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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est fou ce qu'une statue exposée au centre d'un village, et habituellement plus utilisée par les pigeons qu'admirée par les passants, indifférents parce qu'accoutumés à la côtoyer, ou ignorant de sa raison d'être, peut receler de secrets enfouis propices à titiller l'imagination et la verve créative d'un auteur !

Ignorée et méconnue, et pourtant, Choulier, le modèle, eu son heure de gloire dans le village. Linguiste fantasque, il décida un jour de fuir Paris et la Sorbonne pour la province, en compagnie d'un collègue, Meinhof, afin de profiter du calme ambiant pour chercher l'idée du siècle ! Les deux hommes emménagent dans une vieille bâtisse en ruine et après quelques travaux et l'aide d'une femme de ménage , ils n'ont plus qu'à attendre l'irruption d'une étincelle de génie …

L'histoire retrace donc la vie du linguiste dans les années 30 jusqu'à l'après guerre. On pense un peu à Bouvard et Pécuchet, à ceci près que les deux héros du Mode avion sont monomaniaques et ne se dispersent donc dans des activités aussi variées qu'éphémères.

Les anecdotes comiques pullulent et il faudra arriver à la fin pour comprendre le lien de l'auteur avec cette histoire. On sourit aussi à ce clin d'oeil qui fait d'un Saussure un Choulier !


Beaucoup d'humour, une sorte de caricature (mais à peine) du milieu universitaire en mal d'inspiration, en font un roman réjouissant et original de cette rentrée.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Le narrateur, au chômage, décide d'enquêter sur Étienne Choulier, linguiste émérite, dont l'imposante statue orne le rond-point de Fontan, juste en face de la pharmacie de sa grand-mère. Pascal, l'ancien instituteur, du village lui de parle l'homme en ces termes : « Je dis toujours que c'est le patron du village ! C'est en tout cas notre saint à nous, les intellos, grâce aux deux théorèmes qu'il a trouvés quand il vivait au mas Chinon. » Voilà ce que le narrateur découvre au tout début de son enquête. Étienne Choulier et Stefán Meinof, deux jeunes professeurs de grammaire, tous deux dans la trentaine, passionnés par le langage et la linguistique, rêvent de découvrir quelque chose de nouveau qui leur permettra de passer à la postérité. Ils s'ennuient à la Sorbonne et décident de s'installer loin de Paris, dans un village isolé, pour mettre toutes les chances de leur côté. Nous sommes en 1937. Pleins d'enthousiasme, ils épluchent tous les savants ouvrages qu'ils ont pu apporter avec eux, mais ne trouvent rien… Et puis voilà qu'une nuit, alors que Choulier revient du bistrot le Creuset (!) où il a ses habitudes, il fait une vraie découverte.
***
J'ai beaucoup souri et même parfois ri en lisant cet inclassable roman. Arrêtez-vous à la table des matières : vous constaterez que les trois parties font référence au confinement (volontaire chez nos deux héros) et que les jeux de langue y sont déjà présents. Les vaines recherches de ce duo se révèlent très amusantes pour le lecteur qui sera mis en présence de savants linguistes et de poètes magnifiques, aussi célèbres et reconnus les uns que les autres, les chanceux ! Ces lectures donnent lieu à un florilège de citations parfois concomitantes, parfois contradictoires. Les nombreux aphorismes des héros comme ceux du narrateur sont à la fois drôles et profonds. J'espère que vous prendrez autant de plaisir que moi en savourant certains morceaux de bravoure : les carnets d'Étienne Choulier, la vanité des records, la polysémie de certains mots (affiche, babouin, branlette, camion, etc.), sans oublier bien sûr les deux théorèmes avec leurs hilarantes explications. Mais la virtuosité de l'écriture n'est pas le seul atout de ce roman. La vacuité de certaines recherches, une amusante critique des universitaires, l'émulation, la rivalité, la jalousie, l'occupation de certains villages de Savoie et les répercussions sur les habitants, autant de thèmes abordés ici avec une fausse légèreté. Je vous avoue que je me suis bien amusée !
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Me voilà replongée dans mes années d'études, lorsque je bûchais sur la linguistique « synchronique » et faisais miennes toutes les analyses de linguistes réputés, comme les différents sens du « mais » ou du « et », et je peux vous assurer que les subtilités de la langue française m'ont été dévoilées jusqu'à plus soif. Maintenant, je ne sais pas si j'en ai gardé une quelconque réminiscence… En tout cas, cela me faisait déjà sourire de voir que d'éminents professeurs adoraient se pencher sur des détails qui me semblaient si peu importants dans la vie quotidienne.

Laurent Nunez n'a pas dérogé à la règle, et je me suis amusée à lire les théories linguistiques de ces deux amis, professeurs et grammairiens à la Sorbonne, complètement « en mode avion », isolés de la société des mortels dans un mas près de la frontière italienne, à la recherche de cette idée géniale qui bousculerait les codes de la langue française.

Entendons-nous bien : j'ai adoré suivre avec attention le déploiement de leur théorie et de leurs exemples, mais leur comportement en général ne m'a pas passionnée. Ils cherchent, ils cherchent, ils cherchent…pendant des années LA théorie révolutionnaire. Donc ils mangent, ils jardinent, ils lisent, ils réfléchissent, ils dorment. Ils attendent.
Et quand ils ont trouvé, encore faut-il qu'on leur réponde. Nous sommes en pleine guerre. Nos hommes l'auraient-ils perdue de vue ?

En ce qui les concerne, le confinement est total, à part la jeune fille qui vient leur préparer à manger, laver la maison et tout mettre en ordre. Cette jeune fille, d'ailleurs, n'est pas si insignifiante qu'il n'y parait. Et je prends l'adjectif « insignifiant » dans toutes ses acceptions. N'oublions pas que nous sommes chez des linguistes…

Donc, mon avis est assez mitigé : oui à l'humour, oui à cette idée géniale de rire gentiment de ces universitaires vivant dans leur monde, « fétichistes du mot » dixit l'auteur, oui à ces théories coupant les cheveux en quatre et bien jubilatoires (qui me rappellent, comme je l'ai dit plus haut, mes années d'études ! ) ; mais non à la description monotone du quotidien des deux professeurs.

Je vous avoue quelque chose, à ma plus grande honte : savez-vous que j'ai été fouiller Wikipedia à la recherche de Choulier et de Meinhof ?
Ce Laurent Nunez, par contre, est bien réel, et je me suis empressée d'ajouter ses autres livres dans mon pense-bête !
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Se mettre au vert pour faire de la grammaire !
Bloquer sa vie en mode avion.

En 1935, c'est l'insolite challenge que deux professeurs émérites de la Sorbonne entament, en formant une colocation tragicomique dans une ferme du sud de la France, qui menace ruine.
Réfléchir, toujours et encore, pour être celui qui imaginera une nouvelle théorie linguistique et atteindre, tel le Graal, la Renommée et la connaissance.

Un livre qui peut paraître abscons mais qui très vite se lit avec un sentiment de burlesque et d'intelligence mêlés. On déguste cet essai littéraire avec gourmandise pour son érudition sans prétention, ses trouvailles, et ses personnages décalés, hors du réel, mais rattrapés par la réalité de la vie.
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Laurent Nunez nous offre un amusant roman, un mémorable voyage dans l'univers linguistique de deux jeunes bonshommes qui nous rappellent en nous faisant sourire les Bouvard et Pécuchet de Flaubert. Ici, on est à la fin des années '30 et on trouvera Choulier et Meinhof, ils ne sont pas copistes, mais linguistes enseignant la grammaire à la Sorbonne. Ils ne se sont pas reconnu par leurs noms inscrits dans leurs chapeaux respectifs, mais parce que, tous deux voyaient le langage et voulaient trouver. Ces deux-là se concevaient comme des aventuriers modernes, comme de grands explorateurs.

Devant les découvertes de l'époque, ils ne rêvaient que d'ajouter leurs pierres, d'inscrire leurs noms à la liste des savants qui ont contribué à l'avancement de la connaissance. Ils se réfugient à Fontan, dans les Alpes-Maritimes («[...] c'était plutôt une ancienne ferme grise et sale, faite à la hâte et à la chaux.»), un lieu qui vaut bien la ferme à Chavignolles dans le Calvados de Bouvard et Pécuchet. Ils y sont en mode avion, à l'abri de la réalité, à l'écart du monde, dans un interstice de l'univers qui permettra selon eux d'établir leurs grandes théories, celles mêmes qui révolutionneront la société linguistique. Ce sera « la théorie chrono-linguistique » et, plus tard, « l'appel d'air linguistico-sexuel ».

Voilà l'histoire d'une amitié linguistique et littéraire mise à mal par la pression d'éventuelles publications, le monde de la recherche comme on ne l'a jamais vu, un délice de lecture.
Lien : https://rivesderives.blogspo..
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Comme d'autres je me suis laissée embarquer dans cette quête, je me suis jointe à la vie hors du monde et du temps de ces deux phénomènes...c'est drôle, bien écrit, et oui on pourrait croire que c'est vrai !

Je recommande.

Et pourquoi 250 caractères ??? alors que d'autres ont déjà raconté l'histoire...
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Deux chercheurs en linguistique quitte leur Sorbonne pour un mas dans les Alpes-Maritimes histoire de trouver le calme nécessaire pour trouver en eux l'idée géniale qui révolutionnera la linguistique et fera d'eux, Choulier et Meinhof, des Hommes illustres car ils en sont certain nos Bouvard et Pécuchet : ils le méritent. Mais l'idée tarde à venir, alors que l'orage gronde au loin...
Un récit rondement mené, aussi cocasse qu'intelligent - je m'en suis véritablement délecté.
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Etrange OVNI que ce mode avion ! Ce mode de pause hors ligne qui n'empêche pas un fonctionnement autonome.
Brillants et jeunes étudiants puis professeurs de grammaire à la Sorbonne, Choulier et Meinhof plaquent la bibliothèque Saint-Geneviève et ses honneurs parisiens à la veille de la Seconde guerre mondiale pour un microscopique village des Alpes-Maritimes afin de se consacrer à une grande découverte qui doit, espèrent-il, révolutionner le monde.
D'une plume alerte et caustique, Laurent Nunez nous conte les affres de cette recherche mais aussi de l'intégration de deux intellectuels pur jus à une terre aussi austère que rude. Duo improbable, parfois complémentaire, parfois concurrentiel, les deux hommes cherchent chacun à leur manière une certaine forme d'absolu alors que le monde s'effondre autour d'eux sans qu'ils ne s'en aperçoivent ou s'en inquiètent.
Léger dans son style, sophistiqué dans sa structure, profond dans son propos, « le mode avion » démontre par l'absurde combien une passion change une destinée autant qu'elle isole les êtres.
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L'auteur s'est amusé, et c'est un styliste hors pair qui nous régale, à raconter les aventures de deux savants, Bouvard et Pécuchet modernes criants de vérité, se confinant dans les années 30, afin d'élaborer de nouvelles théories et révolutionner la science à la fois la plus vieille et la plus jeune du monde, la linguistique. S'ensuivent des péripéties savoureuses et tragicomiques des deux compères, illustrant l'adage "Les hommes sont grands par ce qu'ils cherchent, et petits par ce qu'ils trouvent".
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C'est un roman plein d'humour, dans lequel on suit le parcours de 2 professeurs de grammaire enseignant à la Sorbonne. Un jour, ils plaquent tout pour s'isoler (se confiner, se mettre en mode avion), et trouver L'IDEE qui leur apportera la reconnaissance de leurs pairs.

Leur errance intellectuelle les plonge dans divers états, met à l'épreuve leur amitié. Cet isolement les fait également passer à côté d'un événement historique majeur, ce qui est sidérant autant qu' "hilarant".

Ce livre est un roman, mais tient aussi de la parodie ou de l'essai litteraire. L'émulation intellectuelle est au coeur du livre. D'où vient une idée ? Comment reconnaître une bonne idée ? le roman repose lui-même sur une théorie qui nous est dévoilé dans les toutes dernières lignes et c'est bien vu !

Il y a un ton, un style vraiment original dans ce livre sérieux et drôle à la fois. C'est ce qui m'a plus dès les premières pages.
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