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En février 1854 le commodore Perry arrive à la tête d'une escadre pour forcer le Japon à s'ouvrir au commerce avec l'Occident. Ceci met objectivement fin à 2,5 siècles de séparation entre ce pays et le reste du monde.
Seulement huit ans après, en 1862 donc, naît à Yokohama le fils d'un samouraï de haut rang, Okakura Kakuzô. En 1904 ce dernier ira travailler au musée des beaux-arts de Boston dont il deviendra le conservateur du département des arts chinois et japonais jusqu'à sa mort en 1913. Entre-temps, en 1906, il écrira ce magnifique ouvrage qu'est le livre du thé. Ce dernier est, je pense, incompréhensible s'il n'est pas situé dans le contexte qui précède.
Hokusai, dont de sublimes estampes illustrent ce livre, est né plus tôt, en 1760, mais lui aussi a représenté à sa façon un pont entre l'Orient et l'Occident, en associant par exemple aux techniques traditionnelles le bleu de Prusse et en rompant avec la tradition de l'ukiyo-e. Ses oeuvres inspirèrent par la suite différent artistes dont de nombreux impressionnistes.
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Avant de commenter le texte je voudrais insister sur deux points. Pour commencer je remercie vivement la Babeliote qui m'a offert cet ouvrage pour les fêtes de fin d'année. Elle se reconnaîtra évidemment et se manifestera si elle le désire. Ensuite je voudrais commenter l'Objet-Livre lui-même. Une fois n'est pas coutume je trouve que cela en vaut la peine. Les éditions Synchronique nous proposent en effet un ouvrage charmant. Sa petite taille fait qu'il est très facile à transporter dans une poche. Son cartonnage assez épais en fait un objet plaisant à manipuler et raisonnablement solide. Les estampes de Hokusai mais aussi la photographie de l'auteur en robe traditionnelle contribuent à nous immerger dans cet univers pour nous très singulier. La couverture esthétique, de même qu'un élastique de la couleur de la reliure permettant idéalement de servir de marque-pages, achèvent de rendre cet objet précieux et fonctionnel pour qui l'apprécie, le tout pour une somme modique : 12,90 €. L'ensemble est à la fois charmant et dépaysant, en parfaite harmonie avec le sujet.
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Ce petit mais grand livre se décompose en sept chapitres. le premier nous résume le parcours de cette boisson qu'est le thé depuis l'Antiquité jusqu'au moment où l'auteur a écrit l'ouvrage. Il nous loue aussi cette boisson et réalise un comparatif amusant des cultures occidentales et orientales tout en abordant leur façon de se regarder sans se voir. le second chapitre nous présente les écoles de thé à savoir les différentes façons de le réaliser selon les époques et les pays. le quatrième nous présente de façon détaillée le lieu idéal pour le déguster à savoir la chambre de thé, et toutes les cérémonies qui lui sont associées. le septième et dernier nous présente sommairement quelques-uns des plus célèbres maîtres de thé. Entre-temps le chapitre trois nous offre quelques réflexions sur le Tao et le Zen, le chapitre cinq nous propose des réflexions sur le sens de l'art et le sixième nous explicite le rôle particulier que tiennent les fleurs dans la cérémonie du thé. L'ensemble de ces chapitres contribue à nous mettre dans l'ambiance particulière qui correspond à la dégustation du thé en Orient et qui élève cette pratique au rang d'art de vie comme de philosophie pouvant guider une existence.
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Si vous comptez sur cet ouvrage pour apprendre à réaliser un « bon thé », ne l'achetez pas vous serez déçus. Ce n'est absolument pas le sujet. Inversement si vous désirez, à partir de cette boisson, en apprendre plus sur la culture asiatique, cet ouvrage vous ravira. Si vous êtes amateurs de beauté aussi. Ce peut être par ailleurs une excellente clé d'entrée pour avoir un aperçu de certaines philosophies asiatiques dont, bien entendu, le Tao et le Zen. Vous trouverez en prime quelques réflexions qui se rattachent au Wabi Sabi.
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Pour conclure, je trouve que le fait que ce livre ait été écrit il y a un peu plus d'un siècle est extrêmement intéressant. Nous y trouvons par exemple déjà en filigrane une critique qui reste particulièrement pertinente aujourd'hui de notre monde occidental, d'une forme de vulgarité, d'une perte de sens de la beauté et de la vie, et d'un consumérisme submergeant le reste. Ce regard d'un noble japonais sur le capitalisme américain du début du XXe siècle reste profondément actuel et peut nous donner matière à réfléchir sur nos vies quotidiennes aujourd'hui. Rien que pour cela ce livre vaut plus que le détour. Mais, au-delà de ce point qui m'a intéressé mais qui peut sembler anecdotique, il peut vous offrir un premier cheminement vers plus de sagesse ou, plus modestement, l'occasion de vous instruire tout en admirant des oeuvres de Hokusai. Je le conseille sans modération.
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La vie de Kakuzô Okakura a couvert toute la période de l'ère Meiji, ouverture accélérée du Japon à l'Occident. Contemporain de Soseki Natsume, il a comme lui beaucoup voyagé, en Europe et aux Etats-Unis. Son livre du thé est adressé aux Occidentaux.

On ne peut qu'être admiratif de l'esprit de synthèse de l'auteur, qui parvient à concentrer tout ce qu'il faut savoir sur le thé en tant que charge symbolique de la culture orientale. C'est ici non pas la plante, le produit en lui-même qui l'intéresse, mais le cérémonial de sa préparation et tout ce qui l'accompagne pour en faire un moment quasi-mystique de la vie quotidienne. Religion, histoire et art nous accompagnent au long de ces pages dans des trésors d'érudition, de philosophie et de poésie.

Okakura, après avoir regretté que ces deux mondes, Orient et Occident ne se comprennent guère, avance que le moment du thé est le trait d'union qui met tout le monde d'accord, tant il a acquis un caractère universel. Il retrace ensuite dans une explication passionnante l'histoire de la préparation du thé, cette plante originaire du sud de la Chine, qui a évolué au fil des dynasties impériales : « le gâteau de thé bouilli, la poudre de thé fouettée et la feuille de thé infusée manifestent les élans émotionnels distincts des dynasties chinoises Tang, Song et Ming. Si nous nous permettions d'emprunter les termes rebattus des classifications artistiques, nous pourrions les désigner respectivement comme les écoles classique, romantique et naturaliste du thé. » On apprend que le poète Lou Yu a produit un véritable code du thé au VIIIème siècle, qui inclut la plante, la préparation et les ustensiles, et aussi, oh surprise, qu'on a longtemps ajouté du sel à l'eau dans laquelle l'infuser. L'art du thé a pris son essor avec le taoïsme de Lao-Tseu et Tchouang-Tseu en Chine du sud, plus en phase avec la nature et la notion d'impermanence des choses, où l'individu se meut dans l'évolution du monde, quand le confucianisme de Chine du nord proposait une vision plus rigide et rigoriste. L'auteur nous explique ainsi que le zen japonais, issu du taoïsme, a adopté l'art du thé et lui a permis ensuite d'en perpétuer la tradition quand elle fut détruite en Chine par les soubresauts de l'histoire, notamment lors des invasions mongoles. C'est le passage le plus complexe du livre, qui nécessite probablement de plus amples connaissances préalables sur la distinction entre ces deux doctrines issues du bouddhisme.

Après nous avoir décrit l'univers particulier de la Chambre de thé, et sa décoration d'un dépouillement extrême, propice à faire le vide et savourer l'instant présent, Okakura égratigne encore le goût occidental pour la symétrie des objets et leur foisonnement excessif, en nombre et en couleurs saturant l'espace, quand le Japonais préfère l'asymétrie, la non-répétition des formes et couleurs, et le dépouillement. Evoquant l'importance du tokonoma, ce petit espace de renfoncement plus sombre situé dans la pièce maîtresse de l'habitation, qui met en valeur un vase avec une sobre composition florale et un tableau, il m'a absolument rappelé ma récente lecture d'Eloge de l'ombre de Tanizaki.

Mais le meilleur est peut-être pour la fin, avec le sixième et avant-dernier chapitre sur les fleurs. C'est probablement la plus belle prose jamais écrite pour rendre hommage aux fleurs, victimes totalement désarmées face à la main de l'homme, sans lesquelles sa vie serait quasi-impossible, tant elles nous accompagnent du berceau à la tombe. Un pur bonheur poétique : « Leur tendresse sereine nous rend un peu de notre confiance déclinante en l'univers, de la même façon que le regard résolu d'un bel enfant nous rappelle nos espoirs perdus. Lorsque nous sommes couchés dans la poussière, ce sont elles qui s'attardent à pleurer sur nos tombes. »

Enfin, il conclut avec le triste et noble sort du moine zen Rikyû, figure de la Voie du thé, serviteur du futur et fameux shogun Hideyoshi. Soupçonné de complot pour l'empoisonner par une tasse de thé vert, il prépara pour ses disciples une dernière et émouvante cérémonie du thé juste avant son exécution.

Au terme des sept chapitres, nous nous sentons plus instruits, et apaisés par cette poésie imprégnée du zen dont la cérémonie du thé est indissociable. le livre du thé n'est pas un livre sur le thé, mais sur la spiritualité entourant le cérémonial du thé, sur sa symbolique de l'âme orientale et spécifiquement japonaise. Dès lors qu'on a compris cela et qu'on se satisfait de ce parti, on a là sous la main un grand petit livre, dont les éditions françaises se sont multipliées ces dernières années. Pour ma part, j'ai choisi Synchronique, pour le format très réduit qui permet vraiment de le glisser dans une poche, et qui est parsemé d'estampes d'Hokusai. Un véritable régal à lire et relire.

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Le livre du thé d' Okakura Kakuzo en format pratique , un peu plus petit qu'un livre de poche mais cartonné avec des illustrations d'estampes de toute beauté de Katsushika Hokusai , lorsqu'on contemple ces estampes , on se sent dans un univers de pureté , de dépouillement
Ce livre du thé a été publié en 1906 ! , c'est un livre qui est un pont entre l'orient et l'occident , il faut savoir que le Japon ne s'est ouvert à l'occident que vers les années 1850 mais restait en ce début de vingtième siècle , bien étranger aux yeux occidentaux .
Le livre du thé nous explique de façon toujours très claire que la cérémonie du thé est un véritable art de vie , avec son rituel complexe .
C'est tout un art de vie qui invite à la sérénité , qui apporte l'apaisement , boire une tasse de thé est un moment de partage de beauté .
Ce livre explique que l'art du thé ou la Voie du thé est un mélange de zen et de tao , il y a d'ailleurs dans ce livre un chapitre intitulé Tao et Zen
De nombreuses anecdotes , des contes égaient ce livre qui ne s'adresse pas exclusivement aux amateurs de thé mais aussi à tous les amoureux du monde oriental
Je remercie Synchronique Editions pour cet envoi .
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Composé au début du XXème siècle, en anglais, le livre du thé est rapidement devenu un grand classique. Son objectif premier, faire découvrir aux occidentaux la culture orientale et plus particulièrement celle du Japon a depuis été largement atteint.

Le propos est extrêmement court. Il se dévoile au fil de sept chapitres, chacun ciblant un thème bien précis. L'ensemble est très bien écrit et donc très bien traduit. le style est fluide. Il ne s'agit pas ici d'un ouvrage consacré au thé mais plutôt au rôle que joue le thé dans la culture asiatique. Il n'est donc pas ici question de découvrir un catalogue des différentes variétés, ou un traité sur le précieux élixir. Il est presque question de philosophie ici, car de nombreuses maximes peuvent donner lieu à réflexion et à approfondissement.

L'approche est originale et déroutante. Il est ici question de nombreuses thématiques : la place des maîtres du thé, leur importance, leur compétences (qui s'étendent jusqu'à la décoration et au-delà), l'impact du thé sur l'architecture et la culture japonaise… L'objectif est clairement d'approcher la culture japonaise aves ses spécificités. Il est assez surprenant de découvrir le rituel du thé rapidement esquissé en fin de volume. L'auteur ne dévoilera pas non plus, les étapes à franchir pour devenir un maître alors qu'il cite plusieurs grands classiques.

Le chapitre six est intégralement consacré aux fleurs. Après la lecture de cet éloge, vous ne verrez plus jamais une fleur de la même manière. Ces quelques pages méritent d'être lues, relues, de donner matière à réflexion. Elles justifient à elles celles l'achat de ce livre et sa promotion auprès de vos proches !

Les éditons Synchronique ont ici fourni un travail de grande qualité. le prix n'est certes pas bon marché, mais l'ouvrage vaut le détour : couverture cartonnée avec un élastique permettant de fermer l'ensemble, papier glacé de qualité, préface, quelques annexes... Les illustrations, reproductions d'oeuvres de Katsushika Hokusai achèvent de rendre le tout franchement agréable et plaisant.

Cette nouvelle édition est donc une belle découverte, une bonne idée cadeau et une belle pièce de collection pour une bibliothèque. Elle est d'autant plus intéressante, qu'elle ne prendra guère de place.
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Je remercie vivement Babelio et à Synchronique Editions pour l'envoi de ce petit livre lors du dernier Masse Critique.
Cela fait plusieurs mois que je l'avais remarqué (à cause de son titre) et j'ai été ravie d'apprendre que j'allais le recevoir!


L'aspect visuel est très agréable. Cette nouvelle édition est plus petite que dans mon imagination, mais agréable à tenir en main. de plus, il y a régulièrement de magnifiques estampes du peintre au long de la lecture, (dont on a la biographie très intéressante à la fin du livre) qui font rêver.

Bref, c'est un véritable plaisir de le feuilleter et de le découvrir.


Pour ce qui est du contenu :
Il faut savoir une chose : j'adore le thé.
C'est bien simple, je pense que je bois facilement deux fois plus de thé que d'eau. J'en bois tout le temps et partout (chez moi, au travail, chez les autres…), aussi bien l'été que l'hiver. J'ai une collection de théières, tasses et de thé qui commence à prendre pas mal de place!
J'aime uniquement le thé noir et sans sucre (je fais une exception pour le thé vert au jasmin, mais pas trop souvent).


Donc, logiquement, cet ouvrage ne pouvait que m'intéresser et me plaire.


Il faut bien avoir en tête que cet ouvrage a été écrit en 1906. C'est-à-dire environ à l'époque où le Japon s'ouvrait au monde -et surtout à l'Occident- après une absence de plus de 200 ans!
L'auteur, Okakura Kakuzô a écrit ce livre en anglais, pour les occidentaux, afin qu'ils puissent se familiariser avec son pays, comprendre ses coutumes trop souvent ridiculisés et détournés de leur véritable sens, en centrant son propos tout particulièrement sur la cérémonie du thé.


L'ouvrage est coupé en plusieurs chapitres qui évoquent les grands points : le thé en lui-même, la chambre de thé (pièce primordiale pour recevoir ses invités), les points communs entre le taoïsme (et le zen) et les écoles de thé, les fleurs et les maîtres de thé…

J'ai beaucoup aimé en apprendre plus sur les différentes façons de faire le thé avec les différentes écoles, ainsi que les différentes étapes pour préparer correctement ce breuvage.
Si j'en crois cet essai, je bois mon thé comme une sauvage!^^
Je ne me doutais absolument pas qu'il pouvait y avoir tellement de façons différentes de faire un thé! Moi je ne connais que la méthode d'infusion. C'était vraiment intéressant de comprendre comment le thé a été fait et préparé à travers les siècles. Comment on en est arrivé au thé d'aujourd'hui.

Pour ce qui est de la cérémonie de thé, j'ai eu l'impression de me retrouver devant une étiquette aussi compliquée que celle de Versailles!
Tout compte : le jardin, l'emplacement de chaque objet choisi avec soin, les fleurs, les couleurs, l'objet d'art exposé, le thé, les invités…

Le chapitre sur le rapprochement entre les écoles de thé et le taoïsme était également intéressant (surtout que je n'y connais absolument rien!) : on voit comment le thé, la préparation du thé et de la cérémonie sont une manière de vivre en paix avec le monde et soi-même au quotidien. Tout le temps, les maîtres du thé recherche la perfection.
Les leitmotivs de ces maîtres sont "l'humilité, l'harmonie, le respect et l'écoute" (mots peu mis en action ces derniers temps!). le zen et les cérémonies de thé, ce sont les mêmes émotions, les mêmes sentiments : être en paix.


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Je remercie encore une fois vivement babelio et Synchronique Editions pour cet envoi. J'ai trouvé ce livre vraiment passionnant et cela m'a donné envie d'en découvrir un peu plus sur les coutumes du japon et leurs cérémonies de thé! Je le conseille aux personnes qui aiment ou le pays, ou la boisson
Lien : http://writeifyouplease.word..
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J'ai adoré ce livre qui m'a aidée à mieux comprendre beaucoup de choses orientale à tous les niveaux : en décoration, en art, en comportement etc. Il m'a également servi de support de réflexion sur la représentation de la mort et l'élaboration du deuil : en occident nous favorisons et valorisons les choses pérennes, solides, durables (construction en pierre, disposition en chiffres pairs, les agencements carrés, symétriques...), stables, figées et la perte est considérée comme quelque chose de difficile à accepter, voir d'inacceptable. Or en orient le côté éphémère des choses est plus mis en valeur, plus considéré comme « la norme ». Il explique à un moment que la décoration se poursuit dans l'oeil de celui qui regarde et que c'est pour cela qu'ils favorisent les chiffres impaires (le pair évoque la stabilité, le fini, alors que l'impair suggère une complétion possible). Alors que nous allons assortir la vaisselle, faire une abondance de vaisselle identique, par exemple, au Japon si la tasse est ronde la bouteille pourra être carrée, les tasses des invités de différentes couleurs, chaque objet est pris comme une oeuvre d'art à part entière et l'espacement, le vide, le dépouillement est nécessaire pour la mise en valeur de l'objet. Derrière des choses qui peuvent paraître aussi anodines que de la décoration, ou même la conception de la beauté, je pense qu'on peut y voir différentes représentations de la vie elle même.
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LE LIVRE DU THE de Kakuzo Okakura
D'abord considéré comme une boisson médicinale, le thé est devenu emblématique de la culture au Japon, avec une cérémonie savamment orchestrée, précise et délicate.
Petit livre raffiné et subtil, d'une écriture sensible, où l'auteur de la fin du XIXème siècle décortique l'Art du Thé qu'il estime aussi important que l'Art pictural.
Dans ce texte, il offre au lecteur toute la grandeur de la civilisation nippone, ses pratiques ancestrales et regrette que certaines traditions ne soient plus respectées à la lettre.
C'est un inventaire complet de l'histoire du thé mais aussi un texte philosophique car "la voie du thé est un choix de vie". Dans l'Art du thé ce qui prime est la recherche de la perfection.
Un ouvrage qui offre une découverte originale de la culture japonaise avec des références aux différents courants de pensée.
Pour amateurs de thé et d'Asie et pas seulement.
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Tout d'abord, la préface de l'éditeur permet de mieux situer la visée de l'auteur, qui est de s'adresser à un public occidental et lui faire découvrir, plus que la Voie du thé, les sagesses et cultures asiatiques.

L'invitation au voyage est multiple : du vocabulaire japonais clé transcrit (tel que la « Voie du thé » justement = « cha-no-yu »), des estampes d'Hokusai (j'ai d'ailleurs appris qu'il était un vecteur entre l'Ouest et l'Est), ou encore simplement le petit format de ce livre style carnet.. J'avais même l'impression de sentir l'encens sur les pages !

En revanche, je n'ai pas apprécié la vision manichéenne, en quelque sorte fermée, de l'auteur. L'occidental passe pour une méchante brute et l'oriental pour seule digne d'intérêt et sacré.. Peut-être un peu abusé et contre les valeurs qu'on essaie de défendre l'auteur, non ? Il était en droit d'être remonté et de vouloir une meilleure compréhension entre ces deux pôles, mais est-ce une raison pour s'abaisser à de telles manières, je n'en suis pas sûre. Où est passée la si belle citation à laquelle il a lui-même fait appel : « le Tao ne prend pas parti » ?

Si l'on fait abstraction de ce point, le questionnement artistique sur le Beau ainsi que sur les valeurs morales des japonais m'a passionné, tout comme le culte de la perfection et de la simplicité. Les références aux mythologies ou encore les anecdotes « venues de l'intérieur » grâce à cet auteur japonais sont d'autant plus intrigantes : ceux qui se laissent trop aller aux effusions de sentiments auraient « trop de thé » en eux par exemple.

J'ai enfin compris le rapport entre « tcha » (cc matcha, sûrement le plus connu) et le fouet en bambou (mais si, ce petit accessoire à la mode depuis l'ancienne coupe du monde, grâce aux sportifs buveurs de matcha avant chaque match qui l'ont fait connaître!) : « tcha » signifie « thé » en chinois, et le thé était fouetté à une époque plus ancienne ! A d'autres il était plutôt consommé sous forme de gâteau, ou bouilli, ou en poudre… Tous ces renseignements valent déjà énormément pour la petite néophyte que je suis (ou noob si vous préférez..!).

Vous l'avez compris, malgré le petit couac de l'avis remonté de l'auteur, j'ai adoré ce livre ! Attrayant et esthétique dans ses moindres détails, il correspond lui-même à la Voie du thé (serait-ce donc une mise en abyme ?). Je vous conseille totalement ce petit roman, et même tous les autres de cette collection que je ne vais pas tarder à me procurer (une fois fini mon « no buy » avec mon copain!).
Lien : https://insideyourbooks.word..
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La première édition est parue en 1906 aux Etats-Unis. L'éditeur, Synchronique Editions, nous fait découvrir ce livre incontournable dans une traduction véridique et pleine de poésie. Cet ouvrage peut être lu par tous, tous âges confondus, sa portée est universelle.

Voici le Sommaire : préface de l'éditeur ; La Coupe de l'Humanité ; Les Ecoles de Thé ; Tao et Zen ; La Chambre de Thé ; le Sens de l'Art ; Les Fleurs ; Les Maîtres de Thé ; notes, les biographies d'Okakura Kakuzô et de Katsushika Hokusai et la table des oeuvres d'Hokusai.

De plus, on peut découvrir une photographie en noir et blanc d'Okakura Kakuzô en robe traditionnelle devant le Musée des Beaux-Arts de Boston dont il fut le conservateur du Département des Arts chinois et japonais.

De superbes estampes d'Hokusai illustrent ce livre, elles sont légendées et imprimées en quadrichromie, c'est-à-dire à partir de trois couleurs élémentaires, un bleu-vert appelé Cyan, un rouge dit magenta et un jaune auxquelles sont ajoutés le noir. Voici quelques exemples : dans la Série : Tour des chutes d'eau des différentes provinces... : la Cascade d'Amida sur la route de Kisokaido ; dans la Série : Trente-six vues du mont Fuji : le temple du Hongan-ji à Edo  ;  Cinq éventails pour ne citer que celles-ci. C'est splendide !

Okakura Kakuzô accompagne les lecteurs tout le long des textes, comme un enseignant-ami qui veut nous faire comprendre les manières de vivre et de méditer en Asie, le bonheur de donner dans la simplicité et le plaisir. N'oublions pas que le thé est élevé au rang d'Art et de symbole de la vie dans la culture asiatique, c'est tout un art de vivre et de penser.

"Du cha no yu illumine notre esprit : la cérémonie du thé illumine notre esprit". Ainsi, la cérémonie du thé n'est pas une formalité mais un échange prestigieux basé sur le partage, l'harmonie et le respect, c'est un véritable art de vivre japonais qui vient du coeur et du plus profond de l'âme. Okakura Kakuzô veut nous faire comprendre que pour être heureux, la sagesse réclame simplement de vivre l'instant présent pleinement.

Je suis ravie d'avoir découvert ce nouvel ouvrage de la collection Japon, c'est toujours un réel plaisir. Les estampes d'Hokuzai rajoutent de la beauté à la lecture. A découvrir sans hésitation !
Lien : http://larubriquedolivia.ove..
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J'ai découvert ce petit livre au format cadeau illustré par de jolis dessins grâce à simplement.pro et comme il ne se passe pas une journée sans que je n'avale plusieurs tasses de thés, j'ai voulu en savoir plus sur ses origines. Je fus d'ailleurs surprise d'y découvrir que l'Angleterre, que l'on pourrait, de nos jours, appeler « le Pays du Thé », n'accueillit celui-ci qu'en 1650, contre 1636 pour la France et 1638 pour la Russie. Aussi, on nous y répond par la négative à la question « existe-il une recette pour faire le thé parfait? » car il y a de bons et de mauvais thés et autant de façons de le préparer, car « chaque préparation de feuilles a sa particularité, ses affinités spécifiques avec l'eau et la chaleur et sa propre manière de conter une histoire ».

Okakura Kakuzô y développera surtout les différentes traditions Japonaises et mettra en évidence quelques grandes différences entre l'Orient et l'Occident. Il nous parlera de leur conception du zen, selon laquelle la grandeur réside dans les plus modestes péripéties de l'existence. Et tout l'idéal de la voie du Thé provient justement de cette conception du zen, qui met en pratique les idéaux esthétiques fournis par le taoïsme. Quant à la plante du thé, on apprendra qu'elle est originaire du Sud de la Chine et est connue depuis longtemps par la botanique et la médecine chinoises, qui la vénéraient pour ses différentes vertus telles que soulager la fatigue, réjouir l'âme, fortifier la volonté ou encore rectifier la vue.

La chambre de thé et son aménagement s'avèrent être tout aussi importants que la préparation et la dégustation du breuvage. En effet, il existe quelques règles pour la décorer: elle doit être absolument vide à l'exception des objets que l'on y place temporairement, selon son envie, son état d'esprit et son penchant esthétique du moment. Une oeuvre spécifique y est donc installée pour l'occasion et tout le reste est choisi et disposé afin de mette cette dernière en valeur. Car tout comme on ne peut écouter plusieurs morceaux de musique à la fois, « on ne saisit la beauté qu'en contemplant le motif principal de l'oeuvre ».

Je fus très étonnée de découvrir à quel point ce livre écrit en 1906 est actuel! Même s'il fut par moments difficile à comprendre et a demandé de la concentration, on en ressort grandis après avoir lu énormément de sages paroles qui nous rappellent l'humanité et nous laissent avec un intérêt naissant pour les traditions et la culture Japonaises.
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