La table des autres

En tant que professeur dans quelque centre urbain, il mènerait sans nul doute une vie frugale. Mais il manifestait une sérénité en accord avec l'existence qu'il avait choisie. Cette sérénité et cette assurance, je ne les ai trouvées que chez ceux qui sont protégés par le bouclier des livres.

Dans toute famille d'immigrants, semble-t-il, il y a quelqu'un qui se sent étranger dans le nouveau pays où ils se sont installés. C'est ressenti comme un exil permanent par le frère ou l'épouse qui n'acceptent qu'en silence leur sort à Boston, Londres ou Melbourne. J'en ai rencontré beaucoup qui demeuraient hantés par le fantôme persistant d'un endroit précédent.

Cette sérénité et cette assurance, je ne les ai trouvées que chez ceux qui sont protégés par le bouclier des livres.

Dans toute famille d'immigrants, semble-t-il, il y a quelqu'un qui se sent étranger dans le nouveau pays où ils se sont installés. C'est ressenti comme un exil permanent par le frère ou l'épouse qui n'acceptent qu'en silence leur sort à Boston, Londres ou Melbourne. J'en ai rencontré beaucoup qui demeuraient hantés par le fantôme persistant d'un endroit précédent

Nous avons tous dans le coeur un vieux noeud que nous souhaitons desserrer et défaire.

C'est la petite leçon que j'ai apprise au cours de la traversée. Ce qui est intéressant et important se déroule surtout en secret, dans des endroits où ne réside pas de pouvoir. Rien qui ait beaucoup de valeur durable n'arrive jamais à la grande table, unique par une rhétorique familière. Ceux qui possèdent déjà le pouvoir continuent à suivre tranquillement l'ornière familière qu'ils se sont creusée.

A l'heure qui précède l'aube, quand nous rôdions à ce qui ressemblait à un navire abandonné, les salons caverneux sentaient les cigarettes de la nuit, et Ramadhin, Cassius et moi avions déjà transformé la bibliothèque silencieuse en un chaos de chariots lancés à travers la pièce. Un matin, on se trouva cernés par une fille en patins à roulettes qui sillonnait à toute allure les planches du pont supérieur. Apparemment, elle s'était levée encore de plus bonne heure que nous . Comme si nous n'existions pas, elle patinait de plus en plus vite et, de son pas fluide, mettait son équilibre à l'épreuve.

M. Fonseka ne serait pas riche. En tant que professeur dans quelque centre urbain, il ménerait sans nul doute une vie frugale. Mais il manifestait une sérénité en accord avec l'existence qu'il avit choisie. Cette sérénité et cette assurance, je ne les ai trouvées que chez ceux qui sont protégés par le bouclier des livres.