Les fruits tombent des arbres

Les premières poignées de terre, celles qui viennent recouvrir le cercueil de votre mère, opèrent un basculement irrémédiable. Ce tas qui se forme est impossible à oublier, après lui, plus rien n’est jamais pareil. Même quand rien ne change.

Je lui ai fait un signe d'approbation, il a griffonné l'information dans un calepin avant de le ranger dans sa poche arrière et disparaître du côté des cuisines.J'ai attendu un certain temps avant de le voir revenir. Je n'étais même pas sûr d'avoir bien faim.Quand il a déposé l'assiette devant moi,l'omelette n'avait pas été pliée ,elle était toute ronde et ressemblait à ces dessins de soleils sous les préaux d'école ,et j'ai trouvé que c'était suffisant.( Pages 235/236).

C'est l'épicier qui me l'a dit.Sous le drap se cachait un voisin.Quelqu'un du quartier,un visage familier .Son coeurcs'est arrêté alors qu'il attendait le bus,il est tombé d'un coup en se tenant la poitrine.Sa tête a produit un bruit sourd en heurtant l'asphalte.Je suis descendu acheter des pamplemousses au même moment. ( Page 11).

Je traversais l’existence comme une ombre, je flottais, je me promenais, mais je ne faisais pas grand-chose de palpable, de beau, de grand, de définitif.

Quand le dimanche t’as le choix entre le reportage animalier et l’émission sur l’immobilier, tu restes humble. T’apprends à te satisfaire de ce qu’on te donne.

Le plus difficile, quand vous vieillissez et que vous espérez tomber à nouveau amoureux, c'est de se résoudre à accepter que l'autre ne vous aura jamais connu à vos vingt ans. L'autre ignorera combien vous étiez chevelu et insolent. A quel le point le monde était votre terrain de jeu. L'autre ne saura rien du goût de votre peau d'avant, combien vous plaisiez aux figurants que la vie avait su mettre sur le chemin que vous empruntiez en chaloupant.

Les flaques de gerbe sont les ecchymoses des trottoirs.

Les femmes ne vieillissent pas, elles laissent juste une chance au temps d'être plus immortel qu'elles.

Je voyais le mariage comme la preuve d'un déclin, le prélude d'une lente décrépitude amoureuse et sociale. Les nouveaux amoureux passent beaucoup trop de temps à faire du sexe, à sortir et apprendre à se découvrir pour avoir un projet aussi funeste et factice que celui du mariage. Il n'y a qu'un couple établi, ancré, déjà mort, pour avoir une telle idée.

A mes yeux, le mariage ne représentait rien de plus qu'une forme d'auto célébration pompeuse, consistant à parader devant ses proches pour les convaincre de la force d'un amour à travers la qualité du traiteur et la virtuosité du saxophoniste pendant le cocktail.