AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,18

sur 11 notes
5
3 avis
4
2 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
Autrefois, naguère, alors étudiant au collégial, dans un cours de littérature, on m'a demandé, plus d'une fois, d'interpréter des oeuvres, d'exprimer ce que l'auteur a bien pu vouloir dire dans le texte qu'il nous a livré. Je me suis toujours opposé à cette façon d'aborder un texte, prétextant que chaque lecture est en elle-même une oeuvre de création et qu'il n'existe donc pas d'interprétation canon d'un roman, d'un poème ou de toute oeuvre écrite. Je me souviens qu'en équipe, nous avions eu à présenter la lecture d'une oeuvre poétique. Après que nous en ayons fait la lecture à haute voix, l'enseignante nous en réclamait l'analyse. Nous avons alors refusé de fournir une analyse autre que celles que chacun des auditeurs de la classe avait spontanément faites à l'écoute du texte. Je ne crois pas que ce fut bien reçu de la part de l'enseignante.

Tout cela pour dire que l'analyse littéraire formelle, scolastique et dogmatique ne m'intéresse point. Mais le jeu auquel se livre Laurent Nunez dans L'énigme des premières phrases est tout autre, même s'il emprunte à l'analyse littéraire le langage ainsi que la forme. Cela est réalisé avec une approche ludique telle que la réception ne peut qu'en être teintée. C'est donc avec une ouverture de bon aloi que je me permettais de passer d'un chapitre à l'autre, d'une décortication de première phrase à une autre, de « Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. » de Camus à « Doukipudonktan, se demanda Gabriel excédé. » de Queneau. Nunez détricote ces incipits connus ou d'autres qui le sont moins, en cherchant de mot en mot, littéralement, un sens que le lecteur qu'il est peut lui attribuer et relire ainsi l'oeuvre entière dans le germe que constitue cette première phrase. Certains y voient peut-être une oeuvre d'érudition, j'ai voulu y voir une expédition jubilatoire dans l'univers littéraire. Collectionneur à mes heures de premières phrases, je ne pouvais d'aucune façon y être insensible.
Lien : http://rivesderives.blogspot..
Commenter  J’apprécie          100
Pour tout étudiant en littérature, ou prof, ou simple amoureux des livres, un ouvrage infiniment précieux : il décortique mot à mot avec patience, avec finesse, mais en s'appuyant sur beaucoup d'érudition, quelques uns des ‘ incipit ‘ les plus célèbres de notre littérature dans leurs sous-entendus, leurs parti- pris théoriques, et ce qu'ils annoncent de l'oeuvre.
Un ouvrage que pour ma part j'ai lu avec passion.
J'ai pourtant deux reproches ( mineurs) à faire à M. Nunez: d'abord un abus de mots savants, vraiment très très savants. Empruntés à tour de bras à la rhétorique, la linguistique, la sémantique, la pragmatique , et autres branches et branchettes hyper- spécialisées des sciences du langage. Mais on avouera que ce n'est très grave: les dictionnaires existent, Wikipedia aussi. Et puisque ces mots existent, autant les utiliser. Pour le lecteur, en outre, ce n'est pas plus mal de se frotter à des concepts oubliés, parfois même jamais rencontrés,

Ce pouvait être également un reproche ( affectueux), et finalement ce n'en sera pas un: je m'étais habituée à retrouver, au début de chaque nouvelle étude, une petite formulette rituelle amusante (‘'Prenons notre temps, c'est la pause-cigarette.... Prenons notre temps, le jardin est en fleurs ‘').
Or ce petit clin d'oeil au lecteur, manque en deux endroits: au début du chapitre Aragon (consacré au poème La Halte de Collioure) et au début du chapitre Barthes ( Vita Nova, qui est un non-roman , sans incipit puisqu'on n'en connaît que les plans préparatoires).

Dans un premier temps , je dois l'avouer, je me suis sentie un peu frustrée.
Il me semblait que c'était comme un défaut d'attention , un trébuchement dans la composition de l'ouvrage. Une rupture du pacte.... rythmique. Puis j'ai subodoré que tout au contraire l'absence de cette formulette devait être là pour signaler quelque chose: ainsi, pas de petite phrase magique pour Vita Nova puisqu'y a pas, n' y a jamais eu d'incipit. Et pas non plus pour La Halte de Collioure puisque tout l'objet du chapitre est de démontrer l'existence d'un vers faux, voulu et maintenu par le poète, et bien sûr particulièrement signifiant.Et donc, précisément, la rupture d'un pacte rythmique.

De sorte que le simili -reproche se transforme en satisfecit: monsieur Nunez, quel sens du détail. Vous êtes vraiment très fort!

Mais quand même...quand même...À la page 182, un ‘'ils ne s'écrirent même plus ‘' qui m'a fait lever un sourcil ( Moi je connais que ‘'écrivent'' et/ou ‘ écrivirent ‘).
Commenter  J’apprécie          90
Oscillant entre surinterprétation (il s'en défend bien) et enquête scrupuleuse (avec un grand talent), Laurent Nunez s'attaque aux premières phrases mythiques de la littérature.

C'est cultivé, sagace, malin, drôle, un tantinet élitiste et référencé

Un reproche ? C'est presque trop, mais c'est si bien fait !
Lien : https://www.noid.ch/lenigme-..
Commenter  J’apprécie          60
Très beau livre qu'une amie m'avait recommandé il y a quelques années. Parfois un peu technique sur le plan du vocabulaire (ça m'a rappelé mes études de stylistique) mais globalement très accessible. Intelligent, amusant, parfois brillant : une relecture d'incipits célèbres qui incite à mieux relire les romans et à prendre le temps de déguster chaque phrase - au moins, la première ! Don Juan, L'Etranger, Zazie dans le métro… Un plaisir de les redécouvrir grâce à cette lecture très stimulante.
Commenter  J’apprécie          10
Ce livre est une pépite d'analyse littéraire, il nous plonge dans les grands classiques de la littérature française à travers l'exploration de leurs premiers mots.
Chaque chapitre est consacré à un classique en particulier. Les premiers mots de chaque oeuvre s'avèrent toujours riches de sens pour éclairer la démarche de l'auteur et appréhender son univers.
La lecture est facile, gourmande et nous permet de découvrir ou de redécouvrir avec plaisir des monuments de la littérature.

Ce livre est essentiel pour des élèves de première qui préparent le bac de français mais il s'adresse vraiment à un large public, c'est une balade sympathique dans notre histoire littéraire.
Une vraie lecture coup de coeur en ce qui me concerne !
Commenter  J’apprécie          10
Incipit, en latin : ça commence. La première phrase de 18 romans analysés mot pour mot. La plus célèbre est évidemment le début de “Du côte de chez Swann”, le premier volume de “A la recherche du temps perdu” de Proust… “Longtemps, je me suis couché de bonne heure”. Mais, l'analyse de tous ces autres incipits est merveilleuse. Une vraie prouesse de prendre chaque mot et d'en dénicher le sens. On pourrait affirmer que l'analyse va trop loin, frise l'absurde, pourtant, c'est tellement poétique et léger. C'est un livre qu'il faudrait lire avec un dictionnaire de linguistique : prosodie, ostranénie, trochée, anapeste, anacoluthe, synérèse, mais en se laissant glisser sur ces mots, le texte reste magique. Très belle lecture.
Lien : https://redheadwithabrain.ch..
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (36) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

amoureux
positiviste
philosophique

20 questions
852 lecteurs ont répondu
Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

{* *}