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Citations sur Manifeste incertain, tome 6 (16)

[A propos de Rome] Malgré ses façades travesties en boutiques de fripes, malgré ses monuments assoupis, malgré le tintamarre des voitures, elle reste la grande ville indolente que ses oripeaux antiques ont fardée à outrance. Il y a en elle un art de vivre qui me réconcilie moins avec la vie qu’il ne m’en éloigne : trop de vie abîme la vie. Naples, elle, est tout entière dévouée à la célébration des morts. La mort abonde en elle. Naples, Rome : entre ces cités femelles s’est creusé un abîme de jalouse mésentente.
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Calvin était anorexique ; la nourriture l’écœurait : de ce dégoût, il a fait sa religion.
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Imaginez, le 2 juillet 1505, sur le chemin de Sotternheim, si la foudre n’avait pas éclaté au-dessus du jeune Luther, le sort de l’Occident en eût été tout autre. Couché à terre, tremblant de peur, le pauvre jeune homme avait supplié : « Pitié ! Pitié, mon Dieu ! Epargnez-moi et je me ferai moine ! » L’éclair n’était pas tombé bien loin – peut-être l’avait-il atteint.
Par la suite, le réformateur voyait le diable partout, y compris sur le crucifix ; il lui riait au nez, lui montrait son cul. Est-ce que Luther a seulement cru une seule fois en Dieu ?
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On aime tant, devant des tiers, réchauffer nos tambouilles sentimentales, preuves que nous sommes vivants, du moins que nous avons eu une vie.
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Ma mère a tué mon innocence ; elle l’a ensevelie au nom de sa propre émancipation sexuelle, pensant agir au nom d’une société libérée, d’un lendemain qui chante. Mais avant que n’advienne une telle société, j’avais eu le temps de déchanter, tandis que Onze Chipolatas se grattait les couilles sous mon nez.
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Je cours à toutes jambes sur le trottoir, à la recherche d’une boulangerie. J’ai follement envie d’une baguette chaude et croustillante, comme dans mon souvenir d’enfant. Je cours si vite et si loin que je sème mon camarade. Où est-il ? La foule l’a avalé, nous ne nous reverrons plus. Je reste seul à mâcher mon bout de pain. Pauvre petite joie.
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Dès son retour, à la fin des émeutes de Mai [1968], ma mère devient féministe. […] Ses nouvelles copines s’assoient en tailleur sur le tapis du salon ; buvant et fumant, elles discutent jusque tard dans la nuit. J’entends souvent un mot, le mot « phallocrate ». J’ignore ce qu’il signifie. Un jour, une des copines de ma mère m’apostrophe : « Tu as déjà baisé ? » J’ai treize ans. Qu’est-ce que ça veut dire « baiser » ? Je me réfugie dans ma chambre.
Un soir, la même copine s’amène avec son partenaire du moment, un jeune avocat trotskiste déjà chauve. De la poche de sa veste, il sort un tube de pommade. « C’est une pommade pour mieux bander », explique-t-il en riant. Toutes les copines rient avec lui. Se tournant vers moi, il me dit : « Tu veux essayer ? » Elles rient de plus belle. Je les déteste. Je déteste ma mère.
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Longtemps, le repas de midi passait pour une fête ; désormais, c’est une pause-déjeuner.
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J’aime les grands restaurants – je veux dire les restaurants grands, les brasseries. J’aime les garçons de salle bien vêtus : chemise blanche, gilet, pantalon et nœud papillon noirs. J’aime les filles à la jupe noire sobre, au chemisier blanc impeccable. Ces tenues témoignent d’une vocation, d’un métier, et c’est un grand métier que de savoir servir à manger ou à boire. De plus en plus de néorestaurants tolèrent ou encouragent un personnel négligé, qui cherche à faire copain-copain avec le client. Tout cérémonial disparaît ; autant la familiarité que la désinvolture sont là pour camoufler les défaillances de la cuisine.
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Si nous adorons la paella dite orthodoxe, la paella valenciana, nous acceptons qu’au lapin et au poulet traditionnels on ajoute ou on substitue du poisson et des fruits de mer. Mais il est bon de corriger le goût légèrement écœurant de la poiscaille par la saveur douce des morceaux de basse-cour.
Sans oublier l’huile d’olive, la tomate, les haricots plats, les haricots blancs, le piment, le safran et, pourquoi pas ? des artichauts, des poivrons, des petits pois, des pois chiches, du canard, du porc, des escargots. Sans être dévasté par la graisse, ce subterfuge de l’onctuosité, le riz doit croustiller et pouvoir adhérer à une poêle tenue à la verticale. La paella est un art. C’est aussi un motif de guerre entre provinces d’Espagne, semblable à la guerre du cassoulet ou du couscous. A chacun sa vérité, pourvu qu’elle ne cède pas à la mode de la « revisitation », cette vile auxiliaire de la dictature de l’oubli.
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