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EAN : 9782370733061
219 pages
Allary Editions (02/01/2020)
3.68/5   271 notes
Résumé :
Il y a des gens, dans la vie, dont l'unique préoccupation semble d'imaginer des noms de poneys. Comme Alain. Il faut dire que sa carrière est au point mort, depuis un peu plus de vingt ans. A force d'avoir du temps à tuer, il en serait presque débordé : il enchaîne les visites dans la camionnette de Rosie, les castings improbables trouvés par son presqu'agent Rico, et le dimanche aux Magnolias, où sa grand-mère s'éteint doucement.
Entre une part de quatre-qua... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (105) Voir plus Ajouter une critique
3,68

sur 271 notes
On peut se demander pourquoi les Ehpad portent si souvent le nom de plantes vivaces. Promesse de longévité, argument commercial pour attirer les amateurs de jardinage ou simple esprit taquin ?
Les maisons de retraite aux « magnifiques » volets roulants qui se dénomment ainsi Mimosas, Lys, Lupins, Edelweiss ou Magnolias, fleurissent dans nos impasses. C'est devenu aussi commun que de baptiser une école Victor Hugo ou Jean Jaurès. Les grandes avenues préfèrent encore les maréchaux d'Empire. Bizarrement, les Chrysanthèmes et les pissenlits ont moins de succès dans l'herbier de ces avant-dernières demeures.
La grand-mère du narrateur coule ses derniers jours malheureux aux Magnolias dans un quotidien maussade en forme de copié-collé, rythmé par des animations où l'on écoute des chansons qui parlent d'amour et d'hirondelles, de chagrin, de vent, et de frissons…
Alain, acteur raté, oscar du meilleur cadavre de séries TV et recenseur de noms de poneys, lui rend visite chaque dimanche entre deux sandwichs flageolets-beurre. Il crève à l'écran à défaut de crever l'écran.
Il passe son temps à laisser passer le temps. Il ne fréquente que son agent Rico, plus doué pour les magouilles que pour lui trouver des rôles et Rosie, une prostituée au grand coeur qui le reçoit avec ses fesses à confesse dans sa caravane.
Le journal intime d'un oncle acariâtre, trouvé dans la maison de la grand-mère, où Alain part se réfugier au volant de sa Fuego 1984, révèle que mamie Rosie a eu une vie beaucoup moins lisse qu'il l'imaginait, beaucoup moins terne que la sienne.
Ce roman dispense de l'humour noir en rafales, sans faucher le récit pour un bon mot. Derrière ces sourires de façade, cette histoire raconte avant tout l'infinie tendresse d'un petit-fils pour sa grand-mère. C'est le souvenir que je garderai de cette lecture. On s'aperçoit rapidement que les épisodes du récit, plus drôles les uns que les autres servent à voiler pudiquement les émotions, que la farce met le drame au régime et que le burlesque déguise une réalité bien glauque. Lire ce roman, c'est comme se réchauffer de la lumière diffusée par une toile de Pierre Soulages.
A la différence de la pandémie dépressive qui infecte beaucoup de romans, Florent Oiseau nous incite à retirer les masques de protection pour ne pas cacher nos sourires et il protège ses antihéros d'une éclipse totale en transfusant veines et varices d'une bonne dose de naïveté émotionnelle qui les rend sympathiques.
Seul bémol au Synthol, j'aurai aimé que le récit lève davantage le voile sur les secrets de la grand-mère. Néanmoins, il y a bien longtemps que je n'avais pas surligné autant de répliques et de citations dans un roman.

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Aux Magnolias, il y a comme une odeur d'eau de Cologne, un air morose où la jeunesse ne semble jamais avoir existé.
Alain, acteur sans rôle, rend visite régulièrement à sa grand mère. Une grand mère qui ne se rappelle plus vraiment de grand chose, qui est vieille et qui aimerait qu'on l'aide à mourir.

Alain nous fait ressentir de l'odeur jusqu'à la couleur de ces murs de prison. le mouroir. Là où les vies attendent le dernier train.

Entre ces visites aux Magnolias, il rigole avec son meilleur pote Rico, il s'accorde un peu de plaisir charnel avec Rosie contre un billet que la demoiselle refuse. L'amour c'est compliqué. C'est peut-être Rosie ou pas.

On parle beaucoup de coup de coeur pour ce roman. de mon côté, j'ai eu quelques passages coups de coeur c'est vrai, surtout quant il s'agit de parler de ces vieux qui manquent. Et pas mal de passages à vide.
Il n'y a pas vraiment d'histoire ici, pas un réel fil conducteur. Pas de quête, pas d'action, c'est un coffre-fort rempli de petits trésors, réflexions, tendresse, espoir. Il y a des larmes aussi quand il s'agit pour un fils de se rappeler qu'un jour sa mère a été belle et libre.

J'aurai voulu me laisser prendre par cette danse à mille temps, mais un style un peu trop sectaire porté sur l'anatomie masculine un peu trop omniprésente, des personnages, vieux ou jeunes pas vraiment attachants, un peu trop barricadés hors des sentiments.
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Ça fait un moment que je devais m'y mettre à ce drôle d'Oiseau (jeu de mots bien pourri mais j'avais tellement envie…).

Ses deux précédents romans sont sur mes étagères, bien sages, pas envahissants, mais je ne sais pas pourquoi, je m'élance avec celui-là. J'avais débuté JE VAIS M'Y METTRE (justement…) sans le terminer. Y'a des bouquins dont c'est le moment. Ou pas.

Je débute donc LES MAGNOLIAS.

Et bordel, qu'est-ce que j'ai aimé !

C'est l'histoire d'un mec.

Alain, il s'appelle Alain, le type. C'est un acteur. Qui joue dans rien en fait. Un peu raté pour un futur oscar.

Le dimanche, il va aux Magnolias.

Et là, aux Magnolias, y'a des vieux. Par centaines … (Cloclo, si tu nous entends) …Normal pour une maison de retraite…

Mais celle à qui il rend visite, c'est sa mamie. Et voilà que la petite mémé lui demande de l'aider à mourir.

Bon, ben, autant te dire, que ce bouquin pue le coup de coeur, pour moi, à plein nez ! Tu vas dire, c'est normal, y'a une vieille mamie. Et Juju et les mamies … On commence à connaître la chanson. Pourtant, ça n'a rien à voir avec mes penchants gérontoaffectifs.

En fait, ce bouquin m'a épaté. M'a laissé un peu sur le cul. Parceque c'est vrai, fantastiquement vrai. Florent Oiseau n'y va pas avec le dos de la cuillère et le politiquement correct lui semble totalement étranger. Et pourtant, c'est tendre, c'est réel, et c'est souvent juste hilarant.

Florent Oiseau raconte la vie sans falbalas, sa plume est tellement juste, tellement forte que je ne m'en remets pas. Il posséde ce talent de la nonchalance non étudiée, une façon d'écrire qui n'appartient qu'à lui. Il n'imite personne et trace sa plume.

C'est sacrément lucide et je me suis fendu la poire, autant que je me suis parfois un peu décomposé. Je mesure toujours l'impact d'un livre à l'envie que j'ai de noter des extraits sur un carnet … Autant vous dire que j'ai souvent eu envie de copier des passages entiers …

Putain, voilà que je vais vite lire les autres en fait ! Il m'a embobiné le bougre ! Qu'est-ce que j'ai foutu tout ce temps sans Florent Oiseau !

Lien : https://labibliothequedejuju..
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Florent Oiseau aime les perdants. Les laissés pour compte du système. Alain est un acteur, dont le seul rôle, dix ans plus tôt, était celui d'un cadavre, au début d'un épisode de série télé. Si l'étiquette lui est restée, et s'il la revendique, le succès ne vient pas et même pas l'occasion de faire ses preuves. Son agent court après le cachet, sans rien décrocher.


Son emploi du temps désertique lui permet de se rendre quotidiennement aux Magnolias, où sa grand-mère s'étiole avec la perte progressive de la trame de sa vie. Les odeurs, la mesquinerie de ceux qui gèrent le quotidien dans cette antichambre de la mort, tout cela est fort bien épinglé.

C'est la découverte d'un cahier intime appartenant à son oncle qui lui fait prendre conscience que sa grand-mère n'est peut-être pas celle que l'on croyait.

Une réelle tendresse transparaît entre les lignes chargées d'un humour parfois corrosif. Des scènes burlesques viennent alléger ce récit plutôt sombre : un femme au crépuscule de sa vie, un quadra seul, sans boulot, il faut de la dérision pour alléger le cadre déprimant.


Florent Oiseau s'en sort, bien, avec moins d'outrance que dans Je vais m'y mettre. Et c'est plutôt agréable.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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J'ai beaucoup aimé ce livre. C'en est même curieux car il ne s'y passe pas grand chose et les personnages n'ont rien de flamboyant. Ils sont même plutôt ternes et d'une banalité déprimante.
Pourtant, Florent Oiseau les fait vivre avec humour, dignité et tendresse. Il emploie juste ce qu'il faut de réalisme et de pudeur pour ne jamais sombrer dans le glauque ni le larmoyant.
Très touchant.
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Citations et extraits (68) Voir plus Ajouter une citation
Parfois, la vie ne vous donne rien pendant des années, des décennies. Pas un trèfle à quatre feuilles, pas un Noël sous la neige, pas un billet de banque retrouvé dans une vieille veste. Aucune satisfaction, pas la moindre victoire, rien à manger pour l'égo. Elle ne vous donne tellement rien que vous pensez qu'elle vous a oublié. Vous êtes sous le porche d'une gare de province, un soir, et il pleut des cordes. Vous êtes trempé, il fait froid, vous êtes seul, le dernier bus vient de passer. Même un clébard ne viendrait pas vous tenir compagnie. Et alors que vous ne l'attendez plus, elle vient vous éclairer dans la nuit de ses phares emplis d'espoir. Elle fait ça pour tout le monde. Certains sont devant les pleins phares chaque journée, d'autres -la majorité- doivent se contenter de brefs faisceaux, d'éphémères éclaircies. Mais la vie finit toujours par revenir chercher les oubliés sous les porches des gares de province.
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Parfois, la vie ne vous donne rien pendant des années, des décennies. Pas un trèfle à quatre feuilles, pas un Noël sous la neige, pas un billet de banque retrouvé dans une vieille veste. Aucune satisfaction, pas la moindre victoire, rien à manger pour l’égo. Elle ne vous donne tellement rien que vous pensez qu’elle vous a oublié. Vous êtes sous le porche d’une gare de province, un soir, et il pleut des cordes. Vous êtes trempé, il fait froid, vous êtes seul, le dernier bus vient de passer. Même un clébard ne viendrait pas vous tenir compagnie. Et alors que vous ne l’attendiez plus, elle vient vous éclairer dans la nuit de ses phares emplis d’espoir. Elle fait ça pour tout le monde. Certains sont devant les pleins phares chaque journée, d’autres -la majorité- doivent se contenter de brefs faisceaux, d’éphémères éclaircies. Mais la vie finit toujours par revenir chercher les oubliés sous les porches des gares de province.
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Pourtant, Rico avait un physique qui attirait la sympathie. moyennement grand, une tête ronde, des yeux rieurs, des chemises extravagantes qu'il portait par-dessus un débardeur blanc qui virait au beige avec le temps, comme mon frigidaire. Un peu de ventre, voire pas mal, et une barbe très noire. Il faisait à la fois terroriste cubain, joueur de ukulélé et résident de club de vacances. (Résident de club de vacances avec le bracelet all-inclusive, trois fois vainqueur du blind-test-musical-spécial-années-70, fixette sur le cul de l'animatrice qui s'occupe de l'aquagym à 10h30, qui plaisante avec le groupe de jeunes caïds venus de Seine-et-Marne, qui joue son honneur lors de l'apéro-pétanque contre la famille Contreras de Perpignan.)
page 149-150
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J'ai ouvert les yeux alors qu'il faisait encore nuit. La campagne était silencieuse, épanouie dans son habit le plus sombre. Humble, taiseuse. Je suis descendu au jardin, l'obscurité ne laissait place qu'aux étoiles. Le ciel en était tout tâcheté. Elles scintillaient en harmonie dans ce gigantesque décor de cinéma. C'était un spectacle incroyable. J'aurais pu vivre ici, dans ce village. Enfin, peut-être. J'aurais eu du bétail, j'aurais travaillé le bois. J'aurai cueilli des mûres et des fraises sauvages, appris à entretenir une relation privilégiée avec la nature, les petites choses. Chaque nuit, je serais descendu au jardin, pieds nus dans l'herbe fraîche, m'émerveiller de tous ces diamants déjà morts, et qui pourtant brillent encore. Cette vie aurait eu du sens, la mienne n'en a jamais eu.
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À son époque, on n’aimait pas son conjoint comme on peut l’aimer aujourd’hui. On dormait cinquante années dans le même lit, puis quelques autres sous le même couvercle, sans jamais aborder le sujet de l’amour. De nos jours, les gens font écrire des mots dans le ciel avec des avions, hurlent des chansons, jurent, pleurent pour prouver qu’ils aiment. Mais en fin de compte, ils ne restent jamais ensemble pour de bon.
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VLEEL 257 Rencontre littéraire Florent Oiseau, Tout ce qui manque, Éditions Allary
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