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Citations sur La capitana (11)

Un vent glacial lui mord la peau. Mika respire profondément, l’air froid l’anesthésie de la tête aux pieds et lui donne un étrange contentement. Dans peu de temps elle sera sur le champ de bataille. Elle prendra des décisions, combattra au milieu des miliciens, elle les nourrira, s’occupera d’eux, les encouragera. Et les fascistes ne passeront pas.
No pasarán, répète-t-elle et sa fanfaronnade la fait rire.
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Le cahier bleu, c'est comme ça que je l'appelle, bien qu'il n'en reste plus que le mot bleu, mes notes et quelques photocopies pâlies. Le cahier, que tu as écrit entre 1931 et 1933, je l'ai perdu il y a bien des années, quand je l'ai rendu, avec d'autres documents, à Guy Prévan, à qui tu l'avais confié.
Je ne suis pas découragée par la trame effilochée et parsemée de trous de tes écrits. Parmi ces chroniques de ce que vous avez vécu, on trouve des commentaires de livres, des descriptions de monuments et de paysages, des listes de tâches à effectuer et des coupures de presse, j'adore ces éclairages en coin par lesquels tu décris Paris avec la minutie de ces peintres flamands qui te touchaient tant. Je m'installe confortablement sur les moelleux oreillers de tes mots et je profite de la vue que m'offre la fenêtre de la mansarde de la rue des Feuillantines, où tu t'es installée avec Hippo : les magnifiques marronniers du Val-de-Grâce, les toits de zinc brillants, argentés, des couples sur le boulevard de Port-Royal, la coupole claire de l'Observatoire, et ce vaste ciel de Paris posé sur trois sveltes cheminées. De tes lignes me parviennent nettement le chant de ce chardonneret amoureux, le chuchotis des merles qui campent comme une bande de gitans, le roucoulement des pigeons, le piaillement des moineaux qui se chicanent. Et je peux même vous entendre, vous, crier d'amour à l'unisson des chants de la terrasse voisine.
Je suis éblouie par la vie que vous meniez, une vie simple, riche, libre et engagée, unique, éthique et belle, la vie des idées, des émotions, de la passion partagée pour un monde meilleur. Je vous vois si heureux dans le cahier bleu...
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Tu te proclamais anarchiste et libertaire. La vie s’est chargée d’engagement, de responsabilité. Et d’espoir. Quand tu as prononcé, ton premier discours à quinze ans, tu as su que tu étais capable de transmettre des idées et d’inciter les autres à l‘action.
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Nous jouions aux Indiens et à la tache empoisonnée. Une tache adaptée à nos histoires. Je ne sais lequel des enfants – peut-être moi-même – avait inventé cette tache qui nous amusait tant pendant ces années fleurant la glycine : quand on était touché par un joueur, on tombait dans une prison russe et, si on était libéré, on pouvait prendre un bateau pour l'Argentine.
— Liberté pour tous les camarades ! je m'écriais, et tous les gamins étaient transportés vers le bonheur sans faille de Moisés Ville.
Je ne savais pas alors que j'allais passer ma vie à crier : "Liberté pour tous les camarades."
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Trois SA sont entrés dans la maison de Karl Liebknecht, ils sont montés sur le toit et peu après nous avons vu flotter sur la hampe le drapeau à croix gammée.
« Où sont les communistes ? Au sous-sol ! » criaient-ils en chœur quelques jours plus tard dans cette théâtrale marche aux flambeaux qui eut lieu simultanément dans plusieurs villes allemandes. Nous étions postés à l'angle de Friedrichstrasse et d'Unter des Linden. Effrayant, ce « réveil de la nation », conçu par la sinistre imagination de Goebbels.
Et les communistes avec leur discours absurde : « Plus c'est pire, meilleur c'est », « Avec Hitler, la situation internationale va s'aggraver et accélérer la révolution ». La bêtise n'a pas de limites.
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- Si tu ne mets pas de gants, tes mains sales te trahiront!
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Elle l’avait lu dans un conte: les princes, on les reçoit avec un tapis rouge. Hippo et Mika ne sont pas des princes et ne veulent pas l’être, mais maintenant qu’ils marchent sur ce magnifique tapis de feuilles rougeâtres et vertes que Paris a déroulé dans les quais et les rues pour les recevoir, Mika ne peut que se sentir flattée.

(p. 121)
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Personne ne voulait balayer ni faire son lit. Quand Mika a demandé à qui était le tour de nettoyer, il y a eu des murmures, mais personne n'a osé répondre. Je ne voulais pas accuser Hilario, après tout il ne faisait qu'exprimer ce que beaucoup pensaient :
- Dans d'autres compagnies, les femmes se chargent de laver, de cuisiner et même de raccommoder les chaussettes.
Mika s'est rapprochée pour ne pas avoir à hausser la voix et l'a regardé attentivement, comme si elle l'étudiait. Elle ne riait pas, mais elle en avait l'air :
- Alors comme ça, tu penses que je devrais laver tes chaussettes ?
- Pas toi, bien sûr.
Il devait se sentir ridicule.
- Eh bien, les autres non plus. Les filles qui sont avec nous sont des miliciennes, pas des bonniches. Nous luttons pour la révolution tous ensemble, hommes et femmes, d'égal à égal, personne ne doit l'oublier.
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La vie telle qu'ils la concevaient tous les deux était une maille tissée de deux fils, elle ne pouvait tenir avec le seul fil de Mika.
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Quand je m'arrime à une ame, je prends toujours garde à son abime.
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