Un homme ne peut pas savoir ce que le ventre d'une femme représente, engendre, induit, provoque, combien c'est une zone sensible et omniprésente. C'est la matrice de la douleur, de la vie, du désir, et de la fin. Une femme aime et meurt toujours de son ventre.
J'étais heureux de peut-être la revoir, mais qu'avais-je à lui proposer ? Je lui rendais plus de vingt ans, ma prostate commençait à intéresser le corps médical, je ne m'émerveillais plus de grand-chose, mes pectoraux ressemblaient à des cernes, et, après trois verres de vin, ma queue n'avait plus rien à envier à une glace oubliée sur une plage de la Costa del Sol en plein mois d'août. Je posais mes mains sur mes hanches à chaque étage gravi et portait un béret qui me donnait moins l'allure d'un poète romantique que celle d'un chef de gare. Je me trouvais pathétique, avec ma boule au ventre et mon adrénaline de collégien. Elle méritait la vigueur et les projets, la fougue et la salive, l'orage et le cagnard, les cris et les larmes, la mouille et le café frais. Je ne pouvais rien lui offrir, si ce n'est lui gratouiller la tête en écoutant des chansons de Serge Reggiani, accepter de me remettre à la cigarette pour l'accompagner fumer à la fenêtre et regarder le bus de la ligne 69 charger et décharger des hommes qui l'auraient mieux aimée que moi.
Je vois plus de beauté dans un cendrier que dans un ciel d'été, plus de mélancolie dans une flaque d'eau que dans un air d'accordéon, je préfère les petits feux d'artifice aux grands feux d'artifice, l'odeur de l'essence à celle du jasmin.
Je réfléchissais dans mon canapé. Le caractère éphémère des choses, Dijon, l'amour, le sexe, les défibrillateurs. Les secondes qui s'effacent, inlassablement, au péril de nos existences. Une seconde, c'est le temps qu'il me faut pour écrire le mot seconde. Le temps qu'il faut à un fruit pour tomber de son arbre. Je me suis endormi peu après, comme si rien n'était grave, et la vie dérisoire.
Il a fouillé dans son blouson, a sorti une cigarette pour lui, et une cacahuète pour son perroquet, mais j'ai senti qu'il aurait pu faire l'inverse.
-Je vois quelqu'un d'autre.
-Son nom ?
-Ingeborg.
-Il est danois ?
-Norvégienne
Il doit exister des vases communicants entre la pluviosité et l'agoraphobie. Ceux qui n'aiment pas le mauvais temps ne sortent pas, alors que ceux qui n'aiment pas les gens aiment le mauvais temps.
Comme personne ne m'attendait, je suis allée voir la place de la Bastille, la colonne de Juillet, l'Ange de l'indépendance. J'étais ébloui par les phares des voitures et des scooters, étourdi par le monde, enivré par le bruit ambiant. Il y a quelque chose de rassurant dans le bourdonnement d'une ville.
Elle savait préparer un poisson, tempérer un conflit, séduire un prêtre, puis, avec la même habileté, préparer un conflit, tempérer un prêtre et séduire un poisson.
"Je me dépatouillais tant bien que mal dans ce mois de mars sans saveur quand mon voisin de palier est venu taper à ma porte. Jamais un tel degrés d'intimité n'avait existé entre nous. selon l'interphone, il s'appelait Dalton Burgue. Je ne savais rien de lui en dehors du fait qu'il rentrait tard et qu'il écoutait la télévision toute la nuit, ce qui suffisait à me le rendre sympathique."