vie entière, aux éléments de la vie, faisant front, sans cesse, seul.

Il a tout son pouvoir pour naître à la vie si j'accepte de me soumettre à la force des éléments dans la tempête, si je concède à mon corps son pouvoir d'abandon, si je deviens l'alliée de ma douleur. Il a tout en son pouvoir pour faire advenir mon corps de mère. Personne ne pourra dire combien je suis là, à combien de mètres je suis sous les vagues de la naissance, personne ne pourra mesurer la taille de cette transcendance. Personne ne pourra compter la magnitude du tumulte et la force des corps parturients. Eux auront peur, mais moi je serai forte. C'est une évidence.

Le corps d'après est pour moi un texte plein de sincérité. Tout en étant terrible à lire, il m'a fait du bien. Virginie Noar décrit toutes les facettes de la féminité, de ce corps qui change, du rapport qu'on porte à soi-même, des étapes de la vie apportant une certaine maturité, de cette maternité trop souvent idéalisée et qui se brise en un rien. Un premier roman osé. Osant mettre des mots sur la Femme et ses mystères.

Trois millimètres d'une vie fabriquée dans le dedans de mon corps. Trois millimètres de promesses que j'imagine sans retour possible. Mais ce n'est pas imaginable tout ça. Je ne sens rien dans mon corps habité. Mais, sur le petit écran, on le voit bien, que je ne suis plus vide.

http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2020/01/31/37987438.html
Lien : http://www.mesecritsdunjour...
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Un livre ambitieux par le thème et l'écriture, et qui navigue entre roman, témoignage et manifeste féministe.
Un livre que j'ai beaucoup aimé, bien que agaçant comme son héroïne, femme pleine de contradictions, de générosité, débordant de certitudes et d'hésitations.
Débordant, voilà le mot. Les émotions jaillissent à tout bout de page, l'héroine est un être de passion, qui nous livre les bouillonnements à l'intérieur de son corps, de l'adolescence à la maternité.
Il s'agit d'une femme en construction, morcelée, une femme-caméléon, une femme qui ne connait pas les frontières de son corps. J'ai eu l'image d'une maison avec des portes battantes et des fenêtres entrebâillées, des volets qui claquent, des clés qui ouvrent et ferment des serrures.
Comment en est-elle arrivée là, l'auteur ne l'explicite pas, juste quelques références à sa mère. Quel parcours de vie peut mener à une telle incomplétude, voire schizophrénie ?
D'un chapitre à l'autre, avançant ou reculant dans le temps, j'ai découvert le corps pluriel de cette femme.
Il y a le corps sexué, le corps-plaisir, celui qui est ouvert à toutes et à tous, celui où tout est permis, y compris de jouer avec la douleur, corps parfois pathétique dans sa recherche de l'ivresse.
Le corps-objet médical, qui peine à s'entrebâiller, où les soignants entrent par effraction, avec lequel elle se sent impuissante, en colère, humiliée.
Le corps maternel, corps-girouette balloté, proie des injonctions sociétales et des convictions intériorisées : la puissance physique du corps de la femme, capable de l'enfantement, capable de nourrir l'enfant.
Le corps-malade, outil pour se faire aimer de sa mère.
En quoi tous ces corps habités par la même femme sont-ils si différents ?
Oui, cette femme est complexe, comme tout être humain, et je peux me reconnaitre en elle, car qui n'a pas douté de son corps, que ce soit à l'adolescence (ou à la vieillesse), devant la maternité (ou la maladie), à propos de sa sexualité, féminine ou masculine. Toutes et tous nous traversons ces questionnements, en cela, ce livre pose des questions essentielles.
Là où ce livre m'est étranger, c'est quand l'héroïne généralise ses sentiments, ses opinions, à l'ensemble des femmes, quand elle dit « nous » au lieu de « je ».
Elle est persuadée s'être déconstruite par rapport à sa mère, à la société, et avoir accédé à la liberté d'être elle-même, mais je m'étonne qu'elle reste sujet de croyances comme l'instinct maternel et qu'elle confonde autodétermination et individualisme.
Bref, j'ai beaucoup aimé ce livre !
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De l'annonce de la grossesse à la délivrance, c'est tout qui se transforme en la femme qui va finalement devenir mère. Avec toutes les peurs et les fantasmes qui gravitent autour de la maternité, on va au-delà toujours, dans ce récit pour décrire le bouleversement d'une vie...

Il y a dans ce roman quelque chose de poignant, de terrible et de sincère. On va dans la profondeur des sentiments et on les vit de manière physique. Il y a une force et du caractère dans ce récit qui ne se cache pas sous les faux-semblants.

Il n'y a pas de pudeur, tout est décrit avec véracité, sans tricherie, sans chichis. Il y a une force et du caractère dans ce récit qui ne se cache pas sous les faux-semblants. Elle n'a pas pour valeur de choquer, mais seulement de dire les choses.

On parle ici de désir, de plaisir, de transformation. On aborde ici toutes les étapes de la maternité, toutes les facettes de la féminité aussi. le corps, la psyché changent, son rapport à soi, au monde qui l'entoure.

La narratrice acquiert au fil des appréhensions, des questions, une finesse, une sagesse, une maturité. Elle nous décrit la confusion, la contradiction des sentiments qui nous sidère, nous terrifie. Elle nous raconte son parcours de femme, ne nous apprend rien, mais nous délivre tout ici avec beaucoup d'amour et d'humilité.

Parce qu'il y a un avant et un après et que l'on ne naît pas mère, mais que l'on le devient !

Un récit brut, émotionnel, féminin mais surtout définitivement humain. A découvrir !
Lien : https://www.sophiesonge.com/..
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🌺Le corps d'après🌺 de Virginie Noar
- 207 pages.- 7,90€

La narratrice oscille entre le corps d'avant et le corps d'après la grossesse.

Le corps qu'on offre, le corps qui souffre, le corps dont on se sert, le corps cocon, le corps vide, le corps qui porte la vie. le corps qui change, le corps qui met au monde...

Magnifique livre, touchant, cru, révoltant, poétique, beau, dur.

Un corps d'enfant qui devient ado puis femme.

Retrouver son corps après la naissance.

Un livre que je recommande.

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