Citations sur Mon père et autres textes (23)
Ecrire c’est traduire en mots ce regard intérieur, passer à l’intérieur de soi, et jouir du bonheur d’explorer patiemment, et obstinément, un monde nouveau. Au fur et à mesure qu’assis à ma table j’ajoutais mot après mots sur des feuilles blanches, et que passaient les jours, les mois, les années, je me sentais bâtir ce nouveau monde, comme on bâtit un pont, ou une voûte, et découvrir en moi comme une autre personne. Les mots pour nous écrivains, sont les pierres dont nous nous bâtissons.
Il nous est difficile d'accepter que notre père ait une individualité propre, nous voudrions qu'il soit conforme à l'image paternelle que nous en avons.
(dans "Mon père")
Je sentais alors qu'à l'intérieur de cet homme, dont je ne connaissais que l'aspect paternel, se trouvait une tout autre personne, un monde que je ne pouvais atteindre et, me doutant qu'il devait rêver d'une autre vie, je cédais à l'inquiétude.
(dans "Mon père")
Ecrire, c'est traduire en mots ce regard intérieur, passer à l'intérieur de soi, et jouir du bonheur d'explorer patiemment, et obstinément, un monde nouveau
Ecrire, c'est traduire en mots ce regard intérieur, passer à l'intérieur de soir, et jouir du bonheur d'explorer patiemment et obstinément, un monde nouveau.
Ma vraie crainte, la chose qui m'effrayait vraiment, c'était la possibilité que mon père eût été un bon écrivain. C'est en fait cette peur qui m'empêchait d'ouvrir la valise. Et je n'arrivais même pas à m'avouer cette vraie raison. Car, si de sa valise était sortie une grande oeuvre, j'aurais dû reconnaître l'existence d'un autre homme, totalement différent, à l'intérieur de mon père.
Pour moi, être écrivain, c'est appuyer sur les blessures secrètes que nous portons en nous, que nous savons que nous portons en nous_ les découvrir patiemment, les connaître, les révéler au grand jour, et faire de ces blessures et de nos douleurs une partie de notre écriture et de notre identité
La littérature est l'art de savoir parler de notre histoire comme de l'histoire des autres et de l'histoire des autres comme de notre propre histoire
La mort de chaque homme commence avec celle de son père.
Les mots pour nous, écrivains, sont les pierres dont nous nous bâtissons. C'est en les maniant, en les évaluant les uns par rapport aux autres, en jaugeant parfois de loin, parfois au contraire en les pesant et en les caressant du bout des doigts et du stylo que nous les mettons chacun à sa place, pour construire à longueur d'année, sans perdre espoir, obstinément, patiemment