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EAN : 9782896945474
504 pages
Alto Editions (12/10/2022)
4.04/5   50 notes
Résumé :
Enfant gâtée et charismatique d’un baron du sucre, Marie Antoine est la reine des gamins du Mile doré. Jusqu’à ce jour de 1873 où elle fait la rencontre de la sombre et brillante Sadie Arnett. Elles se lient aussitôt d’une amitié tumultueuse qui les poussera vers des jeux de plus en plus dangereux, au point où on jugera nécessaire de les séparer.

Chacune de leur côté, les deux filles traversent leur adolescence, dansant entre innocence et dépravation.... >Voir plus
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Montréal. Marie Antoine et Sadie Arnett ont douze ans lorsqu'elles se rencontrent dans un parc, en 1873. La première est blonde, aux yeux bleus et a un teint de porcelaine. La seconde est brune, aux yeux sombres et a des lèvres d'un rouge vermillon. L'une est qualifiée de charmante, l'autre de diabolique. Malgré les apparences, elles se ressemblent, énormément, dans le secret de leur coeur. Aussi, elles nouent une amitié fusionnelle et multiplient les jeux dangereux, jusqu'au drame évoqué dans le premier chapitre. Seule Sadie est sacrifiée : elle est envoyée en exil, dans un pensionnat, en Angleterre. La vie de Marie ne subit aucune transformation ; elle traverse l'adolescence dans le luxe et les voyages. Éloignées l'une de l'autre, aucune n'oublie son amie, son alter égo.

Plusieurs années plus tard, Marie dirige la raffinerie familiale. Elle a refusé de subir le joug du mariage, aussi, elle détient tous les pouvoirs. Quant à Sadie, elle évolue dans le milieu interlope et écrit un roman érotique. Leurs actes et leurs décisions influent, de manière différente, sur la révolution ouvrière féminine.

Oubliez tout ce que vous savez sur les romans féministes. En effet, même si les femmes tentent de prendre le pouvoir dans ce roman, seule une est attachante (elle s'appelle George). Elles sont fascinantes, hypnotisantes, elles mettent, parfois, mal à l'aise, mais leurs desseins ne sont pas toujours louables. La révolution féministe est en marche, mais elle s'oppose à la lutte des classes. Ces deux grandes thématiques montrent les limites de chacune, en fonction des intérêts. Elles questionnent, également, sur la part d'inné et d'acquis dans la constitution des personnalités. La majorité des femmes de l'histoire veut garder ou acquérir des privilèges. Leurs combats semblent justes, pourtant, il leur manque l'union. Leurs actes possèdent une grande part d'ambiguïté alors que les objectifs et les aspects négatifs du patriarcat sont affirmés. L'intrigue possède une aura diabolique, qui se lit dans les détails et bouscule nos attentes. Perdre la tête est un roman surprenant, magnétique, décrivant des combats justes mais maculés de perversité morale. Il est enivrant de machiavélisme et de nuances.

Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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Deux petites filles nées fin du XIXème siècle à Montréal, l'une bien née de parents dépourvus de richesse, l'autre fille d'un industriel fortuné, magnat du sucre.

Marie Antoine, dont l'effigie est présente sur les sacs de sucre des raffineries de son cher papa, s'ennuie profondément et s'ingénie à se créer une petite cour. Curieuse de ce monde industriel en développement, elle va obtenir de son père d'aller visiter la concurrence. Dévorée d'ambition, elle se voit succéder à son père à une époque où les maris prennent les rennes de la fortune de leur riche épouse.

Sadie, gamine rebelle, est née dans une famille bien déterminée à reconquérir la fortune par tous les moyens. Particulièrement celui de mettre les deux gamines en relation dans l'espoir de se voir accorder les faveurs du richissime veuf qui est le père de Marie Antoine.

Funeste rencontre en vérité que celle de deux gamines admiratives l'une de l'autre. de surenchère en surenchère, un drame les sépare, Marie reste à Mile Doré quand Sadie est exilée à Londres pour couper court à des poursuites. Elles ont tué la bonne.

En 1873, quelle punition infligée à deux petites meurtrières ? Un accident malheureux qui va déstabiliser bien plus que leur vie. Pour l'une, l'exil et le rejet de sa mère, pour l'autre les voyages et l'ennui.

Ce roman ne vous laisse aucun répit. Il vous faudra savoir ce qu'il advient de cet amour-amitié passionné. Quels seront les dommages collatéraux dans cette société où il vaut mieux être bien né. Sadie investit le Mile Sordide, s'y fait une place dans le coeur de George Danton orpheline née dans une maison close.

Dans cette société où le destin des femmes semble tout tracé, Marie Antoine, Mary Robespierre, Sadie et George vont se jouer de leurs conditions en grandissant entre amour et haine.

L'autrice dans cette ode aux femmes puissantes à une époque où on les juge fragiles, combattantes quitte à sacrifier un morceau d'elles-mêmes, nous propose un regard féministe sur le monde du Mile doré ou sordide, où il est question d'inégalités sociales, de genre, de la destinée qui s'impose mais que l'on culbute parfois pour arriver à ses fins.

Heather O'neill tisse patiemment sa toile révolutionnaire, dans un monde fantasmé où l'émancipation des femmes, se livre comme un conte. Il vous sera certainement difficile de les quitter avant l'épilogue.
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Remerciements à Babelio et aux éditions Alto pour l'envoi de ce livre lors d'une masse critique québécoise.
Perdre la tête d'Heather O'Neill est un roman abouti, très inspiré et fascinant.

Mile doré, mile sordide.
Mile doré est un quartier de bourgeois anglophones qui migrent à l'intérieur de Montréal sur une pente du mont Royal dans cette partie de la ville qui présentait un habitat plus sain, en amont des vents dominants.
Mile sordide, quartier pauvre de la ville, où l'air est saturé des odeurs des usines, où les filles survivent comme prostituées ou comme travailleuses industrielles à très petit salaire, dans des conditions exécrables.

Ce quatrième roman d'Heather O'Neill, sous la magnifique traduction de Dominique Fortier, aborde la rencontre de deux jeunes aristocrates du Golden Mile de Montréal, Marie Antoine et Sadie Arnett, aux personnalités complexes, qui ont l'impression chacune de trouver l'âme soeur.

« Une fillette aux boucles blondes et aux joues bien reconnaissable, rondes comme des pommes. Une seconde était une petite fille aux yeux noirs avec une tignasse noire. »

Cette rencontre est déterminante car en naîtra une amitié particulière et intense qui changera le cours de leurs vies.
Après un de leur jeu dangereux qui virera au drame, les deux jeunes filles seront séparées.
Sadie ira étudier en Angleterre et verra sa vie complètement bouleversée et Marie commencera à prendre compte de son statut de riche héritière de l'empire de son père Louis dans les usines de sucre.

L'oeuvre est prétexte à la description de l'industrialisation de la ville, aux soulèvements populaires liés aux mauvaises conditions de travail mais surtout à la force des femmes qui peut soulever des montagnes. L'amorce en 1873 et les années suivantes nous en dit beaucoup sur la transmission du savoir féminin avec les pamphlets, les rencontres secrètes et le début d'émancipation par la parole.

Il y a beaucoup de matière dans ce roman, les classes sociales, l'action révolutionnaire, l'amour maternel mais aussi et surtout, la folie, celle qui fait aimer et celle qui fait haïr.
Marie, Mary, Sadie, George, ces femmes ont un lien fort qui est complexe et imparfait, destructeur même. L'auteure refait à sa façon la Révolution française.
Roman féministe, qui oscille entre amour et haine, entre opulence et pauvreté, m'a tenu en haleine jusqu'à la toute fin. La forme est classique mais le fond, ludique et d'une imagination sans bornes en fait un roman des plus captivant.

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Un roman fascinant qui commence par un duel au pistolet entre deux petites filles et la mort par balle d'une servante de la famille!

Dans le décor du Montréal de la fin du 19e siècle, deux fillettes, la riche et belle Marie Antoine aux boucles blondes qui habite une belle maison dans le Mile Doré et la méchante Sadie, à la chevelure sombre qui vient du quartier pauvre, le Mile Sordide.(des personnages symboliques qui me font un peu penser aux contes d'Amélie Nothomb).

C'est d'abord une histoire d'enfance avec ses amitiés, ses jalousies et ses trahisons. Mais c'est ensuite un éventail de thèmes : une fille en exil dans un pensionnat anglais pour apprendre les bonnes manières et une amie élevée dans un bordel.

Il y aura les droits des femmes, le sexe et le plaisir féminin, mais il sera aussi question de l'industrie du sucre, des classes sociales et du pouvoir de l'argent.

Et en bonus, des secrets de famille et des révélations inattendues.
Une lecture étonnante, un univers riche et un côté historico-fantastique dépaysant.
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Suite à une gaffe majeure, un meurtre accidentel (annoncé dès les premières pages), deux jeunes amies sont séparées de force et connaîtront des destins bien différents. Au fil des ans, elles passeront par une gamme de relations : amitié, jalousie, complicité, rivalité, amour, jalousie, envie, haine, mais jamais par l'indifférence . . . L'époque n'est pas tendre pour les femmes. Qu'elles soient chefs d'entreprises, simples ouvrières, écrivaines, bonnes, prostituées ou avorteuses, qu'importe, les hommes ont le pouvoir et n'entendent pas leur céder. Conquérir son indépendance devient alors un combat quotidien, parfois ouvert, parfois souterrain.

Toute une trame de fond pour ce roman qui met en scène deux femmes “de la haute”, mais aussi plusieurs autres de classe moins privilégiées. On passe d'une perspective à une autre, on saute des motivations individuelles à des considérations de classes sociales, on flirte avec l'ambiguïté de genre. En plus, l'auteure nous mène en bateau, s'amuse à détricoter ce qu'elle nous avait concocté, finit le tout avec un feu d'artifice. J'ai bien aimé cette lecture à multiples tiroirs, avec ses personnages pétillants, toujours animés par de fortes pulsions.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
C’était une idée toute neuve que de considérer l’enfance comme une période de la vie méritant d’être célébrée, digne de considération en elle-même. Alors qu’on voyait autrefois les enfants comme des adultes incompétents, on estimait maintenant qu’ils appartenaient à un état édénique qui leur permettait d’accéder à une faculté d’imagination supérieure à la raison. La moindre de leurs paroles recelait une sagesse qui avait été perdue par les adultes. Il fallait encourager l’enfance, se consacrer à en faire l’âge le plus magique de la vie.
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Le livre parlait d'innocence. Il parlait de délices. Il parlait de rapports intimes. Il parlait d'amour vrai. Il parlait du fait que le reste du monde cesse d'exister pour les vrais amoureux. Ils seraient prêts à violer et à assassiner pour leur amour, mais celui-ci n'en était pas moins célébré. Et n'était-ce pas là une chose merveilleuse ? N'était-ce pas merveilleux ? Elle était convaincue d'avoir écrit quelque chose de valable. Qu'est-ce que cela pouvait bien faire qu'elle ait utilisé le corps de la femme et sa sexualité comme métaphore pour la liberté et la création ?
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Il est vrai que la femme était physiquement plus faible que l’homme. Mais elle était pleine de rage. Et comme n’importe quel animal, n’importe quelle proie, elle avait appris la manipulation et la rouerie pour survivre.
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Cette prise de conscience vint à Marie Antoine alors qu'elle se tenait au-dessus de tous ses ouvriers. Elle avait l'impression que son corps tout entier s'apprêtait à être dépouillé d'une part essentielle de lui-même. Si elle avait un mari, personne ne la regarderait comme ils la regardaient en ce moment. C'est plutôt à lui qu'on adresserait les questions. Elle les regarderait regarder quelqu'un d'autre. Mais elle, ils ne la regarderaient jamais dans les yeux. Elle deviendrait de moins en moins visible. Elle disparaîtrait une couche à la fois, comme une peinture que l'on peint à l'envers. Elle deviendrait de plus en plus pâle, jusqu'à n'être plus qu'une esquisse sur une feuille de papier. Alors, en regardant, vous ne verriez plus que de la neige.
Philip se servirait de cette usine et d'elle pour devenir une figure politique importante, sinon la plus importante. Il allait la priver de tout son pouvoir, comme son père l'avait fait avec sa mère. Ce pouvoir appartenait aux femmes de la famille, non pas aux hommes. Elle n'allait pas céder cela à Philip ; elle n'allait le céder à personne. Elle le voulait pour elle-même.
La liberté et le pouvoir étaient une seule et même chose. Ils étaient interchangeables. Ils venaient main dans la main.
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Être plaisante à regarder, cela ne venait pas naturellement. Il fallait pour cela déployer des efforts considérables. Un sourire ne pouvait pas être vu comme une réaction spontanée, cela s’apparentait davantage à un arrangement de fleurs, ou a un poème appris par cœur, une chose qu’il fallait travailler.

(Alto, p.106)
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