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Citations sur Longue marche, tome 3 : Le vent des steppes (17)

Comment occuper mon esprit dans ce vide cosmique, au milieu de nul part, où rien n’accroche mon intérêt ?
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Que reste-t-il de cette mythique route de la Soie ? En moi les livres l’avaient magnifiée et elle existait bel et bien. La réalité l’a réduite à néant.
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Pour les toilettes, on a prévu grand et il y a six places, c’est-à-dire six trous dans une dalle de béton. Deux sont déjà occupés par des garçons qui fument une cigarette et devisent tranquillement comme s’ils étaient au salon. Je choisis le quatrième trou, peu soucieux de convivialité en ce lieu. Mais à peine suis-je accroupi qu’une meute d’adolescents vient prendre possession de l’espace, en face, à ma droite et à ma gauche. A quoi peut bien ressembler un Occidental déféquant ? Et les longs nez ont-ils un seul appendice long ou bien en ont-ils deux ?
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Le panorama qui s’offre à moi est fabuleux. Une fois encore je m’interroge sur cette joie profonde et sourde que procure le fait de dominer un immense paysage. Une jubilation muette et forte comme un orgasme étiré. Les « grands » de ce monde éprouvent-ils cette même joie irrépressible lorsqu’ils dominent les foules ? Cela expliquerait la virulence avec laquelle ils défendent leurs places altières. Durant une demi-heure, sanglé dans ma veste et grelottant au vent vif qui fouette l’herbe rase, je sèche la sueur de la montée en croquant des fruits secs. J’aime la montagne, sa puissance, sa diversité, sa cruauté aussi. Là est le monde tel qu’il a été, encore inentamé malgré les vents, les pluies et les hommes, sauvage comme il le fut aux premiers jours de ces rocs milliardaires en années. Cette montagne n’est pas comme Kamtchik Pass, nue et stérile. L’herbe et les fleurs y poussent et la vie s’accroche à chaque tige. Vers l’est, j’aperçois des sommets à perte de vue, les montagnes des Tian-shan et du Pamir qui se chamaillent pour savoir laquelle est la plus haute du monde, et qui grattouillent le ciel pour effrayer les hommes désireux de les escalader.
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Pour ma part, par mon ignorance des langues qu’on y pratique, je suis enfermé dans une solitude profonde. Aussi, faute de parler aux autres, je me parle à moi-même. Et j’essaye de répondre à cette question qu’on m’a posée si souvent et à laquelle il m’est si difficile de répondre : que suis-je venu chercher dans ce désert et sur les hauteurs du Pamir, au prix de grandes joies et de belles rencontres, certes, mais aussi de peurs et de souffrance ? La sagesse, d’accord. Mais laquelle ? Est-ce cette sérénité ancestrale qu’on prête aux ascètes qui font retraite puisque, après tout, je suis « retraité » ? Je n’en suis pas sûr pour ce qui est de mon destin. Lentement, au rythme de ma marche d’escargot, grâce aux songeries et à la solitude, la réponse émerge à petits pas. Elle n’est peut-être pas conforme, mais c’est la mienne, celle qui s’est construite au fil des paysages, de la réflexion et des rencontres. Il est bien vrai que je cherche à m’extraire de la folie qui semble envahir nos sociétés. Notre monde va trop vite, comme un fou. Il est donc urgent de ralentir. Mais je ne veux pas fuir, encore moins cesser d’avancer. Je veux juste tenter de vivre au rythme de la pensée. Et la marche freine cette course à la mort - que l’on confond avec la vie - qui s’est emparée de nos sociétés dites civilisées. Lesquelles me semblent ne plus exister qu’à travers le miroir déformé que leur tend la télévision.
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Nous ne sommes pas loin de la Mongolie où le troc était aussi le seul moyen d’échange, avec des équivalences étonnantes, jugez-en plutôt : pour eux, un bœuf valait cinq moutons, un cheval deux bœufs, une femme cinq chevaux et un fusil deux femmes.
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Extrait du livre

PARTIR

Le plus difficile, dit-on, est de partir. Mais repartir est pire encore.
Voilà deux jours que j’ai repris, depuis Samarcande, cette route de la soie qui tout à la fois m’obsède, m’enchante et m’effraie depuis maintenant deux ans. Mon corps proteste : muscles douloureux, jambes qui refusent les kilomètres, sensation de soif inextinguible de l’organisme qui récuse cette chaleur soudaine, nuits hantées de rêves érotiques par une sexualité niant la diète imposée…Il n’y a pas que le premier pas qui coûte. Chaque kilomètre est cruel, les premiers jours. Le plus crucifiant restera pourtant l’arrachement à ceux que j’aime. Certes, les voleurs et les flics amateurs de dollars, les hauteurs glacées du Pamir que je devrai franchir, le désert du Taklamakan -– en ouighour, « l’endroit d’où on ne revient pas » –, tout cela sera mon lot durant les cent vingt jours que durera ma marche de 2001. le cauchemar suprême étant toutefois le terrible isolement dans lequel je vais être plongé jusqu’à ce que je parvienne à Turfan, cette oasis brûlante que les chinois nomment « la Terre de Feu ». je ne m’accoutume pas à la solitude. J’ai soif encore plus qu’auparavant d’aventures, de rencontres, de tous ces bonheurs dont cette route enivrante m’a jusqu’alors abreuvé…
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