AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de domi_troizarsouilles


J'ai lu il y a quelque temps « Surface » du même auteur, et j'avais adoré. Depuis lors, le premier opus de la trilogie qui l'a fait connaître était dans ma wish-list. C'est sur un coup de tête (et peut-être à cause d'un challenge) que je l'ai tout à coup acheté, et j'ai aussitôt commencé à la lire, pour le finir en à peine un peu plus de 24 heures !
Comme d'habitude, je n'ai pas pu m'empêcher de lire aussi quelques commentaires… et je vois avec un certain étonnement que c'est assez mitigé. Or, si je partage certains de ces points de vue, pour moi ce ne sont pas des défauts, je dirais même : « au contraire » !

Alors, c'est vrai : ce livre n'est pas un énorme coup de coeur comme l'avait été « Surface » (qui a donc été écrit plusieurs années après ce premier opus), mais il est quand même vraiment très bon ! D'abord, on ne peut que souligner ce que dit déjà le synopsis : on ressent indéniablement toute l'authenticité de ce polar. de façon très évidente, on « sent » que Olivier Norek sait de quoi il parle – bien sûr, un gros travail de recherche aurait pu conduire au même résultat, ou presque, mais ici il y a ce « petit quelque chose de plus » qui fait qu'on est plongé au coeur même de la vie d'un groupe de la Crime, avec son langage parfois cru, les illusions et les faiblesses de ses membres, leurs relations, et on y croit sans aucune hésitation.
Bien entendu, il ne suffit pas de pratiquer un métier pour en devenir un chantre qui se distingue… Or, là aussi, Olivier Norek fait la différence : dans son style incisif, percutant et (au risque de me répéter) très authentique, il parvient à créer une ambiance tout au long du livre, à susciter un intérêt qui ne se dément pas même s'il varie au fil des révélations. En peu de mots : c'est un style qui plaît, car il va à l'essentiel sans détour, et pourtant il présente des personnages avec tout ce qu'ils sont à un moment précis de leur vie, il les rend très réalistes et tout à la fois profondément humains. C'est un aspect que j'apprécie toujours beaucoup dans les romans policiers, et ici, il est maîtrisé de façon magistrale.
Pour moi, dès ce premier roman, un personnage tel que Victor Coste se hisse au rang de mes préférés, qui sont Adamsberg de Fred Vargas ou Martin Servaz de Bernard Minier.

Quant à l'intrigue même, elle se tient de bout en bout, au fil de révélations qui font froid dans le dos. On n'est pas dans ce genre d'affaire où le lecteur est invité à se poser des questions en même temps que les enquêteurs. Clairement, le but n'est pas d'emmener le lecteur à hasarder l'une ou l'autre hypothèse ou, si ça l'est, ce n'est que jusqu'à un certain point : le criminel nous est révélé dès la 3e partie - c'est-à-dire, en gros, dès le dernier tiers de l'enquête, alors que la police patauge encore… Et, à partir de là, on entre encore davantage au coeur de révélations terribles, trop choquantes pour avoir été purement inventées. En effet, le but de l'auteur semble bien davantage de raconter une histoire telle qu'elle peut se passer réellement. Et s'il maintient une ambiance constante assez dure, voire glauque par moments comme je disais plus haut, ce n'est pas tant pour le pur plaisir que l'on peut trouver à la lecture d'un thriller « classique », mais bien davantage pour immerger le lecteur avec lui dans ce quotidien dérangeant, fait de doutes, de séparations d'avec les gens qu'on aime car ce métier est inclassable et peut détruire à petit feu…

Mes seules réserves finalement – dont la première, dans une certaine mesure, vaut aussi pour mes préférés cités plus haut -, c'est que ce livre est très franco-français ! Bon, contexte oblige, il n'aurait sans doute pas pu faire autrement. Mais cette référence répétée au « 93 », comme si tous les lecteurs savaient instinctivement de quoi il s'agit, ça agace quelque peu la lectrice francophone mais pas française que je suis ! Certes, même depuis ma lointaine Bruxelles, j'ai entendu parler de la réputation sulfureuse de ce département proche de Paris… comme les Parisiens ont dû entendre parler de la commune bruxelloise de Monlenbeek-Saint-Jean, qui a tristement fait parler d'elle ces dernières années. Or, j'ai parfois eu le sentiment que l'auteur appuie un peu trop sur le cliché de la réputation de ce fameux 93, certes en douceur (j'ai lu bien des choses plus virulentes, ailleurs !), mais sans trop lui laisser la chance de montrer un quelconque autre visage… un peu comme si on venait me dire qu'il n'y a que des islamistes radicaux à Molenbeek et de baser toute une histoire là-dessus – on sait pourtant que ce n'est pas tout à fait la réalité, ou pour le moins pas aussi simple !
Et la seconde réserve, basée sur un aspect beaucoup plus masqué mais qui m'a également choquée, c'est que Olivier Norek fait quelquefois référence aux secrétaires, dans des contextes particuliers mais c'est chaque fois la même impression qu'il donne : systématiquement c'est une vision caricaturale très négative ! Je n'exerce plus ce métier (qui est ma formation de base) depuis plusieurs années, mais c'est clair que, avec une telle vision sur une profession pourtant tellement indispensable dans les rouages de tant d'entreprises ou de services publics, il ne faut pas s'étonner ensuite si lesdites secrétaires n'ont plus envie de sourire, d'être agréables ou de faire leur maximum pour certaines personnes…

Mais donc, à part ces deux petits points qui m'ont quelque peu gênée (mais que je n'ai pas ressentis du tout dans « Surface », par exemple, donc l'auteur s'est réellement amélioré là-dessus !), j'ai passé un excellent moment de lecture. le fait qu'on ne passe pas son temps à courir après un meurtrier ne m'a pas dérangée, car cet aspect « enquête co-menée par le lecteur » ne m'apparaît pas forcément indispensable dans un polar. Ici, l'intrigue est plutôt de l'ordre d'un récit très prenant d'un quotidien dur et sans illusions, avec des personnages très réalistes et profondément humains. C'est tout ce que j'aime dans un roman policier, avec en plus un climat de tension constante bien maîtrisé, c'est magistral.
Commenter  J’apprécie          80



Ont apprécié cette critique (7)voir plus




{* *}