Grandeur du petit peuple

C’est l’hormone des grands singes qui se frappent le torse à grands coups de poing, des lions qui rugissent en montrant leur dentier, des chiens qui pissent pour marquer leur territoire, des civettes qui balancent leur jet identitaire avec une mine réjouie, des coqs qui se gonflent le jabot à s’en faire péter leur sous-ventrière, des crapauds qui veulent se faire aussi gros que le bœuf, sinon aussi gros que le beauf, c’est aussi celle du président de la République qui affirme : « Je ne changerai pas de cap. »

Voilà l’idée qu’Emmanuel Macron se fait du dialogue : « Je pense, donc tu me suis. »

À la sortie, jamais les fameux micros-trottoirs n’ont autant mérité leur nom : les micros faisaient vraiment le trottoir ! Ce fut rhubarbe et séné, guimauve et pétales, confettis et parfums !

Moi l’athée, qui dis souvent que je préfère un curé qui pense juste à un athée qui pense faux, me voilà comblé !

Ce qui a provoqué l’exaspération des Gilets jaunes n’ayant pas disparu, ils réapparaîtront. Une révolte matée ici devient une révolution qui court là.
Qui sait quand, où et comment ? Et sous quelles formes… Mais elle reviendra, c’est sûr et certain.

En fait je ne suis pas sûr que ce soit comme ça qu'on parle de la pauvreté. Ce n'est pas en martelant cent fois qu'on vient du peuple et en dédiant son livre à son oncle qui travaille dans une station service ou sa soeur qui bat le beurre et à sa cousine qui est infirmière et que sais-je encore ..qu'on détienne le vérité en matière de pauvreté et qu'on prétende la dire mieux qu'un autre .. Je ne suis même pas sûr qu'un philosophe sache parler de la pauvreté ..

Il y avait pourtant matière à faire un brillant essai d'une centaine de pages sur les Gilets jaunes. A la lecture, on cherche vainement dans ces litanies et ces logorrhées ce qui pourrait se rattacher à quelque chose de semblable ; indéniablement plus proches des "circonlocuteurs" qui tiennent les bars que des satires voltairiennes dont il revendique l'esprit. Et quand il se prend comme ici pour Hugo et Tocqueville, on se rend vite compte qu'il fait oeuvre de charlatan

Le sage montre la lune, l'imbécile regarde le doigt

Vous vouliez la reconnaissance du vote blanc ? Vous ne l’aurez pas, bande de freluquets ! Voter, c’est élire M. Machin ou Mme Bidule pour agir en vos nom et place, pas « M. Blanc », a dit le président de la République qui a dû pour ce bon mot récolter le jus de cervelle d’une cinquantaine d’énarques mis à la tâche pendant six mois pour obtenir ce seul petit effet.

Or, Macron incarne le giscardisme, comme tous les présidents depuis 1983, y compris ceux qui se sont dits de gauche. Qu’est-ce que le giscardisme ? Moins de France, plus d’Europe ; moins de république, plus de libéralisme ; moins de protection sociale, plus de marché ; moins de droit du travail, plus de conventions négociées ; moins de culture, plus de divertissements rentables ; moins de grandeur, plus de people ; moins d’écrivains, plus de banquiers ; moins de gaullisme, plus de nanisme ; moins de grande Histoire, plus de petites histoires ; moins de Racine ou de Corneille, plus de Danièle Gilbert ou de Marlène Jobert – réactualisons : plus de frères Bogdanov et de Stéphane Bern.