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Critique de YANCOU


YANCOU
30 septembre 2022
Parmi tous les titres recommandés par Susan, je ne me souviens pas d'un seul livre que je n'ai pas été contente d'avoir lu. L'une des dernières fois où je l'ai vue, elle n'arrêtait pas de parler des Emigrants de W. G. Sebald. Les Émigrants deviendrait l'un de mes livres préférés, et je subirais l'influence marquante de Sebald – encore un auteur que Susan m'aura fait connaître. » C'est Sigrid Nunez qui l'écrit dans cette nouvelle édition de Sempre Susan, les « souvenirs sur Sontag » de celle qui fut sa secrétaire, la petite-amie du fils de Sontag – David -, mais aussi son amie (jusqu'à la mort de Sontag en 2004, des suites d'une leucémie), sa Galatée même, si on ose seulement imaginer Susan Sontag en Pygmalion (en lieu et place d'un dragon irascible pour son entourage comme pour le commun des mortels qu'elle côtoyait au restaurant, dans la rue, les universités, etc.) Sigrid Nunez – par ailleurs l'auteure d'un excellent roman «intitulé « L'ami » - ne tari pas d'éloge envers sa mentor intellectuelle mais, par mille et une anecdotes, n'épargne pas non plus cette femme au tempérament égoïste et snob, new yorkaise jusqu'au bout des ongles (mangeant tous les jours des repas préparés ou au restaurant et incapable de se cuire autre chose que des soupes Campbell), romancière aux textes laborieux mais qui tenait à ce statut plus qu'à celui d'essayiste, l'amatrice vorace de cinéma dont les propres films avaient été très mal reçus (et c'est peu dire) par le public comme la presse. Mais Susan Sontag, dans l'intime, ce fut aussi l'amie et l'amante de Joseph Brodsky, une grande lectrice qui adorait l'Europe, celle de Calvino, Hrabal, Handke, Stanislas Lem aussi. Ce portrait riche et généreux, tendre et cru à la fois, est le compagnon idéal des entretiens parus sous le titre Tout et rien d'autre, qui disait déjà beaucoup de cette femme qui voulait rester en éveil, s'émerveiller encore et encore au contact de l'Art, fréquenter les marginaux et la jeunesse, quitte à se montrer au fameux CBGB de New York pour un concert des Ramones, surplombant les punks comme une bonne mère surveillant - tout en s'amusant - sa progéniture agitée. Une ode à l'intellect et à la culture et un livre qui fait honneur à Susan Sontag dans toute sa complexité et ses incohérences parfois.
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