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Citations sur Sous la neige, le fleuve (18)

Puis ce sont toujours plus de colons en Nouvelle-France. Le long du Saint-Laurent, Champlain établit ses comptoirs tandis que Jeanne Mance évangélise. Et toujours, sur les berges, un phoque rieur. Était-ce le même ? Cela paraissait bien improbable surtout que l'histoire retient peu les détails, elle préfère les grands faits humains aux sourires de phoques. Et la biographie de Cartier ne mentionnait aucun phoque, ni les livres de compte de Champlain. Le bréviaire de la très pieuse Jeanne ne contenait que prières, croyez-moi. Les phoques sont bien peu de choses aux yeux des historiographes.
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Petit phoque, tu me regardes tristement, et tes moustaches tombent soudain comme les branches d'un arbre fané. Es-tu comme moi, loin de ta femelle, déprimé ? Ballotté par les remous de ta vie plus que par le grand fleuve ? Petit phoque, je t'en prie fais-moi signe !
Pourquoi es-tu venu me rejoindre dans cette croisière ? Viens-tu comme moi à la rencontre des grandes baleines en transhumance ?
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Tu écris comme tu vis. Toujours tu compares ton existence aux paysages que tu traverses.
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de la vieille Europe, je t'offre de vagues souvenirs de vagues de sel; de cornes de brumes et de sable triste, des heures oubliées au coin des impasses peu sûres et de chemins perdus,
je t'offre l'agitation, je t'offre les matins de colère, les soirs d'indicible tristesse, je t'offre la vieillesse, le soleil plus tôt et l'hiver plus lâche, de pures antiquités comme des mouchoirs trop sales et les ruines mal faites que furent mon passé,
je t'offre ces paysages antiques de pétales d'acanthe, ces souvenirs lointains et pluvieux de territoires de paradoxe et ces chemins de partout qui mènent à Rome, de la vieille Europe, je t'offre ce troisième mouvement dissonant pour marche nuptiale
de la vieille Europe, je t'offre ton histoire, comme un passé manquant, un mensonge de racines, un lieu à oublier,
de mon pays d'automne, je te rapporte des coquillages de fête, de petits désespoirs pas bien méchants, de veuves mélancolies et des photos au soleil blanchissant,
de mon pays, je t'apporte un paquet de fables, toutes plus vraies que les légendes qu'elles t'inspirent, je pose à tes pieds quelques rues, un coin de lumière et deux ou trois passants,
de ma vieille Europe, je t'apporte trois fois rien, ni de regrets, ni des heures longuement passées à t'attendre, je t'effeuille les ciels en paysage que dessinent les nuages du mauvais vieux temps
de ma vieille Europe je t'apporte des mots étranges que
l'on trouve dans mes livres et que tu ne reconnais point,
des rires bien sages et quelque sentiment
je t'amène enfin les mots que j'ai tant de peine
Des mots, des mots et l'amour et la peur à te dire, et qui s'effondrent dans les gouffres béants du Saint-Laurent.
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je t'offre enfin au matin la course des écureuils qui fuient, qui fuient…
et les cris agaçants des mouettes pleureuses,
les longues voitures dans le sillage de ta silhouette
gratte-ciel
les voitures qui klaxonnent longuement quand tes jambes croisent l'asphalte de leur détour
je t'offre ce matin ces enfants à cloche-pied
sur le passage pour piétons
qui récitent leurs leçons en chantant 
et dans l'azur austère ces tours qui s'étirent
et ces griffes d'aurore dans le ciel indien je t'offre
je t'offre ta voix de violine, derrière de diaphanes vitrines,
ta voix qui tinte
comme un labyrinthe de lueurs
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C'est une nuit froide de février, où les vents du Labrador embarquent d'impalpables icebergs sur les berges du fleuve et les déversent comme une cargaison au plus profond de nos squelettes. Nos yeux s'embuent et l'alcool de nos remords y gèle comme une vulgaire flaque de boue. C'est le temps de cracher l'air, plus lourd que des cailloux, prisonnier de nos poumons, de nos narines et de nos lèvres.
Yeux de boue, salive de graviers, ainsi est ce soir le troubadour qui aime de loin.
C'est l'heure où ferment les Pubs à Montréal… il n'est plus temps pour les bars à danseuses, il me suffit d'écouter mes pas écraser la neige cendreuse jusque chez nous. Comme il est dur d'achever la nuit : solitude, signification, dignité, symboles, rêveries. Consommer le temps qui passe avec lucidité.
Il y aura encore un peu d'exil dans mon café demain matin.
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Dans la moiteur du Pub, j’enchaîne sur le papier encore quelques traits de lucidité : Enfin, pourquoi t’attardes-tu ici ? que fuis-tu ?  L'océan n’est-il pas partout le même, fait de la même ivresse, oui, un océan de Guinness.  N’est-il pas temps de décrire d'autres paysages, aller à la rencontre d'autres femmes, d’autres couleurs que le blanc ? Ne fait-il tout simplement pas trop froid à Montréal pour aimer ?

*

Non, ceci n’était pas une figure poétique, pour sûr qu’en ce moment, je préférerais oublier que vous convaincre mais les eaux du fleuve prenaient vraiment une forme pâteuse et brillante comme un suaire de soie précieuse où grimaçaient de vielles carcasses pourries.  J’ai l’imagination fertile et le verbe bien souvent racoleur mais pour le coup, j’avais peur et les vagues se riaient de mes angoisses.  Pourquoi les conteurs n’auraient-ils pas le droit d’avoir peur somme toute ?  Les mots et les sensations leur seraient-ils interdits sous prétexte qu’ils en tirent leur subsistance ?  Bref, les eaux s’épaississaient et mon effroi pareil.
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L'eau est le métronome du monde, goutte à goutte, le ciel s'emplit de souvenirs.
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Dormantes ou vives,
Longues comme fleuves,
Salées comme larmes,
Larges comme lacs,
Raide comme givre,
Ce recueil est dédié à l'eau,
Toutes les eaux.
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il y avait des hommes pour courir, pour admirer la nature et attendre que tournent les lunes. Il y avait des enfants pour jouer et des mères et des pères pour savoir et transmettre le savoir.
Hélas,plus tard arrivèrent les homme blancs, ceux qui se cachaient jusque-là derrière les portes des enfants. Ils vinrent griffer de leur galions le cours tranquille des eaux puis arracher aux phoques, aux loups et aux castors leur fourrure et les arbres aux forêts.
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