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Citations sur Dites-nous comment survivre à notre folie (49)

S'il est exact que ce soit la folie qui ait conduit mon père à mener une vie de totale réclusion jusqu'à sa mort brutale, pourquoi, puisque c'est son sang qui coule dans mes veines, échapperais-je, moi, à la folie ?
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Maman ! Maman ! Venez m'aider, je vous en prie ! Si je deviens aveugle et si je perds la raison comme mon père, que va-t-il advenir de mon fils ? Oh ! je vous en supplie, dites-moi comment survivre tous à notre folie !
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A présent, il devenait lui-même un colossal globe oculaire porté à bout de bras ; la sphère, couleur de coquille d’œuf, était dans son entier le monde où il avait vécu, -dans sa totalité sa propre personne ; et dans le marron délicat du cercle central passait le carrousel de la souffrance, de la terreur, de la stupidité des déments, pareilles aux diaprures d’une bille de verre. L’obèse n’était plus qu’un globe oculaire ; il n’était plus du tout en état de se tourmenter au sujet de son fils ; il n’était même plus lui-même –seulement un œil, un œil énorme, jaunâtre, de quatre-vingt kilos.
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Au cours de l’hiver 196-, un homme d’une obésité vraiment peu commune vécut une aventure affreuse qui faillit le rendre fou. Il se vit à deux doigts d’être précipité dans le bassin d’eau sale où barbotait un ours blanc. Par une heureuse conséquence toutefois, il se retrouva libéré d’une idée fixe qui l’avait jusque-là emprisonné dans son carcan. A peine libéré cependant, il connut un état de pitoyable solitude intérieure qui rabougrit davantage encore son tonus moral déjà squelettique.
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Mais soudain le noir allongea le bras –un bras incroyablement long-, souleva entre ses doigts épais aux phalanges hérissées de poils raides la bouteille au large goulot, l’approcha de lui et la flaira. Puis il l’inclina, desserra ses lèvres pareilles à du caoutchouc épais, découvrit deux rangées parfaites de fortes dents éclatantes, chacune bien à sa place comme les pièces dans une machine ; et je vis le lait s’y engouffrer dans les profondeurs roses et luisantes du vaste gosier. La gorge du noir glougloutait comme un tuyau de vidange quand l’eau et l’air s’y bousculent. Aux deux coins de la bouche qui évoquait péniblement un fruit trop mûr étranglé par une ficelle le lait débordait, gras, dévalait le long du cou, mouillait la chemise ouverte, coulait sur la poitrine, s’immobilisait sur la peau gluante aux reflets sombres en gouttes visqueuses comme de la résine et qui tremblotaient. Je découvris, au milieu de l’émotion qui me desséchait les lèvres, que le lait de chèvre était un liquide extraordinairement beau.
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Nous étions, mon frère et moi, deux menues graines prisonnières d’une enveloppe dure et d’une pulpe épaisse, deux graines vertes enchâssées dans une fine pellicule qui, à peine chatouillée par la lumière du dehors, frissonnerait et finirait par se détacher.
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J'évoquai soudain ce que, deux jours plus tôt, javais aperçu en coulant un regard entre les hanches des grandes personnes formant un groupe noir autour du lieu de crémation ou l'on brûlait le cadavre d'une femme du village : au milieu de la clarté des flammes, ce ventre nu, ballonné, soulevé comme un petit tertre et, sur le visage, cette expression de tristesse ! ... Je frissonnai de peur, serrai fortement le bras fluet de mon frère et hâtai le pas. Il me semblait avoir encore dans les narines l'odeur du cadavre, aussi tenace que celle du liquide visqueux jailli de certains scarabées quand nous les écrasions entre nos doigts calleux.
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Dans un ouvrage sur les poissons, il était tombé sur un article consacré au célatius ; le mâle de ce poisson, qui vit en eau profonde près des côtes du Danemark, est minuscule et reste constamment collé comme une verrue au ventre de la femelle, laquelle est énorme. Et l’obèse s’était pris à rêver que lui-même était un célatius femelle croissant dans les profondeurs marines avec son fils enchâssé dans son corps, comme le petit célatius mâle ; et cette rêverie était si douce qu’il lui était douloureux d’en être arraché.
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Les premiers héros de Ôé ont été arrachés aux certitudes de l’enfance pour être précipités dans un monde qui n’a rien de commun avec leur passé. Les valeurs qui réglaient leur existence au fil de leur croissance ont été pulvérisées par Hiroshima et Nagasaki. Ce qu’ils ont devant eux, à présent, le monde d’après-guerre, n’est rien que vide béant, existence débilitante, silence aussi terrifiant que l’éternité qui suit la mort. Ils sont conscients de ce qu’entraîne comme conséquences l’acceptation de vivre dans un pareil monde ; l’énigme qu’ils ont à résoudre pour survivre, pour se découvrir une liberté est la suivante : comment maintenir leur hostilité face au désarroi et, en fin de compte, au renoncement ?

-Préface (John Nathan)-
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