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Critique de Betty06


"Les hommes n'ont pas les mythes qu'ils méritent, mais ceux dont ils ont besoin" (F. Lacassin)
- Va et marche !
- Je vais, et tu attendras que je vienne !
Et c'est sur cette attente, que se construit la légende du juif errant...
C'était l'Histoire. En maltraitant le Galiléen,qui se disait fils de Dieu, Cartaphilus a été condamné à la parcourir en entier...
Chaque soir se retrouvant au pied de la douane de mer, un couple écoutera le récit du pèlerinage interminable d'Ahasvérus, cordonnier et garde de Ponce Pilate amoureux de Marie-Madeleine, voué à parcourir les siècles et l'espace jusqu'à la fin des temps.
Il sera chef des voleurs succédant à Barrabas, Fidèle compagnon de Christophe Colomb lors de son voyage vers l'Amérique, ami de saint François d'Assise, amant de Poppée, la femme de Néron (Il contemplera l'incendie de Rome), Conseiller grammairien du roi wisigoth Alaric, homme de main d'une maîtresse De Chateaubriand, il aide Théodoric (Ostrogoths) a annihiler les troupes d'Odoacre (Hérules) dans un faux dîner de paix.
Il sera cocher de char à Constantinople sous l'empire byzantin de Justinien, il rencontre également un spécialiste de la mosaïque à Ravenne, on le retrouve aussi à Massada dernière ville juive résistant aux romains et qui donnera lieux à un suicide collectif de tous les juifs, dont il reste l' unique survivant.
Il découvrira le bouddhisme en Asie où il sera le maître de la loi, respecté de tous,sous le nom de Hiuan-Tsang.
Il naviguera sur les Drakkars avec les vikings, ou encore,courrier de la Grande Armée de Napoléon lors de la bataille d'Austerliz.
"Je suis toujours hasardeux et toujours nécessaire parce que je suis l'Histoire et la marche du temps.
Je m'appelle Laquedem, Fussӓnger, Ahasvérus, Cartaphilus, Luis de Torres, Omar Ibn Battûta, Hiuan-tsang, Démétrios ou Ragnar le Savant :
les hommes sont des poèmes récités par le destin. Je suis surtout anonyme et toujours collectif. Parce que, avant d'être un homme, un voyageur, un maudit, un héros de roman - quelle horreur !
- je suis d'abord un mythe. Vous comprenez ?-
Je traîne dans tous vos souvenirs, vos fantasmes, vos peurs, vos espérances.
Je suis tout ce que vous avez fait et aussi et surtout que vous ne ferez jamais. (…)
Je ressemble au monde et à la vie. J'aurais pu ne pas être. Mais maintenant que je suis, personne ne m'effacera plus.
Vous avez devant vous l'image même de l'inutile qui, par la grâce de l'être, est devenu nécessaire."
C'est ainsi que se définit le héros du roman de Jean d'Ormesson. C'est un homme qui a le redoutable privilège d'être affranchi des limites de l'espace et du temps. Seul véritable cosmopolite. Plus que cela, il est l'incarnation de l'absurde même qui caractérise l'existence,le dépositaire en marche de notre expérience.
Ainsi,voit-il L Histoire se répéter inlassablement...
En reprenant ce mythe populaire, Jean d'Ormesson réécrit l'Histoire du monde à sa façon, mêlant la légende et la fable à la réalité,en glissant un peu d'humour et de légèreté dans le récit rocambolesque de ce vagabond qui tente de trouver un sens à son destin, entre l'inexorable passage du temps et l'assourdissant silence des dieux.
Les récits s'entremêlent sans ordre chronologique dans ce mythistoire.
Ils révèlent la dualité de l'individu,le bien et le mal qu'il perpétue. Mais tout à son image -d'immortel- académicien. l'auteur fait du juif errant une poésie,un Sisyphe heureux et c'est tant mieux !
"Vivre éternellement, c'est surtout échapper à la mort, cette terrifiante inconnue, qu'elle soit la fin de tout ou une transition vers une autre vie dont on ne sait rien. Mais il ne faut pas se mentir, tout le monde a peur de mourir par crainte de l'inconnu"...
Le roman s'achève sur la chute de l' -anti Simon, l'amant déchu- de Marie et nous renvoie à S. Beckett, en attendant godot...
J'ai beaucoup aimé le personnage du juif errant contextualisé par l'auteur,même si ,par ailleurs,Jean d'Ormesson noie le lecteur dans un bouillon de culture quelque peu précieux et un discours philosophique ressassé.
C'était presque merveilleux,mais presque...
Une lecture que je dois à l'ami ahasvérus (eh oui,il est aussi parmi nous!) et je l'en remercie,car sans lui D Ormesson -aurait mouru- sans avoir jamais suscité chez moi le moindre intérêt littéraire.
Une lecture très intéressante et agréable malgré quelques longueurs.
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