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Citations sur Décadence (46)

La guerre juste, c'est juste la guerre. On a peine à imaginer que le Jésus qui invite à pardonner les péchés d'autrui, qui célèbre la douceur et l'amour du prochain, qui invite à la compassion et à la bienveillance, qui prêche l'humilité et la patience, qui condamne ceux qui veulent lapider la femme adultère, qui invite à aimer ses ennemis, qui demande qu'on prie pour ses persécuteurs, ait généré des générations d'hommes qui, se réclamant de lui, ont tué, massacré, pillé, saccagé, ravagé, dévasté, détruit, violé, torturé, décimé, exterminé, assassiné, anéanti, génocidé, ethnocidé.
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L'art islamique est donc un art de la calligraphie, de l'arabesque, de la mosaïque, de la céramique, du bois sculpté, des ivoires, du verre émaillé, des tissus, des tapis, des architectures, des métaux, mais dans lesquels la figure se trouve prohibée. Un art sans image.
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Il conquiert, la Palestine, la Mésopotamie, l'Egypte, la Perse. L'expansionnisme Islamique se trouve au coeur idéologique de la religion musulmane qui vise clairement l'impérialisme.
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L’ordre du jour est simple : comment la foi peut-elle être prêchée dans le Nouveau Monde récemment découvert ? Question théologique. Et, question politique : comment soumettre les habitants de ces contrées au pouvoir de Charles Quint ? Sepúlveda défend une thèse simple : il faut assujettir les infidèles par la force, recourir à la guerre et les convertir ensuite avec les grands moyens. Las Casas veut le contraire : aborder pacifiquement des femmes et des hommes qui pourront ensuite venir au catholicisme en toute confiance. Sepúlveda veut assujettir par le glaive de saint Paul ; Las Casas veut évangéliser avec les mots de Jésus.

Dans les faits, la population blanche, catholique, européenne, gouverne les indigènes avec une main de fer. Las Casas en rapporte les détails dans sa Très brève relation de la destruction des Indes un livre écrit à partir de 1539 à Mexico et publié en 1552. En 1578, le texte est traduit en français à Anvers. Las Casas décrit des Indiens simples et doux, bons et généreux, pacifiques et obéissants, humbles et patients, soumis à ceux qui les commandent et ignorant ce qui qualifie les Occidentaux : la duplicité et la méchanceté, la querelle et la rancœur, la haine et la violence, la vengeance, l’orgueil et l’ambition, la cupidité et le désir de posséder. Physiquement, ils sont délicats, fluets et fragiles, de sorte que le travail et les épidémies ont facilement raison de leur vie. Ils pratiquent la sobriété et la frugalité. Ils vivent nus ou juste couverts d’un pagne. Ils dorment sur de simples nattes ou dans des hamacs. Il ajoute : « Ils ont l’entendement clair, sain et vif ». Ils sont curieux de la foi chrétienne et vont naturellement vers elle avec zèle.

Les chrétiens espagnols se comportent avec eux comme des loups, des tigres et des lions avec des agneaux : « Depuis quarante ans, et aujourd’hui encore, ils ne font que les mettre en pièces, les tuer, les inquiéter, les affliger, les tourmenter et les détruire par des cruautés étranges, nouvelles, variées, jamais vues, ni lues, ni entendues ». De trois millions d’individus que comptait cette communauté, il n’y en a plus que 200, écrit le dominicain. Cuba ? Ravagé. L’île San Juan et la Jamaïque ? Ravagées. Les 60 îles Lucayes ? Ravagées : 500 000 personnes ont été rayées de la carte. Las Casas donne des chiffres terribles : « Au cours de ces quarante ans, plus de douze millions d’âmes, hommes, femmes et enfants, sont mortes injustement à cause de la tyrannie et des œuvres infernales des chrétiens. C’est un chiffre sûr et véridique et en réalité je crois, et je ne pense pas me tromper, qu’il y en a plus de quinze millions ». Pour quelles raisons les chrétiens ont-ils exterminé ce peuple qui ne l’a jamais offensé, jamais critiqué, jamais attaqué ? Pour l’or, l’argent et les richesses, pour le pouvoir, les honneurs et l’ambition, pour les titres et la puissance.
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Le christianisme n’invente pas la torture, bien sûr. Mais il ne l’abolit pas. Au contraire : il en fait une technique de propagande au service de l’amour du prochain. Elle sert en cas d’absence d’aveu. Son usage est codifié : elle doit être pratiquée sur le corps d’un supplicié nu en présence de l’évêque – à défaut, c’est un cas de récusation de l’inquisiteur et d’appel au pape. Aucun inquisiteur ne prendra le risque d’agir sans l’évêque – qui peut se faire représenter… Ne pas avouer sous la torture, c’est être innocent ; mais avouer n’est pas forcément signe qu’on est coupable. Il faut réitérer l’aveu hors torture pour qu’il soit valide. Si l’accusé confirme, il y a aveu d’hérésie ; s’il se rétracte et infirme, on reprend la torture.

Argutie scolastique, Eymerich distingue « recommencer » la torture et « continuer » la torture : recommencer est interdit, mais continuer est autorisé… Recommencer suppose l’existence de nouveaux indices ; continuer n’est jamais que la suite du même procès. Et continuer jusqu’à trois reprises, le texte l’autorise, n’est pas recommencer trois fois à torturer – c’est torturer une seule fois. L’inquisiteur finasse et distingue « torturer modérément et sans effusion de sang », « torturer décemment » (ce qui définit quinze jours de torture…), « torturer de manière traditionnelle, sans chercher de nouveaux supplices ni en inventer de plus raffinés : plus faibles ou plus forts selon la gravité du crime », « faiblement et mollement torturer ».

Francisco Peña en rajoute, comme souvent. Nicolas Eymerich n’a pas abordé le cas des enfants, des vieillards et des femmes enceintes : les deux premiers, « on peut les torturer, avec, toutefois, une certaine modération ; ils seront frappés à coups de bâtons, ou fouettés » ; pour la femme, on attend qu’elle ait accouché, on la torture ensuite. Les enfants pourront subir les supplices dès dix ans et demi pour les garçons et, un an plus tôt (!) pour les filles, neuf ans et demi. L’inquisiteur prendra soin de ne pas trop abîmer l’accusé et de ne pas le tuer ; il faut éviter de causer des dommages irréversibles et des infirmités. Sans rire, Peña écrit : « Mais que tout cela soit fait sans cruauté ! Nous ne sommes pas des bourreaux. » L’Inquisition invente donc la torture sans cruauté – formidable oxymore, nouvelle transsubstantiation juridique. Pouvoirs magiques du droit chrétien !

L’État chrétien, totalitaire (selon le mot même de l’historien chrétien, Henri-Irénée Marrou) est également terroriste. Francisco Peña loue le spectacle de l’effigie brûlée en public pour son effet pédagogique : « Pratique très louable, dont l’effet terrifique sur le peuple est évident. » L’Inquisition ne souhaite que cela : la spectacularisation des procès afin d’obtenir la terreur des citoyens, et ce dans le but que le pouvoir chrétien puisse agir selon son bon vouloir, sans rébellion aucune, sans opposition.

Il s’agit donc d’obtenir le fameux effet terrifique sur une population qui ne sait ni lire ni écrire, ni penser donc, mais qu’on envoie tout de même au tribunal comme si, sous les questions du docteur en théologie qu’est toujours l’inquisiteur, elle devait pouvoir effectuer le bon choix entre les homoousiens pour qui le Père et le Fils sont d’une même nature, les homoiousiens pour qui leurs substances seules sont semblables, les homéens pour qui le Fils ressemble au Père et les anoméens pour qui Père et Fils sont dissemblables. Qui savait à l’époque, et qui sait encore aujourd’hui, que la doctrine officielle de l’Église a opté pour la première formule – après quatre siècles d’interminables débats ?
Pour obtenir l’effet terrifique, l’Inquisition spectacularise son théâtre : les abjurations s’effectuent au beau milieu de l’église, avec un accusé placé en haut d’un échafaud construit au milieu de l’édifice ; les condamnés portent un « sac béni », autrement dit un vêtement avec croix devant et derrière, porté plus ou moins longtemps, exhibé à l’entrée de l’église ; les humiliations sont publiques, les malheureux sont livrés à la vindicte de la populace sachant que sa haine lui ouvre la voie des indulgences ; les condamnés marchent pieds nus dans la rue, torse nu, et se font fouetter de verges, les ecclésiastiques ne ménagent pas leurs coups ; les uns sont emmurés vivants et passent leur vie entière dans une cellule privée de lumière ; les autres croupissent dans les mêmes lieux, une « prison terrible » écrit Peña, mais chargés de chaînes ; l’inquisiteur fait venir les enfants du condamné, « surtout s’ils sont petits », pour éprouver le prisonnier ; le contumax est brûlé en effigie ; la torture est infligée : bâton qui tuméfie, cordes qui entravent, chevalet qui immobilise le corps sous les coups, estrapade qui disloque les membres, charbons ardents qui brûlent au dernier degré, supplice de l’eau qui étouffe et suffoque, brodequins qui broient le pied, cage de fer, cercueils garnis de pointes, masques de bêtes ; l’hérétique est conduit au bûcher, son supplice est donné comme un spectacle sur la place publique avec un grand renfort de décorum.
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La liste est longue des Pères de l’Église ayant écrit contre les Juifs présentés comme le peuple auquel on doit la mort de Jésus, du Christ et de Dieu, les trois instances n’en faisant qu’une, malgré les différences sur lesquelles les évêques s’écharpent aux conciles : au IVe siècle, Grégoire de Nazianze, Grégoire de Nysse, Athanase d’Alexandrie, Cyrille de Jérusalem, Didyme d’Alexandrie, Basile de Césarée ; au Ve siècle, Astérios d’Anassée, Épiphane de Salamine ; au VIe siècle, Léon de Byzance ; au VIIe siècle, Maxime le Confesseur, Georges de Pisidie ; au VIIIe Jean Damascène…
(...)
Jean Chrysostome a écrit pas moins de huit sermons à la suite contre les Juifs ! On y peut lire, par exemple dans ses Homélies : « La synagogue est un mauvais lieu où afflue tout ce qu’il y a de plus dépravé ; c’est un rendez-vous pour les prostituées et pour les efféminés. Les démons habitent et les âmes mêmes des Juifs et les lieux dans lesquels ils se rassemblent ». Ou bien ceci pour dissuader les chrétiens qui vont encore à la synagogue : « Et si quelqu’un tue ton fils, dis-moi, est-ce que tu supporterais son regard ? L’écouterais-tu s’il te parlait ? Ne le fuirais-tu pas comme un méchant démon, comme le diable lui-même ? Ils ont tué le fils de ton Maître, et tu oserais entrer avec eux dans le même lieu ? Alors que celui qu’ils ont mis à mort t’a honoré au point de te faire son frère et son héritier. Et tu lui fais le même affront que ses meurtriers qui l’ont attaché à la croix, lorsque tu pratiques et observes leurs fêtes, que tu vas dans leurs édifices impies, que tu entres dans leurs portiques impurs et que tu participes à la table des démons. C’est ainsi que je suis amené à appeler le jeûne des Juifs après le meurtre de Dieu. » Il estime que les Juifs sont tout « juste bons à être massacrés » ; il affirme que le devoir de tous les chrétiens consiste à haïr les Juifs ; il déclare que c’est un péché de les traiter avec respect ; il les traite de chiens, de porcs, de boucs, de bêtes sauvages ; il cite Jérémie qui en fait des « étalons bien repus ; chacun d’eux hennit à la femme de son prochain » ; il leur prête les vices des animaux, voraces, goinfres, lubriques ; il invente également un topos antisémite en associant les Juifs à des vices qui leur seraient propres, « cupidité, rapines, trahison envers les pauvres, larcins, trafics de mercantis » ; il affirme que leurs cultes sont grotesques et ridicules et qu’ils sont le prétexte à des beuveries. On ne s’étonnera pas que les nazis aient abondamment cité Jean Chrysostome pour justifier leur entreprise antisémite auprès des chrétiens. Ce Père de l’Église, saint et docteur de l’Église catholique, de l’Église orthodoxe et de l’Église copte, fonctionne en effet comme une pièce majeure du dispositif patristique.

Nil d’Ancyre, ou Nil du Sinaï, saint Nil, fut un disciple de Jean Chrysostome. Haut fonctionnaire à Constantinople, il était marié et père de famille quand il fut conquis par la parole de Jean et se sépara de sa femme et de ses deux fils pour mener une vie chrétienne et devenir anachorète sur le mont Sinaï. On trouve également sous sa plume de terribles pages contre les Juifs. Au début du Ve siècle, l’empire est donc chrétien, Nil écrit : « Ne te laisse pas impressionner par le Juif qui soutient qu’il a été spolié de la Palestine pour d’autres fautes. Car ce n’est pas pour d’autres fautes, c’est à cause du meurtre du Christ qu’il endure des maux incurables » (A Zosarios, 57).
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