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Critique de PtitVincent


Une jeune femme, considérée comme folle, est envoyée dans l'asile psychiatrique sur l'île de Blackwell à New York. Elle y découvre un monde atroce, fait de brimades, de privations, de violences… sur des femmes qui loin d'être démentes ont pour principal tort avant tout d'être des femmes (pauvres qui plus est).
Ce récit sera publié dans un journal avant d'être publié dans un livre (toujours disponible) : "10 jours dans un asile". Car contrairement aux autres femmes internées, Nellie Bly, journaliste intrépide, avait pris ses précautions pour en sortir rapidement, la plupart y restant jusqu'à leur mort (assez rapide d'ailleurs), faute de soutien extérieur. En cette seconde partie du XIXe siècle, les États-Unis sont en plein essor industriel et économique, mais les idées ont encore du mal à progresser. Ainsi les femmes dépendent intégralement des hommes et une réaction de révolte ou d'indépendance pouvait les envoyer en asile pour hystérie ou autre mal féminin. Cette enquête fut la première grande réussite de Nellie Bly, qui eut énormément de mal à se faire publier dans les journaux de l'époque et dut prendre des risques pour sa santé et sa vie afin d'obtenir toutes ses informations.
Virginie Ollagnier, qui n'en est pas à une première concernant les débuts de la psychiatrie (je ne peux que vous conseiller l'excellent "Toutes ces vies qu'on abandonne"), fait ici le portrait d'une jeune femme déterminée (elle n'a que 23 ans lors de cette enquête), nous décrit les conditions terribles dans les asiles à cette époque et les conséquences que les écrits de Nellie Bly auront sur la situation. En sachant que la journaliste devra justifier de ses dires… devant un parterre d'hommes, bien sûr.
Quant à la dessinatrice, Carole Maurel, elle apporte une note de sensibilité magnifique, alternant planches très colorées relatant des épisodes passés de la journaliste, et celles se passant dans l'asile, sombres, hantées par des fantômes, hachurées et « sales », nous montrant ainsi toute l'horreur de ces maisons. Les personnages sont décrits en quelques traits, simples (en apparence !), allant à l'essentiel et pourtant ne manquant pas de sensibilité.

L'ensemble est une réussite totale, nous faisant découvrir l'oeuvre d'une pionnière : en tant que femme, en tant que féministe, en tant que journaliste d'investigation, inventant le reportage en immersion quelques décennies avant Albert Londres.
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