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Tadek à quitté la Pologne pour Israël lorsque sa mère a choisi l'exil pour protéger ses enfants d'un mari flamboyant mais infernal.
Devenu à son tour un père assez falot et passif, que sa femme finit par plaquer, il entreprend un voyage à Varsovie pour retrouver son géniteur qui croupit dans un hospice.

Le titan hâbleur, baiseur, jouisseur et violent est exangue, dévoré par la vodka.
Il n'en a pas moins conservé son foutu caractère et assume les pulsions qu'il a satisfaites toute sa vie, sans un regret, sans un regard en arrière.
Mais aujourd'hui, talonné par la mort et la solitude, il accepte d'ouvrir la porte de ses souvenirs et de les partager avec son fils.
Ce dernier découvre un univers qu'il ne soupçonnait pas. Un père héros et bourreau durant la guerre, époux et père d'une seconde famille cachée...

Quelques jours pour s'aimer et se détester plus encore mais en tout cas, une façon pour Tadek de trouver enfin la paix.

Une histoire de filiation, riche, tumultueuse.
Le matériau est très dense, le portait du paternel incroyable, celui de la Pologne, passionnant.
J'ai adoré, à découvrir, vraiment.
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Tadek est un jeune homme d'origine polonaise qui a migré en Israël au milieu des années 60, quand il avait treize ans, avec sa mère et ses trois frères et soeurs.

En 1988, à la trentaine et à l'occasion d'une rupture, il se penche sur son passé et décide de retrouver son père, resté en Pologne, dont il n'a plus de nouvelles.

Ses retrouvailles vont lui faire revivre toute son enfance et lui permettre de comprendre pourquoi son père n'a pas migré avec eux. Un père alcoolique au caractère emporté, qui n'est plus que l'ombre de lui-même et vit dans un hospice à Varsovie.

De souvenirs en anecdotes, Tadek va revivre toute la vie de son père : son côté fêtard, séducteur et insouciant, la rencontre avec sa mère pendant la guerre, les atrocités qu'il a vécu pendant cette période en tant que victime et bourreau, les cicatrices que cela a laissé, son alcoolisme, ses bordées d'injures qui ponctuent toutes ses phrases, les coups qu'il distribuait à sa famille et dans la rue, la pauvreté et la mère laissée seule pour travailler dans des fermes communautaires et essayer d'élever ses quatre enfants.

Un voyage initiatique sur les traces d'un passé où la pauvreté, la faim et la violence paternelle étaient le quotidien.

L'amour paternel et filial peut-il naître et vivre dans ce cauchemar ?

Un livre rude (un peu trop pour moi). Les injures et les coups pleuvent avec, en filigrane, la détresse d'un fils et la possible ou impossible réparation.
Lien : http://lesfanasdelivres.cana..
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Récompensé par le Prix Sapir 2016 du Meilleur Premier Roman en Israël, Voyou d'Itamar Orlev est en partie inspiré d'une histoire vraie, celle du réalisateur polonais Ami Drozd.

Ce roman a été écrit à partir des entretiens que son propre père, Uri Orlev, écrivain lui aussi, avait eus avec le réalisateur, et qu'il avait enregistrés vingt ans auparavant avec un magnéto-cassette.

Itamar Orlev songeait au départ à intituler ce roman sur lequel il a travaillé pendant plus de dix ans : "Ton père, ce salaud"…

Nous sommes à Jérusalem, en 1988. C'est Tadek Zagourski, père de famille et auteur en devenir, qui nous raconte son histoire : celle d'un fils qui, à 36 ans, part retrouver son père qu'il n'a pas vu depuis vingt ans. Au début de ce roman, Tadek a été quitté par sa femme et son jeune fils, et est en proie à une profonde remise en question.

Pourquoi est-il ce raté que décrit sa femme ? Pourquoi n'arrive-t-il à être ni un mari, ni un père ? Comment faire pour se rapprocher de son fils, quand lui-même, a été détruit par son père ? Comment briser l'adage du « père manquant-fils manqué » afin d'être un modèle pour son enfant qu'il appelle le gamin, tant il se sent éloigné de lui, malgré tout l'amour qu'il lui porte ?

Autant de questions qui le poussent, malgré lui et à la totale incompréhension de sa famille, à faire ce voyage de Jérusalem à Varsovie, la ville de sa grise et terrible enfance, à remuer des souvenirs lointains et douloureux, à se confronter à ce monstre qu'était son père… Cette brute qui lui a volé son enfance en le rouant de coups, lui, ses trois frères et soeurs Robert, Ola et Anka, et sa mère, ce père qui le terrifiait par ses colères, sa violence, son alcoolisme. Avec qui, en même temps, il pouvait rire aux éclats dans d'interminables bagarres. Qui délaissait sa mère pour d'autres femmes, jusqu'à mener une double-vie. Qui jouait au violon comme un virtuose. Ce père qui l'a fait souffrir et qui l'a fait rire, aussi.

Nous débarquons avec Tadek, à Varsovie. Vingt ans plus tard, Stefan Zagourski n'a pas changé d'un iota, malgré la solitude et la rupture avec sa famille. Dans sa maison de retraite pour anciens combattants, le vieillard misérable qu'il est devenu n'a pas perdu ses mauvaises habitudes, à commencer par cette tendance à avoir la main lourde sur la vodka et à asséner des coups à ceux qui ont le malheur de le contrarier. Nos valises déposées, il est temps à présent de prendre notre courage à deux mains, d'aller lui rendre visite et d'entendre ce qu'il a à nous dire…

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J'ai trouvé le titre quelque peu réducteur pour "résumer" ce roman, et le terme de "rédemption" en dessous de la réalité de l'histoire.
Il y est plutôt question de "pardon", le pardon d'un fils à son père.
En effet, comment être capable "d'aimer" celui qui n'était présent que par intermittance, qui frappait votre mère , votre frère et vos soeurs, qui buvait, menait une double vie....
Comment aimer cet homme qui a été votre père -ou du moins qui vous a donné et montré la seule facette du personnage-, alors que paralèllement, il a pu être une sorte de "héros de guerre", résistant, interné d'un camp de concentration d'où il a pu s'évader.
Un sujet complexe et tellement réel, d'actualité.
Quelle attitude adopter face à celui qui était une force de la nature et qui se présente à vous -le fils-, sous l'apparence d'un vieillard qui a du mal à tenir debout, et toujours porté sur l'alcool et les cigarettes, sans oublier son parler cru...
Qui est-on pour pouvoir juger "l'autre", ou "l'Autre", et qu'aurions-nous fait à sa place dans les mêmes circonstances. Question de contingence, évidemment, mais cette explication est facile.
Un livre prenant, qui ne laisse pas insensible, et qui remue.
Peut-être cependant, quelques longueurs dans les "anecdotes" des uns et des autres, frôlant par moment la répétition.


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Je vous invite à partir avec Tadek Zagourski à la rencontre de son père Stefan Zagourski. Ils ne se sont pas vus depuis plus de vingt ans, Tadek vit en Israël et Stefan croupit dans une maison de retraite à Varsovie. La femme de Tadek ne supporte plus son mari qui tente d'être écrivain et qui surtout traîne un mal-être qui le réveille toutes les nuits par des cauchemars horribles. Elle le quitte en emmenant avec elle leur fils. Seul et encore plus malheureux, Tadek se tourne vers son passé et se souvient de son père qu'il a quitté lorsqu'il avait six ans. Sa mère, son frère, ses soeurs tous les gens qui ont connu son père lui déconseille de faire ce voyage pour retrouver l'homme qui les a martyrisés pendant leur enfance. Pour les sauver de cette terrible influence, sa mère a fui en Israël car elle était juive et a pu empêcher son père de les rejoindre car lui ne l'était pas . Ce retour vers cet homme violent qui est devenu un petit vieux très diminué complètement imbibé de Vodka nous vaut une description impitoyable de la Pologne de 1988, encore sous le joug soviétique, et une plongée dans la guerre 39⁄45 avec l'évocation du sort réservés aux juifs polonais et des violences entre les différentes factions des partisans. Son père est un héros de cette guerre, il a subi pendant six mois les tortures de la gestapo à Lublin sans trahir aucun de ses amis, puis sera interné au camp de Majdanek dont il s'évadera, ensuite il sera utilisé comme liquidateurs des collaborateurs polonais. Pour tuer un homme ou une femme de sang froid il lui faudra boire au moins une bouteille de vodka par jour. Après la guerre, il restera quelqu'un de violent et fera peur à tout le voisinage, il s'en prendra hélas à sa femme et à ses enfants toujours quand il était sous l'emprise de cette satanée vodka, enfin plus que d'habitude. Tadek va rechercher quels liens unissaient ce père à ses enfants pour retrouver le sens de sa propre paternité. Cet aspect du roman est bouleversant : comment un enfant quelles que soient les violences qu'il a vécues recherche toujours le lien qui l'unissait à un père même imbibé d'alcool dès le matin – car c'est ce que Stefan boit au petit déjeuner à la place du café. Dans cette relation amour/haine, Tadek doit petit à petit faire son chemin et obliger son père à dévoiler tous les côtés les plus noirs de son passé aussi bien sur le plan de la violence que sur le plan sentimental.

C'est un sacré voyage que je vous propose mais je suis certaine que vous ne pourrez pas laisser ces deux personnages avant d'avoir refermer le livre et que vous découvrirez encore tant de choses que je ne vous ai pas dites. Vous irez de beuverie en beuverie, mais, comment voulez vous arrêter de boire dans pays si catholique ou, à chaque fois que l'on boit, on vous dit : « soyez béni : Na zdrowie » ! ! ?

Encore une remarque, l'auteur nous promène dans le temps et dans l'espace en Israël, aujourd'hui en Pologne en 1988 , 1970 et 1940, mais cela ne rend pas la lecture difficile, on passe sans difficulté d'un moment ou d'un lieu à l'autre car on suit la reconstruction de Tadek et on espère qu'il arrivera un jour à dormir sans être réveillé par ces horribles cauchemars dont son père portent une grande part de responsabilité.
Lien : https://luocine.fr/?p=12506
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Tadek vit à Jérusalem depuis les années 50 après avoir quitté la Pologne avec sa mère et ses frères et soeurs pour fuir la misère et un père violent. En 1988, suite à sa séparation conjugale qui l'éloigne de son fils, Tadek décide de retrouver son père qui vit dans un hospice de Varsovie. le voilà parti pour un voyage vers ses origines oubliées et inconnues pour certaines.

Le roman alterne entre le descriptif du voyage de Tadek, le récit de vie de son père et le témoignage de la mère lors du retour à Jérusalem, permettant une illustration différente de cette histoire familiale.

C'est un récit puissant sur la recherche des racines familiales de Tadek qui souhaite se rapprocher de son père malgré une enfance malheureuse. Ce patriarche est le personnage le plus flamboyant et complexe : alcoolique, menteur, violent mais aussi fragile et émouvant durant sa période de captivité et d'évasion. Mais son fils ne peut lui pardonner ses colères terribles et absences répétées durant son enfance.Tadek recherche pourtant une reconnaissance paternelle indispensable pour assumer son propre rôle de père à Jérusalem.
La construction précise du texte nous permet d'évoluer au milieu d'une multitude de personnages secondaires et d'époques variées sans s'égarer. On évolue dan l'histoire de Tadek, puis de ses parents séparés.L'auteur met en lumière des circonstances dramatiques qui ont transformées le père, qui expliquent ses dérives et le basculement de sa vie, sans toutefois tout lui pardonner.
La société polonaise durant tout le 20ème siècle nous est décrite dans toute sa misère, sa violence , ses campagnes désolées et une population accablée par alcoolisme chronique .

Je salue cet auteur pour son premier roman intense, grave non sans quelques touches d'ironie. A ne pas rater
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Que fait Tadek, quand sa femme le plaque, emmenant leur fils et que sa vie s'effondre ? Il part retrouver ce père resté en Pologne, qui l'a élevé dans l'alcool et la violence, ce réputé héros de la résistance déporté à Majdanek, ce monstre égocentrique, devenu ce vieillard qui s'étiole en maison de retraite et qui a bien des révélations à faire.

Curieuses retrouvailles que cette recherche désespérée d'un filiation qui a pourtant bien existé, entre haine et réconciliation, entre rancoeur et pitié pour un livre bien décidé à ne répondre à aucune question, mais à montrer comme la réalité est complexe, les sentiments ambivalents, combien le coeur est déraisonnable.

Ce voyage est l'occasion d'un retour aux sources dans une Pologne misérable, rustre, violente, arrosée de vodka. Il montre comme l'histoire y a été d'une cruauté invraisemblable, mortifère pour plusieurs générations. Mais il ne s'aventure jamais dans les explications simplistes ou les raccourcis psychologiques, il reconnaît le caractère indéchiffrable du mystère des individus ballottés dans les méandres de leurs contradictions. 

L'auteur ne cherche pas à faire un roman psychologiquement cohérent, il propose un confrontation pathétique, faite de heurts, de poses, de détours et d'apaisements, sans glisser une seconde vers l'attendrissement, il parle du malheur des hommes, de leur prédestination et de leur destin, de la souffrance et des incertitudes qu'ils sont condamnés à traîner perpétuellement avec eux.


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Merci à Masse Critique de Babélio et Seuil pour l'envoi de cet excellent roman.

Voici donc l'histoire d'un quarantenaire déprimé (sa femme vient de partir avec son fils) qui décide de revoir son père, un vieux Polonais alcoolique qui se meurt doucement dans sa maison de retraite. Ce dernier, s'était lui aussi fait abandonner par sa famille car, imbibé par la vodka, il terrorisait et violentait les siens.

Les retrouvailles ont lieu et c'est l'occasion de tout savoir sur l'histoire de cet homme, son passé de partisan et prisonnier pendant la seconde Guerre mondiale, ses bagarres ultra-violentes, ses états d'âmes et pensées intimes de sa vie d'homme à celle d'un vieux. Et pourquoi la vodka est devenu son sang ?

Un roman passionnant, où les petites histoires racontent la grande, celle des hommes, et en particulier celle de cet atroce père, ce voyou à qui on pardonne finalement bien trop de choses. Car on peut retrouver beaucoup de nous dans la vie de ce monstre.

Et c'est là toute la force de ce livre. Mettre de l'universel en un voyou, en cette période de guerre, ou même de paix. de nous parler de la jeunesse, de la vieillesse, et de l'entre-deux qui passe trop vite.

Le style est limpide et fort, grandement adaptable au cinéma. Un premier roman d'un auteur israélien (né en 1975) qu'il nous faut surveiller de près.



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Tout d abord merci à Babelio et aux éditions du Seuil pour cette belle découverte.
Quand Tadek se retrouve seul, face à lui même, après le départ de sa femme et de son fils, fatigués de son inertie, son passé ressurgit. D'où vient il? quelle est la part de ce passé dans cette page blanche auquel fait face cet écrivain qui n'écrit plus rien depuis longtemps. Il décide de partir à la recherche de ce père violent qu'il a fuit avec sa mère, son frère et ses soeurs. Ce livre retrace ce retour aux sources. Un retour aux sources dans la Pologne communiste, pas simple, choquante pour ce trentenaire arrivé enfant en Israël.
Tadek redécouvre en Stefan, son père, immobilisé au fond d'une maison de retraite pour héros de guerre, un être à la fois héroïque et détestable, ancien partisan non communiste évadé du camp de Maïdanek.
Son père, un alcoolique toujours aussi violent, est ému et plein d'amour pour cet enfant devenu adulte, ce qui est nouveau pour l'enfant qu'il fut comme pour le vieillard.
Il entame en sa compagnie un road trip sur les traces de son passé.
Le long de ce voyage, il revoit des personnages de son enfance, tous ont un ressenti mitigé sur cet homme : admiré par certains et détesté par tous..
Le dialogue, verbal ou non, père/fils est le fil conducteur de ce livre. Un drôle de couple en quête de reconnaissance mutuelle et d'amour.
J'ai beaucoup apprécié ce livre, cette recherche de reconstruction, de reconnaissance et d'amour. L'auteur ne tombe pas dans le pathos, les sentiments, la violence, l'amour y sont retranscrits avec pudeur.
Itamar Orlev est pour moi un des nouveaux grands auteurs israéliens, dans la lignée de David Grossman.
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La rencontre entre le narrateur, un écrivain israélien et son père vieux, alcoolique qui vit ses derniers jours en Pologne. Au cours d'une semaine de conversations, le fils apprend les horreurs de la guerre menée et subie par le père, qui même en temps de paix se comportait d'une manière désastreuse avec sa famille. Bref un homme pitoyable dans ses excès et sa violence, mais pour une large part victime des circonstances. C'est lui qui s'exprime le plus souvent dans le roman, multipliant les épisodes, tous plus abominables l'un que l'autre, mais c'était la guerre, une guerre horrible. On sort de ce roman sonné par les souvenirs de cette espèce de brute dont le langage systématiquement ordurier finit tout de même par lasser.
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