Côté polar…
Comme tout premier roman d'une série, c'est dense, très dense, et très fourni en informations qu'il faut emmagasiner afin de bien découvrir les personnages, le contexte, les liens et les lieux. Pas toujours facile de s'y retrouver au début, j'ai dégainé l'arme ultime de tout lecteur de polar nordique qui se respecte : le post-it ! Et j'ai noté et noté et noté… Les noms de personnages, les liens qu'ils ont entre eux, quelques mots sur leur vie, et j'ai enfin réussi à entrer dans l'histoire sans me sentir complètement perdue.
Si vous pensez que le Groenland n'est qu'un pays polaire et lointain où il ne se passe rien et où l'harmonie et les relations cordiales règnent en maîtres entre les habitants, vous avez tout faux ! le Groenland est statistiquement un des pays où il y a le plus fort taux de suicides, et où le taux de violences familiales est un des plus élevés au monde. L'isolement, le froid, l'alcool et les substances illicites forment un cocktail détonnant et sèment la zizanie au sein des familles. L'auteur l'a bien compris, et il l'exploite au maximum dans son roman.
Nous rencontrons rapidement le personnage principal de la série, Matthew, journaliste assoiffé de scoops, et au passé troublé par des drames personnels : son père a disparu alors qu'il était encore enfant sans jamais refaire surface, sa femme est morte alors qu'elle était enceinte de leur premier enfant… Un peu cliché je vous l'accorde mais l'auteur ne s'attarde pas vraiment dessus (et heureusement !). Matthew se voit déjà à la Une de journaux mondiaux lorsqu'un cadavre momifié est découvert prisonnier de la glace séculaire du Groenland. Ce cadavre ne sera pas le seul mort du roman, bien au contraire et contrairement à nombre de ses compatriotes auteurs, l'auteur n'y va pas de main morte avec le glauque, la violence et le sang. Si vous aimez le vrai polar, vous en aurez pour votre compte ici. C'est noir, c'est sombre, c'est lugubre comme la nuit polaire, c'est parfois dégueulasse quand ça touche à des thèmes aussi durs que l'inceste, les violences sexuelles et intrafamiliales, et pourtant ça sonne tellement juste, tellement crédible et désespérément actuel.
L'enquête est menée à un rythme intéressant, certains passages m'ont paru un peu longs et lourds mais je n'oublie pas qu'il s'agit du premier roman d'une série et que forcément, il faut en passer par-là pour poser solidement les bases pour les romans qui vont suivre.
Côté dépaysement…
Je m'intéresse toujours beaucoup aux pays que j'ai visités ou que j'envisage de visiter, le Groenland en fait partie et c'est mon rêve absolu de voyageuse de pouvoir y mettre un pied un jour donc forcément j'ai beaucoup apprécié le fait que l'auteur ancre solidement son intrigue polar dans la société groenlandaise qu'il décrit avec soin et détails. On y apprend non seulement le quotidien des habitants, mais également les traditions séculaires et les mythes qui persistent. Il y a, dans les différentes communautés qui peuplent le pays, un tiraillement perpétuel entre traditions et besoin de modernité.
Le Groenland fait partie intégrante de l'intrigue, les paysages et l'environnement sont décrits de manière majestueuse, vous n'aurez aucun mal à visualiser les paysages, à ressentir les émotions qu'ils procurent, et dieu que ça m'a fait du bien après plus d'un an sans voyager ! Sans jamais l'idéaliser, il nous décrit aussi la dureté des éléments et de la vie sur place, le froid, la nuit éternelle ou à contrario les jours sans fin, les villages isolés accessibles uniquement par bateau ou par avion. le tout, sans jamais prendre trop de place par rapport à l'intrigue policière, et ça, j'adhère !
Le mot de la fin
Si vous voulez du noir, du glauque, vous en aurez ici !
La fille sans peau n'est pas un roman à lire quand vous avez un petit coup de déprime.
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