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Citations sur Sonietchka (65)

Vidée de tout, légère, les oreilles bourdonnant d'un tintement limpide, elle entra chez elle, s'approcha de la bibliothèque, y prit un livre au hasard et s'allongea en l'ouvrant au milieu.
C'était La Demoiselle paysanne de Pouchkine.
Lisa allait justement déjeuner, plâtrée de blanc jusqu'aux oreilles et plus lourdement fardée que Miss Jackson. Alexei Berestov jouait au rêveur distrait, et du fond de ces pages monta vers Sonia le bonheur tranquille de la perfection du verbe et de la noblesse incarnée.
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La main toute-puissante du destin qui avait jadis désigné Sonia à Robert intervint alors dans la vie de Tania. L'objet de sa passion amoureuse était la femme de ménage de l'école, qui suivait également les cours du soir, Jasia, une jeune Polonaise de dix-huit ans au visage lisse comme un œuf fraîchement pondu. Leur amitié se noua lentement à un pupitre de l'avant-dernier rang.
La vigoureuse et robuste Tania contemplait avec adoration cette fragile Jasia, transparente comme un flacon de pharmacie tout propre, et languissait de timidité. Jasia était taciturne, elle répondait par monosyllabes aux rares questions de Tania et arborait une réserve hautaine. Elle était la fille de communistes polonais ayant fui l'invasion fasciste, chacun, par la force des choses, dans une direction différente : son père vers l'ouest, et sa mère, avec son bébé, vers l'est, en Russie. Cette dernière n'avait pas réussi à se fondre dans la masse des millions d'habitants de ce gigantesque pays et avait été charitablement déportée au Kazakhstan, où elle était morte après avoir vivoté tristement pendant dix ans, sans avoir perdu ses idéaux sublimes et absurdes.
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À force de faire des allées et venues dans des autobus et des trains déglingués, elle vieillissait vite et enlaidissait. Le tendre duvet de sa lèvre supérieure était devenu un taillis dru et sans sexe, ses paupières s'affaissaient, ce qui lui donnait une expression de chien battu, et ni le repos du dimanche ni deux semaines de vacances ne parvenaient plus à effacer les cernes de fatigue sous ses yeux.
Mais l'amertume de vieillir n'empoisonnait nullement la vie de Sonietchka, comme c'est le cas pour les femmes fières de leur beauté. L'immuable différence d'âge avec son mari ancrait en elle l'impression de jouir d'une jeunesse inaltérable […]
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Le pays, plongé dans un lourd silence pendant des années, s'était soudain mis à parler, mais cette liberté de parole s'exerçait derrière des portes fermées, la peur était encore là, tout près.
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La robe de Jasia bruissait dans un froissement soyeux et sa lourde chevelure mordorée, pareille à une coulée de résine claire, tombait sur ses épaules comme taillées à la hache (…)
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Sonietchka appliquait à présent à leur vie commune une sorte d'inexpérience inspirée et sacrée, et manifestait une sensibilité illimitée à tout ce que déversait en elle de grand, de sublime, d'un peu incompréhensible un Robert Victorovitch [...]
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" A la folie ! ", se répétait-elle en son for intérieur, et un sourire d'orgueil effleurait ses lèvres, il devinait ce triomphe un peu niais, mais continuait à la regarder sans se lasser, jusqu'au moment où elle déclarait : " Bon, eh bien, je m'en vais..."
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...il avait penché la tête en arrière et vu toutes les étoiles du monde qui le regardaient là-haut de leurs yeux vifs et curieux, un carillon silencieux avait alors recouvert le ciel de son manteau plissé et c'était comme si lui, qui n'était qu'un petit garçon, tenait tous les fils de l'univers, et au bout de chacun de ces fils tintait une clochette au son aigu et grêle, et il était le centre de cette gigantesque boîte à musique, le monde tout entier faisait docilement écho aux battements de son cœur, à chacune de ses respirations, au flux de son sang et au flot de son urine tiède ...
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Mais l'amertume de vieillir n'empoisonnait nullement la vie de Sonietchka, comme c'est le cas pour les femmes fières de leur beauté.
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Ayant goûté à Paris au pain de la liberté, il ne pouvait envisager une seconde de pratiquer sa profession au service d'un Etat ennuyeux et sinistre, quand bien même il eût été capable de se résigner à sa férocité obtuse et à ses mensonges éhontés.
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