Au coeur du Val-de-Saire, le petit bourg de Montfarville semble comme s'être assoupi autour de sa très vieille église.
"Robuste, massive, paysanne d'allure, avec sa nef du XVIIIème siècle et son clocher à bâtière du XIIIème, c'est une de ces vieilles églises, soeurs des vénérables chapelles marines et des antiques calvaires bretons".
C'est une tour à l'aspect sévère et imposant qui, dans sa majesté normande un peu raide, cache un véritable trésor : dix-neuf toiles du peintre cotentinais Guillaume Fouace en décorent la voute intérieure.
Au dessus du maître-autel se trouve la Cène ...
Ce petit ouvrage, tout gris, est ce que l'on appelle une "plaquette".
N'y apparaissent aucune mention du nom de son auteur, aucune date de publication et aucune référence à sa maison d'édition.
Le petit livre semble avoir remonté le temps en ayant tout oublié.
Pourtant ses quinze feuilles de papier cartonné regorgent de renseignements et d'indications historiques.
Le plaisir y est double.
Sur les quinze pages de gauche s'inscrit du texte.
Sur les quinze pages de droite figurent des illustrations, toutes de noir, de gris et de blanc.
Sur les trente pages, s'étale un mélange d'Art et d'Histoire.
Le petit ouvrage, vénérable et délicieux, se referme sur une courte biographie de l'artiste-peintre, Guillaume Fouace.
Il est enterré aujourd'hui, dans le cimetière de Réville, sous un beau marbre, le"Dernier sommeil", sculpté pour sa fille Béatrix morte à quinze ans.
Pour qui ne craint pas un petit voyage, pour qui aime l'originalité, le pittoresque et les vieilles églises, les toiles de Montfarville et la belle endormie de Réville méritent de retenir l'attention.
Pourtant, nous dit le vieux livre dans une dernière confidence, il faudra presser le pas, car, et l'on a le droit de s'en attrister, les peintures collées directement sur le mur où suinte l'humidité et attaquées par la moisissure, sont appelées à disparaître dans un avenir prochain*...
*Elles ont été restaurées plusieurs fois depuis.
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N'est-ce pas encore une curiosité que Fouace ait peint plusieurs de ses personnages sous des traits bien connus des montfarvillais de son époque ?
Dans "la guérison du paralytique", celui qui parle à Notre-Seigneur représente le curé, M. l'abbé Gouttière ; le vieillard aux cheveux blancs est le maire ...
O ma vieille bâtière
Aux contours bien seyants,
Que tu me parais fière
Du maître de céans !
En 1878, le curé de Montfarville, M. l'abbé Gouttière, fit un pèlerinage à Rome.
Vivement impressionné par la richesse décorative des sanctuaires italiens, il songea malgré lui à sa pauvre église dont la nudité lui faisait peine et déjà l'entrevit ornée de fresques ou de toiles, reproduction de scènes évangéliques ; mais à quoi bon, se dit-il, rêver l'irréalisable ? ...