J'ai adoré. Je m'attendais à beaucoup aimer le roman, vu les critiques anglaises que j'avais pu lire, mais je ne m'attendais pas, par contre, à être autant emporter par l'histoire. Il faut dire que dès les premières pages, le ton est donné et l'on sent que l'histoire va avoir ce mordant et cet humour décalé qui va faire toute la différence. Et je n'ai pas été déçue par la suite, bien au contraire.
Vanja, notre héroïne, est loin d'avoir eu une vie facile : abandonnée très jeune par sa mère et laissée aux bons soins de deux déesses n'ayant pas vraiment la fibre maternelle, embauchée dans un château où les domestiques sont des objets que l'on piétine à son gré, blessée, rabaissée, trahie… Nous sommes face à une jeune femme qui a été brisée petit à petit et qui pourtant garde toujours la tête haute, et continue de vouloir prendre le dessus sur cette existence peu fortunée. Elle a d'ailleurs décidé de ne plus courber l'échine et c'est cette histoire qu'elle va nous narrer.
Comme je vous le disais, j'ai tout de suite aimé le piquant de Vanja et le ton donné par
Margaret Owen. Pas de faux semblant, pas de pommade, la vie est dure et l'auteur comme son héroïne ont décidé de lui faire un sacré pied de nez. Mais… parfois, même si la raison de nos actions est justifiée… on s'attaque à plus fort que soit. Et Vanja va très vite l'apprendre à ses dépens. Est-ce que cela va l'arrêter ? Vous pensez bien que non. Intelligente, débrouillarde, revancharde et roublarde, elle ne va pas se laisser faire. A chaque serrure, il y a une clé à trouver, et à ce jeu-là, la jeune femme est plus que douée. Les ennuis ne lui font pas peur, et pour nous, c'est le début d'une aventure pleine de rebondissements et de frissons.
L'univers de
Vanja et le loup m'a tout de suite plu. Il y a une certaine modernité dans ce monde moyenâgeux et le fait de mêler une dose de magie à l'ensemble ajoute cette touche d'exotisme que j'adore. Complexe et original, on se prend très rapidement au jeu de ce récit parfois rocambolesque. Entre complots à déjouer, machination politique, une malédiction mortelle vient se glisser par ici, tandis qu'une enquête visant Vanja se profile par là. Impossible de s'ennuyer. Et
Margaret Owen ne s'arrête pas là. Elle ajoute à son histoire une dimension émotionnelle que j'ai trouvé très réussie. Vanja est meurtrie et c'est aussi l'occasion pour notre héroïne de faire le point sur ses blessures, sur ses sentiments et sur tout ce qui l'a conduite là. Un processus douloureux mais nécessaire, qui contrebalance le mordant avec une touche d'émotion juste et poignante.
L'enquête fait aussi que
Vanja et le loup a été pour moi une réussite. Cela ajoute une bonne dose de frissons et de mystères, tout en donnant l'occasion aux « méchants » d'être plus développés. Je suis aussi friande d'énigmes et voir les méninges des personnages entrer en ébullition est toujours un réel plaisir. Surtout que l'auteur nous réserve pas mal de surprises tout au long du roman.
Les personnages sont aussi une réussite. Je ne vais pas revenir sur notre héroïne qui n'a rien d'une sainte, mais plutôt vous parler des protagonistes qui gravitent autour d'elle. Ses marraines pour commencer. Dame Mort et Dame Fortune. Un duo assez improbable au premier abord, mais les deux déesses ont une dynamique que j'ai tout de suite apprécié. Leurs apparitions sont toujours marquantes, et elles apportent une petite touche très intéressante dans le monde des humains dans lequel nous sommes plongés. J'adore la façon dont
Margaret Owen a choisi de créer ses dieux d'ailleurs. Conrad, alias Junior, ne laisse pas de marbre. Jeune préfet surdoué, il a beaucoup d'atouts mais parfois son côté monsieur-je-sais-tout lui cause plus de problèmes qu'il ne le pense. Gisèle, notre princesse flouée, qui se dévoile être bien plus que ce que l'on croit. Ragne, probablement avec Poldi, les deux surprises de ce roman. Des personnages atypiques, mais qui ont des rôles déterminants. Et tout un tas d'autres qui ont tous leur petit rôle à jouer. Et chose très importante pour moi, tous les protagonistes évoluent au fil du roman. Il y a un gros travail là-dessus, tout comme sur les relations qui se tissent entre eux. Et moi, j'adore.
Un roman surprenant donc qui se veut combatif et mordant, sans pour autant étouffer les sentiments de ses héros.
Vanja et le loup est une agréable surprise, qui ne me donne pas forcément envie de découvrir le conte dont il est inspiré, mais qui va par contre clairement me donner envie de lire Merciful Crows, l'autre duologie de l'auteur.