Ce qui m'a attirée, c'est la couverture.
Ah, ce grand, cet immense chien vautré/plié/calé dans ce fauteuil… irrésistible !
Et le titre,
L'ami, irrésistible aussi.
Mais de qui va parler
Sigrid Nunez, de cet ami qui s'est suicidé et de l'absence insupportable qu'il laisse dans sa vie, ou de l'encombrant chien danois qu'il avait adopté et qu'elle va prendre avec elle dans son minuscule appartement new-yorkais, dont le bail interdit formellement les chiens ?
Eh bien mais les deux, mon capitaine.
Elle s'adresse directement à son ami, lui parle forcément du chien Apollon.
Et ça donne de beaux passages à propos de
l'amitié entre cette auteure et enseignante et son mentor auteur et enseignant, toutes ces choses que savent les amis mais pas forcément les autres, et tout ce qu'ils croient savoir mais en quoi ils se trompent aussi.
Quelques extraits relatifs au chien sont assez touchants également.
Mais bon, le schéma reste très très conventionnel et frôle souvent la caricature, qu'il s'agisse du portrait de son ami et de leurs relations, de leurs angoisses d'écrivains, de leur lassitude d'enseignants (ils enseignent tous deux l'écriture à l'université, et là je lève les yeux au ciel…), ou des remarques qu'elle entend quand elle promène ce très grand chien qui-n'a-rien-à-faire-dans-une-grande-ville et de son inquiétude quand elle voit que le chien ne se fait pas de copain au parc pour chiens (là, je lève encore les yeux au ciel et je pousse un gros soupir...).
Avec ça, pour rester dans la simplicité, c'est truffé de citations, à croire qu'il est impossible à la narratrice d'avoir une opinion ou d'éprouver quoi que ce soit qui ne se réfère à tel roman, philosophe, auteur, film…
Bref, on assiste à une discussion à bâtons rompus, on saute du coq à l'âne, on passe d'un sujet à l'autre, avec une certaine platitude qui m'a laissée complètement en dehors de la conversation, et loin de la perte ressentie par la narratrice, sauf…
sauf dans les cinq derniers mots du texte…
Je suis déçue, le sujet me semblait en or, et ce chien, là, cet immense danois blanc tacheté de noir dans son fauteuil, vautré/plié/calé, me laissait espérer autre chose.
Dommage.