Il dit que le but de toutes ces histoires c'est de satisfaire le désir ardent de celui qui les lit. Pour ce faire il te faut obéir aux lois idéales de la rêverie, aux coïncidences et à l'appétit de correspondance mystérieuse. L'appétit de correspondance mystérieuse. Stevenson disait les choses bien mieux que moi mais je suis sûr que tu comprends de quoi il retourne, ma truite
On n'avait d'ailleurs pas le droit de prononcer le mot "amour" dans la maison si ce n'était pour évoquer celui de Notre Seigneur. Si l'amour n'était pas spirituel, il n'était qu'un échange de liquides plus ou moins malodorants, une confusion des sens ou une perte de discernement.
(p. 59)
Maria Cristina ferme les yeux. Elle ne sait pas si être poreuse à d'autres vies que la sienne est une fatalité ou une richesse. Ou si tout cela n'est pas simplement un exercice d’à priori - la divertissante estimation de ses contemporains d'après leur allure, leur fantôme de sourire ou leur oripeaux n'est peut-être pas une habitude si reluisante. Quand elle était petite fille, elle se sentait engloutie par les émotions des gens.
Si les réputations existaient encore, je prendrais un malin plaisir à ruiner la sienne.
(p. 26)
Maria Christina lève la tête, il y a cette affiche sur le mur devant elle, une affiche qui dit : "Une femme a autant besoin d'un homme qu'un poisson rouge d'un sac à main".
Pour s'endormir Maria Christina projetait son propre enterrement et imaginait le regret qu'on aurait d'elle.
Et quand elle regardait le calendrier elle songeait qu'elle passait chaque, insouciante, la date anniversaire de sa future mort, cette date funeste qui marquerait sa fin, cette date qu'elle vivait à chaque fois dans l'ignorance.
Il est fasciné par la vieillesse des femmes. Il se demande en substance comment font les femmes pour vivre quand elles sont devenues totalement invisibles. Non désirables donc invisibles.
(p. 155)
(…) que peut penser une petite fille qui console sa mère de la traiter mal ? (p. 62)
« Mais tu veux faire quoi dans ta vie toi ? Et Maria Cristina répondit, Je veux écrire, et Joanne dit, Des poèmes, des chansons ? Et Maria Cristina dit, Des roman, je veux écrire des histoires, je veux écrire des livres et Joanne dit, Tu ne peux pas écrire des livres, il ne t'est encore rien arrivé. »
Il y a toujours ce moment parfait où vous détachez les cordes qui étaient nouées à vos poignets, les cordes y laissent leurs marques et leur brûlure et elles y laisseront longtemps leurs marques et leur brûlure mais quel plaisir de pouvoir regarder vos poignets, de le faire plusieurs fois par jour et de n'y voir que la trace du cordage et pas le cordage lui-même.