C'est par hasard que je suis tombé sur
le Musée de l'Innocence. Pas le livre. le Musée. Après avoir visité le Palais de Dolmabahce, j'avais marché le long du Bosphore et décidé de monter, un peu en aveugle, les petites rues qui grimpent vers Beyoglu. Je me suis perdu, mais j'ai vu les panneaux indicateurs neufs qui dirigeaient, en turc et en anglais, vers ce « Museum of Innocence », une ancienne maison en bois fraîchement rénovée, qui n'était pas repris dans mon guide touristique un peu dépassé. Je suis arrivé cinq minutes avant la fermeture, trop tard pour entrer.
Kemal a 30 ans, il est le fils d'une famille bourgeoise et moderne, et doit épouser Sibel. Tous sont d'accord : ils formeront un couple parfait. Il va acheter un sac à main pour sa fiancée dans une boutique appelée « Şanzelize » en hommage à grande la artère parisienne. Il reconnaît la vendeuse. C'est Füsun, une cousine lointaine, d'une branche de la famille moins fortunée que la sienne. Elle a 18 ans et il tombe amoureux fou d'elle.
Cet amour va lui donner les heures les plus belles de sa vie, mais va aussi ruiner son mariage avec Sibel. Il va le poursuivre malgré tout, même si le mariage de Füsun y met un obstacle insurmontable. Nostalgique des premiers moments de leur rencontre, désespéré d'avoir épousé Sibel plutôt que d'avoir laissé parler son coeur, Kemal va commencer à accumuler, de manière compulsive, tous les objets qui lui rappellent Füsun.
Quand enfin ils sont libres de s'aimer, ils partent en voyage à Paris. Mais elle meurt au volant de la voiture. Kemal trouvera sa consolation dans les objets témoins de leur amour et de cette époque. C'est cette collection, décrite dans son roman, qu'Ohran Pamuk a patiemment incarnée et installée dans son musée.
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