Alors même qu’il est commun dans les débats publics de constater que de nombreux musulmans vivent, désormais pour beaucoup depuis leur naissance en France, il est beaucoup plus rare de trouver des commentaires sur leur mort et ses conséquences.
Cette question revêt pourtant une importance croissante à l’heure où l’on constate un double phénomène. Le premier a trait au vieillissement de la population musulmane issue des grandes vagues d’immigration d’ouvriers peu qualifiés qui ont commencé dès la Première Guerre mondiale pour se poursuivre plus massivement dans les années 1950 à une époque où la France d’après-guerre manquait de mains pour se reconstruire.
Ces chibani, terme qui désigne en arabe dialectal maghrébin ces personnes âgées, sont pour beaucoup désormais définitivement établis en France où ils vieillissent auprès de leurs enfants et petits-enfants ou bien hébergés dans des foyers de logements spécifiquement aménagés ou construits à cet effet.
Le 19 octobre 1922, une cérémonie fut organisée en présence du célèbre maréchal Lyautey à l’occasion de la pose de la première pierre de la grande mosquée de Paris, édifiée sur des terrains cédés gratuitement par la municipalité afin d’honorer les musulmans morts pour la France au cours de la Première Guerre mondiale, dont il faut rappeler qu’elle bénéficia de fonds publics alors même que la loi du 9 décembre 1905 avait posé le principe du non-subventionnement public des cultes.