Judas

C' est une pièce de théâtre méconnue de Marcel Pagnol. Pourtant bien écrite avec une simplicité de ton - pas de grandiloquence chez Pagnol - on y trouve même quelques répliques amusantes malgré un traitement assez dramatique de l'action. L' écrivain apporte un éclairage nouveau sur le personnage éponyme. Judas avait-il le choix de ne pas trahir et ne pas vendre Jésus pour 30 deniers ? Jésus le désigne comme celui qui va le trahir et lui ordonne "ce que tu dois faire, fais-le vite ". Comme Jésus au jardin de Gethsemani, Judas doute et aimerait refuser la mission que le fils de Dieu lui demande. Mais comme Jésus, il obéit à la volonté divine pour que les écritures s' accomplissent. Et c' est intéressant d entendre dans la bouche de Judas des phrases si proches de celles de Jésus comme si Pagnol veut montrer que Judas, comme Jésus, est élu - choisi non pas par Dieu mais par son Fils. A travers son texte, Marcel Pagnol questionne le libre arbitre.

La question de départ est des plus intrigante : pourquoi Judas aurait-il trahi le Christ ? Et s'il s'était senti ordonné de le faire ? Quels auraient été ses déchirements ?
La réalisation de l'idée est quelque peu plus poussive. L'acte 1 se traîne et le dilemme moral de Judas se trouve éludé quand il devrait prendre le devant de la scène.

Une vision pertinente de ce qu'à été Judas, et s'il n'avait pas été là ? la question est posée par Pagnol, faut il aimer lire le Théâtre !

La pièce de théâtre Judas pourrait-elle sortir aujourd'hui sans rencontrer des complications ? Rien n'est moins sûr, et pas uniquement parce qu'un talent tel que Marcel Pagnol se fait rare ! Ce dernier, dans la préface de mon édition joliment illustrée et accompagnée de photographies de scène, revient longuement sur les difficultés qu'il a rencontré. Difficultés d'ordre privé, avec succession de maladies pour les artistes. Mais aussi et surtout difficultés avec les divers chapitres religieux de l'époque...


La pièce en elle-même, passée un peu sous les radars, est un petit bijou délicat et très bien écrit. Comme souvent, me direz-vous, dès que Marcel Pagnol est à la manoeuvre. Moins caustique et primesautier que d'autres ouvrages, j'ai quand même eu le plaisir de rencontrer à nouveau tous ces traits d'esprit pagnolesques, mais cette fois au service d'un drame - ou plutôt d'une tragédie.


Je ne rentrerai pas dans le propos de la pièce pour ne pas vous gâcher la surprise, d'autant que cette dernière se lit très vite et très bien. Je dirai juste qu'elle représente une mise en situation bien menée d'un point de vue intéressant sur le trop méconnu et trop malmené Judas Iscariote. Libre à vous de vous faire votre opinion et/ou de laisser sa chance à la pièce. En tout cas, elle le mérite largement !

Une pièce de théatre peut connue du grand Pagnol. En mettant le Christ en scène, il revient surtout sur la personnalité de Judas Iscariote qu'il ne présente pas comme le plus grand salaud de tous les temps, mais sur un fidèle qui a dû accomplir la volonté de Jésus (de Dieu) en le trahissant, même s'il préférait rester à ses côtés. Il fallait cette trahison pour que le plan divin s'accomplisse et que le Messie meure sur une croix pour la rémission des péchés et pour qu'il puisse ressusciter. Une version pas tout à fait en accord avec tout ce qu'on raconte à propos du bonhomme, mais une déclinaison qui a l'heur d'expliquer certaines choses qui me paraissaient obscures. Par exemple, je n'avais jamais compris jusqu'alors la motivation de Judas d'aller trahir son maître. l'argent ? Il l'a rendu avant de se pendre !

avant gardiste