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EAN : 9782246343318
349 pages
Grasset (26/08/1992)
3.56/5   25 notes
Résumé :

Le 26 septembre 1981 aurait dû être une journée ordinaire pour le docteur Fargeau si deux événements tout à fait inopinés - l'agression de sa maîtresse, l'accident de sa femme - n'avaient remis en question le sens de son existence. Le récit de cette funeste journée est ponctué par de nombreux retours en arrière qui reconstituent la vie de Fargeau : naissance en 1916, père prof d'histoire, am... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
A lire les sujets de ses romans, François Nourissier semblait se nourrir à deux mamelles : la critique de la France bourgeoise et le naufrage de la vieillesse. « le gardien des ruines » réunit impeccablement ces deux inspirations.

Dans les années soixante Albin Fargeau est médecin dans les beaux quartiers parisiens, époux de l'aristocrate Clémence du Juzy, père de Jérôme et amant de Véra. Tout semble pour le mieux dans une vie bourgeoise bien confortable, seulement Albin s'ennuie, erre dans sa vie, s'agace devant ses patients âgés.

Nourissier déroule ensuite la biographie de cet homme sans qualités, on le découvre velléitaire dès son plus jeune âge, étudiant peu impliqué, médecin militaire mollement prisonnier et amoureux tiède. Fargeau se glisse facilement dans le conformisme bourgeois de sa belle-famille, se laisse porter par la vie, ne vibrant que pour la politique dans laquelle il est, sans surprise, du camp des conservateurs.
Viendront les années quatre-vingt, le temps de la retraite où devenu veuf Albin Fargeau sera pris par la peur du vide et de la déchéance. Se retirant dans le village de Maussade (!) il s'attache à faire revivre une ancienne maison de charité dont il devient, comme de son corps, le gardien des ruines.

Grand roman classique à la française que pourrait avoir écrit Balzac, le gardien des ruines permet à François Nourissier de s'acharner sur l'esprit bourgeois sa victime préférée. Il le fait dans une langue magnifique, incisive et mordante qui crucifie en quelques mots : « Les de Juzy (..) soutenus qu'ils sont, comme par une bouée, par l'idée qu'ils se font d'eux-mêmes ». L'époque en prend aussi pour son grade, comme tous les ancêtres, Fargeau/Nourissier n'aime pas son époque et ne se gène pas pour le dire.

Mais le plus percutant du roman est la vision de la vieillesse livrée par l'auteur, il est sans pitié pour les défaillances du corps et de l'esprit. Il ne laisse passer aucun des renoncements qu'impose l'âge. le malheureux Albin, qui plus est médecin, examine en scientifique sa course à l'abime, il ne s'épargne rien pas plus qu'il ne s'apitoie ou ne se leurre. Nourissier est le chantre du muscle affaibli, de la mémoire défaillante et du sexe mou. A vous dégouter de vieillir mais à vous donner envie de lire avec un peu de masochisme.
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Ce livre m'évoque beaucoup de choses à titre personnel, reste à savoir s'il résonnera ainsi pour tous les lecteurs. Quoi qu'il en soit à travers une construction assez classique et malgré quelques scènes dont la raison d'être n'est pas évidente, la langue de l'auteur est magnifique et donne à penser sur la condition humaine, sur ce qu'est une vie quand celui qui l' "anime" (et encore est-ce un bien grand mot) disparaît.

Encore un livre trouvé dans une boîte à livres, que je n'aurais jamais lu si je ne l'avais pas découvert par hasard (Nourissier évoquant seulement pour moi une page du Figaro magazine auquel mes grands-parents étaient abonnés): une excellente méthode pour s'ouvrir l'esprit !
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Roman agréable à lire, dans lequel on retrouve Nourrissier avec ses qualités et ses défauts. Passionnante évocation de l'évolution de la société française, et plus particulièrement de la bourgeoisie, des années 30 aux années 90, à travers une galerie de personnages, dont un médecin parisien, assez veule et velléitaire. Quelques défauts de constructions, des scènes pas toujours compréhensibles, dont on se demande ce qu'elles apportent au récit...Le tout reste bien écrit et divertissant. Je recommande, en particulier à ceux qui aiment déjà Nourrissier.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Dans une petite rue, derrière le musée de Cluny, devant la façade aveugle et muette d'un bordel de dernier ordre, on avait assis deux femmes sur des chaises, en haut de quelques marches, où le trottoir formait une espèce de surplomb. Elles restaient exposées là comme autrefois elles l'eussent été au pilori. Les mains de l'une étaient liées derrière son dos, l'autre les avait posées sur ses cuisses marbrées de bleus. A toutes deux on avait arraché leurs vêtements, dénudés les seins. Des types montaient la garde autour d'elles, repoussant les excités d'une crosse négligente ; d'autres avaient fini de tondre la plus grosse, à laquelle ils peignaient maintenant une croix gammée sur le crâne, d'où lui coulaient sur le visage des bavures noires.
- C'est aux fesses qu'il faudrait la lui peindre !
On voyait des touffes de toison rousse sur le trottoir. Ils tenaient levée la tête de l'autre en tirant ses cheveux et bonimentaient à gros mots sales. Les ciseaux, que manipulait une sorte de larve en culotte de golf, ne parvenaient pas à trancher la tignasse noire. On vit surgir une de ces cisailles qui servent à élaguer les haies, qu'on se passa sous les applaudissement. Un type tira plus fort sur les mèches qu'il avait saisies à pleine main et la femme fut légèrement soulevée de la chaise ; elle gémissait , de façon un peu ridicule, de sorte qu'on ne la prenait pas en pitié. En quelques claquements , les deux énormes lames firent de la malheureuse un épouvantail, dont, s'écartant, les deux hommes montrèrent aux spectateurs le visage livide, bosselé de coups, les yeux fous.
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De toute façon, Mme du Jusy n'était pas douée pour l'admiration. Les premières voix qui prêchaient la collaboration lui parurent communes ; les visages des messieurs de Vichy, revanchards et contraints, ne lui inspiraient pas confiance. Des blafards, des fesses-serrées, des tard-venus. Elle avait jubilé quand les murs de Paris s'étaient couverts de cette affiche jaune où Marcel Cachin, le moustachu communiste, avec sa tête de bon bourrelier de village, appelait les ouvriers français à fraterniser avec les soldats allemands. La preuve était faite et la trahison consommée.
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- Sais-tu que certains prisonniers rapatriés arborent une espèce d'insigne ? Un bout de fil de fer barbelé, tu te rends compte... Destiné sans doute à proclamer la gloire de s'être fait poisser par les frisés.
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Video de François Nourissier (48) Voir plusAjouter une vidéo

Albert Cohen ; 5 et dernier
Albert COHEN : entretien avec François NOURISSIER, Jean Didier WOLFROMM, Françoise XENAKIS, Robert SABATIER et le Révérend Père Lucien GUISSARD à propos de ses livres testaments : sa passionjuive, ses occupations entre la composition de deux livres ; ses goûts littéraires. Pense que les femmes sont inférieures dans le domaine de l'action littéraire (tient des propos désagréables sur...
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