Si l'on éprouve tant de mal à parler à ses enfants, c'est aussi qu'on ne peut rien leur dire. Dès que la vie tangue, mieux vaut se taire si l'on ne veut pas tourner à la caricature. Il n'y a de vie que privée, et sur celle-là, bouche cousue. Restent les principes, les idées générales, la marche du monde, et "Te-sens-tu-prêt-pour-ton-examen?" - autant dire la ronce, bonne à être arrachée.
Les vêtements étaient informes, comme les veut l'élégance de l'époque.
On répète volontiers à son fils : "Tu es chez toi, ici..." Mais le fait de le dire n'est-il pas déjà l'aveu d'une supercherie ?
Nous étions à la fin de janvier, dans ce creux de l'hiver où les courages s'épuisent.
Il faut s'aimer soi-même pour aimer l'être qui vous précède, celui qui vous suit. Cette chaîne des générations, qui a belle réputation et remue les coeurs, m'enchaîne sans me rassurer. Comment aimerais-je reconnaître chez d'autres les caractères que je suis parvenu à gommer en moi?
Depuis le temps que je me mets à table, je devrais avoir vidé mon garde-manger. Aussi n'est-ce pas en fouillant dans mes secrets que j'écrirai le récit qui commence ici, mais en jetant sur le papier, ambiguë, encore palpitante, une aventure vécue il y a quelques mois et dont les révélations me harcèlent.
On est sur de se rappeler chaque détail de la vie qu'en vérité huit jours dissipent à jamais.
Quand un enfant vous blesse, on saigne. On saigne tout le sang de sa douleur. On n'a nul recul, nul échappatoire.