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Citations sur Hamnet (151)

Tout à coup, le simple fait de respirer semble difficile. L’air qui flotte dans le hall est aussi chaud que dans un four, chargé de particules. Sa poitrine lutte, mais l’oxygène n’entre pas. Son regard reste rivé sur la page, relit les mots, une fois, deux fois. La blancheur du papier semble palpiter, pure et aveuglante, avant de disparaître derrière les traits noirs des lettres.
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Le nuage au-dessus de sa tête s’assombrit, empeste de plus en plus. Agnes aimerait poser la main sur son bras, aimerait lui dire, Je suis là. Mais si ses mots ne suffisent pas ? Si le baume qu’elle voudrait être ne fonctionne pas sur ce mal sans nom ? Pour la première fois de sa vie, elle ne peut aider quelqu’un. Ne sait pas quoi faire. (…)
Tandis qu’elle ramasse les assiettes, Agnes s’étonne, qu’il est facile de passer à côté de la douleur, de la colère qui peuvent habiter quelqu’un, surtout si cette personne ne dit rien, les garde pour elle comme une bouteille trop bien fermée où la pression s’accumule, s’accumule jusqu’à ce que… quoi ?
Agnes ne le sait pas.
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Plus tard, Agnès sera gagnée par une certitude qui plus jamais ne la quittera : serait-elle partie à cet instant, aurait-elle récupéré ses sacs, ses plantes, son miel et repris le chemin de sa maison, aurait-elle écouté le malaise qui, brusquement, s’était emparé d’elle, ce qui s’était passé ensuite ne serait pas arrivé. Aurait-elle laissé les abeilles bourdonner dans leur coin, régler toutes seules leur problème au lieu d’aller leur souffler des mots de réconfort pour les reconduire à leur ruche, Agnès aurait déjoué le sort.
Elle ne fait rien de tout cela, cependant.
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"Le silence enfle ; il s'étire, les enveloppe tous les deux ; il possède maintenant une silhouette, une forme, des tentacules qui s'agitent, comme les fils d'une toile d'araignée détruite"
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Agnes, comme toutes les mères, projette constamment ses pensées vers ses enfants comme on lance une canne à pêche, se remémorant où ils se trouvent, ce qu'ils font, comment ils se portent. Par habitude, lorsqu'elle est assise près de la cheminée, une partie de son esprit est toujours occupée à les recenser, à récapituler ce qu'il font : Judith est là-haut. Susanna, à côté. Et Hamnet ? Son esprit lance la ligne, lance, interloqué lorsque rien ne mord à l'hameçon. Cette réponse ne cesse de lui revenir : Hamnet est mort, est parti. Et Hamnet ? demande à nouveau son esprit. Est-il à l'école, en train de jouer, de se promener près de la rivière ? Hamnet ? Hamnet ? Où est-il ?
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Parfois, alors qu'il entend sa troupe répéter ses répliques, lui vient l'impression d'avoir obtenu un résultat proche de ce qu'il visait; mais parfois encore, quelque chose lui dit que son objectif est complètement manqué. Cette pièce est bonne, mauvaise, un peu des deux. Comment le dire? Lui ne sait faire autre chose que noircir des pages - pendant des semaines et des semaines, il ne fait que cela, quitte à peine sa chambre, se nourrit à peine, ne parle presque à personne - et espérer que ses flèches atteignent leur cible. La pièce, dans toute sa longueur, occupe son esprit. Se tient là, en équilibre, comme un lourd plateau posé sur un seul doigt. Le texte coule en lui - celui-là plus que tout autre - comme le sang dans ses veines.
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- Tu sais, dit-il en se laissant tomber sur le matelas.
Le plaisir que j'ai toujours eu à te surprendre ne s'est pas émoussé. Ce plaisir rare, exceptionnel.
- Que veux-tu dire ?
- Que tu n'as pas idée de ce que peut être la vie auprès de quelqu'un comme toi, répond-il.
- Comme moi ?
- Quelqu'un qui sait tout sur vous, avant qu'on le sache soi-même. À qui un seul regard suffit pour deviner vos plus grands secrets. Capable d'anticiper la moindre de vos paroles - et même ce que l'on ne dit pas. Cette vie, dit-il, est tout à la fois une joie et une malédiction.
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Ses paupières gris violacé ont la délicate couleur des pétales des premières fleurs de printemps. Agnes les a elle-même fermées. De ses propres mains, de ses propres doigts, ces doigts qui ne lui avaient jamais semblé si chauds et si glissants, si inaptes à accomplir cette tâche - comme il a été difficile de poser ces doigts tremblants et mouillés sur ces paupières si chères, si connues qu'Agnes aurait pu les dessiner de mémoire pour peu qu'on lui ait donné un bâton brûlé au bout. Comment se peut-il qu'un parent ait un jour à clore les paupières de son enfant mort ?
Comment est-il possible d'aller chercher deux pièces pour les poser là, sur ces globes oculaires, afin de maintenir les paupières ? Comment peut-on demander à quelqu'un de faire cela ? Cela n'est pas dans l'ordre des choses. Ne peut pas l'être.
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Agnes, comme toutes les mères, projette constamment ses pensées vers ses enfants comme on lance une canne à pêche, se remémorant où ils se trouvent, ce qu'ils font, comment ils se portent. Par habitude, lorsqu'elle est assise près de la cheminée, une partie de son esprit est toujours occupée à les recenser, à récapituler ce qu'ils font : Judith est là-haut. Susanna, à côté.
Et Hamnet ? Son esprit lance la ligne, lance, interloqué lorsque rien ne mord à l'hameçon. Cette réponse ne cesse de lui revenir : Hamnet est mort, est parti.
Et Hamnet? demande à nouveau son esprit. Est-il à l'école, en train de jouer, de se promener près de la rivière ? Hamnet ? Hamnet ? Où est-il ?
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Les pensées, dans la tête d'Agnes, s'étirent, puis se rétractent, s'étirent puis se rétractent. Elle se dit :
Cela n'est pas possible, cela n'est pas possible, comment vais-je continuer à vivre, comment allons-nous faire, comment Judith pourra-t-elle le supporter, que vais-je dire aux gens, comment allons-nous continuer, qu'ai-je fait, où est mon mari, que dira-t-il, comment aurais-je pu le sauver, pourquoi ne l'ai-je pas sauvé, pourquoi n'ai-je pas vu que c'était lui qui se trouvait en danger ? Et puis, les pensées se rétractent, et Agnes se dit : Il est mort, il est mort, il est mort.
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