Mademoiselle Berthe ou la passion d'être soi.
Le lecteur entre par effraction dans ce temps suspendu où
Berthe Morisot découvre l'Olympia de Manet Edouard.
La toile fait scandale. Elle, tombe
amoureuse de la peinture, et du peintre mais épousera Eugène, le frère.
« L'annexion de la Butte à la ville de Paris commence dès 1860 et les parisiens, chassés du centre, se retrouvent, sans le sou, dans des baraques en bois ou des maisons de fortune. C'est ainsi que naît ce petit village aux confins d'une capitale prétentieuse et huppée. Montmartre est donc pauvre et artiste. Et le restera. Résistance oblige de ces parisiens qui cherchent à recréer ce qu'ils ont perdu ; un monde, bien à eux, avec ses amis, ses voisins, ses petits commerces, en transportant leurs rêves jusqu'à cette Butte où commence à palpiter une rumeur créatrice, folle et révoltée qui est le propre de Paris. »
Ce livre n'est en rien une biographie mais plus une résurrection de
Mademoiselle Berthe c'est sa voix que le lecteur entend et qui l'incite à la suivre pas à pas.
Berthe et sa soeur Edma apprennent la peinture au Louvre chaperonnées par leur mère. Elles vont y faire de nombreuses rencontres et notamment celle de Fantin-Latour.
« Manet a pulvérisé mes croyances. Ma vision de l'art. Comment, à présent, puis-je me contenter de créer le mouvement ou la vie entre quatre murs ? Au grand dam de ma mère et de mon professeur, je plie mes affaires et je ne les écoute plus. A présent, je me sens assez forte pour ne plus rien écouter du monde. »
L'auteur est fusionnel avec Berthe, son amour de l'art et de cette époque sont bien ancrés dans ses mots.
Le parallèle entre la dichotomie qui existe entre l'Académie des Arts et le nouveau salon créé par les exclus, est la même que celle d'être la première femme peintre parmi ces impressionnistes. Alors que Manet va se fossiliser Berthe va éclater de liberté.
Ici l'art pictural se confond avec celui d'être soi.
La musicalité de cette narration est celle du chant hagiographique.
C'est le moment pour vous de vivre cette période artistique particulière.
Avec un refrain comme cette maxime : « de l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace. »
Berthe : « Audacieuse de bonheur, insoumise de beauté. »
Merci aux éditions La Trace pour cette confiance renouvelée.
©Chantal Lafon