Ce que je voyais etait somme toute soudain beaucoup plus intéressant que tout le reste. Je voyais une petite fille. Toute de blanc vêtue. Elegante. Marchant sur un trottoir. Avançant. Seule.
elle s’était trouvé une nouvelle amie, une Madame Psy à qui elle donnait 75 euros chaque fois qu’elles se parlaient. D’après elle, c’était le meilleur investissement qui soit, pour elle-même et pour les gens qui l’entouraient.
- Quoi ?
- Est-ce que tu as un mec dans ta vie ? Un mec ? Un mari ? Un amant ? Un copain ?
- Euh, non, je...
Pas la peine d'en savoir plus. J'ai saisi son visage à deux mains et j'ai collé mes lèvres sur les siennes.
Voilà, elle avait quelqu'un maintenant. Et c'était moi.
Un jour, vous vivez un moment où l'innocence s'envole pour toujours et il faut commencer le reste de votre vie sans elle. Elle vous a longtemps accompagné. Même quand vous pensiez être le plus cynique des mecs, le plus salaud parfois [...]. Et puis un jour, boum. L'innocence est partie. Sans retour. Et son absence vous bouffe. Vous le découvrez le jour où vous ne l'avez plus.
« Mon instinct me disait que ça allait être bien. Je la voulais trop.
Nos retrouvailles après New York.
Nos retrouvailles après nos retrouvailles.
Nous.
Elle avait été dans mes pensées bien plus que je n’avais osé l’admettre tout ce temps depuis New York. Elle avait été dans chacun de mes pas. Dans chacune de mes actions. Dans chacun de mes rêves. Dans chacune de mes nuits blanches. Depuis combien de temps n’avais-je pas ressenti un tel élan ? Une telle énergie ? Une telle envie d’en découdre avec la vie. Et voilà, j’étais rentré de New York ce matin, presque dix jours après elle et j’allais la revoir. Enfin. »
Un grand chagrin d’amour, c’est quand l’amour a été grand
Depuis qu'on s'était dit qu'on s'aimait, depuis qu'on s'était dit qu'on voulait un jour avoir un enfant ensemble, depuis ces mots libérateurs pour moi, je n'avais plus de difficultés à parler et à lui offrir de nouveaux mots d'amour. J'aimais même cela. Lui murmurer "ma première, ma dernière", c'était pour de vrai que je lui disais. Parce que j'étais cet homme enivré de sentiments amoureux complètement assumés. Enfin. Il m'avait fallu tout ce temps, toutes ces années, trente-trois au total, pour me sentir enfin bien avec l'idée d'être auprès d'une femme pour toujours et plus encore.
Je les ai regardés s'éloigner avec une once de regret, elle glissant tranquillement dans ses baskets blanches. Je la trouvais belle, l'adolescente de mes seize ans. Un peu plus grande encore, mais pas trop, un peu plus ronde et mûre, un cran encore plus élégante qu'avant. Avec son port de reine, sa démarche de chat. Le regret était au bord de mes lèvres. Mais voilà, j'avais fait le choix. On n'arrêtait pas d'y penser.
C’est de dos que cela s’est passé. La finesse de son cou, de ses épaules. Je l’ai reconnue grâce à cette image fixée dans ma mémoire. Elle avait grandi, une liane infinie avec des nouvelles rondeurs de poitrine et de hanches. Mais c’est en croisant son profil que tout s’est définitivement imposé à moi. Comme à l’époque. Comme il y a si longtemps. Une évocation de mon passé. Un flash de ma jeunesse. Quelqu’un que j’avais un peu oublié. Le souvenir qui l’a emporté ensuite, c’est la manière dont je l’avais laissée tomber. Comme une merde. Inévitablement. J’étais comme ça à l’époque. Et je peux dire que j’avais changé.
Un roc d’amour. Oui, mais parfois, même l’amour ne suffit pas et la fin de leur histoire avait été un autre dommage de cet accident.