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Citations sur Une enquête de Mario Conde : Vents de carême (26)

Assis devant la mer, le Conde pensait de nouveau à l'étrange perfection du monde qui divisait l'espace pour rendre la vie plus complexe et plus équilibrée, et pour séparer en même temps les hommes et leurs pensées. À une époque, ces idées et cette fascination pour la mer tenaient au désir de voyager, de connaitre et de survoler les autres mondes dont il était séparé par l'eau - l'Alaska, avec ses explorateurs et leurs traineaux, l'Australie, la Bornéo de Sandokan - mais depuis de nombreuses années il s'était habitué à son destin d'homme ancré et sans vent favorable. Il se contentait de rêver, sachant que ce n'était qu'un rêve, qu'un jour il vivrait au bord de la mer dans une maison de bois et de tuiles exposée à l'odeur du sel. Dans cette maison propice il écrirait un livre, une histoire simple et émouvante sur l'amitié et l'amour, et consacrerait ses soirées, après la sieste, qui n'était pas négligée dans ses projets, sous la grande galerie ouverte aux brises et aux siroccos, à lancer quelques lignes à l'eau et à réfléchir, comme maintenant, les chevilles battues par les vagues, aux mystères de la mer.
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- On dit souvent qu'enseigner est un art et il existe une littérature abondante sur l'éducation, et beaucoup de jolies phrases. Mais à vrai dire, une chose est la philosophie de l'enseignement, une autre le fait d'enseigner tous les jours pendant des années.
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- Et qu'est-ce qui se passera si nous ne pouvons pas continuer ensemble?
Le Conde la regarde : il se demande pourquoi, après tant d'amour, elle peut imaginer une chose pareille. Mais lui-même n'a pas cessé d'y penser.
- Je ne veux même pas y penser. Je ne peux pas y penser, dit-il cependant. Karina... je crois que le destin de l'homme s'accomplit dans la recherche, non dans la découverte, bien que toute les découvertes paraissent le couronnement d'un effort : la Toison d'Or, l'Amérique, la théorie de la relativité... l'amour. Je préfère être un chercheur de l'éternel. Pas comme Jason ou Colomb qui sont morts pauvres et désenchantés après tant d'obstination. Plutôt un chercheur de l'Eldorado, de l'impossible. Pourvu que je ne te découvre jamais, Karina, protégée par un dragon, comme la vieille Toison. Ne me laisse pas t'attraper, Karina.
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Le Conde consulta sa montre : bientôt quatre heures, Karina ne l’appellerait jamais avant six heures. Est-ce qu’elle va m’appeler ? douta-t-il, et il avança contre le vent sans même jeter n coup d’œil à l’affiche du cinéma qui rouvrait ses portes après des réparations qui avaient duré dix ans.
Bien que son corps réclamât l’horizontalité du lit, les révolutions où tournoyaient ses pensées auraient rendu impossible l’inconscience du sommeil pour tromper l’attente. De toute façon une promenade en solitaire dans le quartier était un plaisir que le Conde s’octroyait régulièrement : dans cette géographie circonscrite étaient nés ses grands-parents, son père, ses oncles et lui-même, et déambuler sur cette Calzada qui avait tapissé le vieux chemin, par où transitaient vers la ville les meilleurs fruits des vergers du Sud, était un pèlerinage vers lui-même jusqu’aux limites qui appartenaient déjà à la mémoire de ses aînés.
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- [...] chaque fois que je tombe amoureux je pense que je peux recommencer à écrire.
- Tu tombes amoureux toujours aussi vite?
- Parfois plus vite.
- C'est l'amour de la littérature ou des femmes?
- La peur de la solitude. Une terreur panique.
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C'était le mercredi des Cendres et, avec la ponctualité de l'éternel, un vent aride et suffocant, comme envoyé directement du désert pour remémorer le sacrifice nécessaire du Messie, s'engouffra dans le quartier, soulevant les détritus et les angoisses.
Le sable des carrières et les vieilles haines se mêlèrent aux rancœurs, aux peurs et aux déchets débordant des poubelles, les dernières feuilles mortes de l'hiver s'envolèrent avec les émanations fétides de la tannerie et les oiseaux du printemps disparurent, comme s'ils avaient pressenti un tremblement de terre. L'après-midi se flétrit sous des nuées de poussière et respirer devint un exercice conscient et douloureux.
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Face au vent, fouetté par la poussière qui lui rongeait la peau, il admit sans remords marxistes qu'il devait y avoir quelque chose de maudit dans ce souffle d'Armageddon qui se déchaînait chaque printemps pour rappeler aux mortels la montée du fils d'un homme vers le plus dramatique des holocaustes, là-bas à Jérusalem.
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Écoute, mon pote, tu ne peux pas passer ta vie à carburer à la nostalgie. La nostalgie te trompe, elle ne te rend que ce dont tu veux te souvenir, et parfois c’est très salutaire, mais presque toujours c’est de la monnaie de singe. De toute façon, j’ai bien peur que tu ne sois jamais prêt à affronter la vie, tu es un cas désespéré ! Tu vis dans tes putains de souvenirs. Vis donc ta vie aujourd’hui, vieux, elle n’est pas si moche. N’en rajoute pas…
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[…] Et toi, pourquoi voulais-tu être écrivain ?
– Je ne sais pas, un jour j’ai découvert qu’il n’y avait pas grand-chose de plus beau que de raconter des histoires et que les gens les lisent et sachent que je les avais écrites. C’est de la vanité, non ? Puis, quand j’ai compris que c’était très difficile et qu’écrire était quelque chose de presque sacré, en plus d’être douloureux, j’ai pensé que je devais être écrivain parce que j’avais besoin de l’être, par moi-même et pour moi-même, et éventuellement pour une femme et deux ou trois amis.
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Pourtant fumer est un plaisir, c'est flotter sur l'écume des jours et des heures, en sachant que tout le pouvoir nous a été donné : celui de créer et de croire, celui d'être et de se trouver là où nul ne peut être ni se trouver tandis que l'imagination s'envole, bleue comme la fumée, et que respirer est facile, regarder est une fête et entendre un privilège supérieur.
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